Non à la raison d’État !
Non à l’impunité des commanditaires des crimes politiques et terroristes !
Le mercredi 9 janvier 2013 est gravé à tout jamais comme un jour noir dans l’histoire kurde. Ce jour-là, les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan (Rojbîn) et Leyla Saylemez étaient froidement assassinées d’une balle dans la tête, dans les locaux du Centre d’Information du Kurdistan, situés au 147 rue La Fayette, à Paris. Depuis, les représentants de la communauté kurde et les familles des victimes, soutenues par de nombreuses organisations et personnes attachées à la vérité et la justice, ont multiplié les actions et les appels pour demander aux autorités françaises toute la lumière sur ce crime politique odieux.
De nombreux éléments de l’enquête, notamment un enregistrement sonore et un document écrit publiés sur internet un an après le crime, font apparaître que le meurtrier présumé, Ömer Güney, a agi pour le compte des services secrets turcs (MIT), comme le confirme le réquisitoire pris par le parquet dans cette affaire : « de nombreux éléments de la procédure permettent de suspecter l’implication du MIT dans l’instigation et la préparation des assassinats. »
Depuis le début de l’enquête, on observe l’absence de volonté des autorités turques et françaises de faire la lumière sur ce triple assassinat. En Turquie, une enquête a été ouverte au lendemain du crime mais, malgré une commission rogatoire internationale, aucune information n’a été partagée avec la justice française. Côté français, le gouvernement a refusé de lever le secret-défense sur les renseignements qui auraient pu permettre l’avancement dans l’enquête judiciaire. Les juges chargés de l’instruction, qui on fait un travail remarquable, ont finalement clos leur réquisitoire définitif sans avoir pu remonter jusqu’aux commanditaires, qui sont pourtant connus.
La personnalité des victimes et la gravité de ce crime ont bouleversé tout un peuple, mais ni les familles des victimes, ni les représentants de la communauté kurde n’ont été reçus par les autorités françaises. Aucune demande de coopération avec la justice française, aucune question sur l’implication du MIT n’ont été adressées à la Turquie par les autorités françaises.
Les assassinats de Sakine, Rojbîn et Leyla ont été commis dans le même esprit que ceux de Charlie et, plus récemment, ceux du 13 novembre à Paris : comment ne pas faire le lien entre ces massacres quand on voit la complicité de la Turquie avec Daesh ?
Nous, Collectif de Solidarité avec le Peuple Kurde et Maison Franco-Kurde Midi-Pyrénées, ne laisserons pas le meurtre de Sakine, Rojbîn et Leyla sombrer dans l’oubli. Nous demandons à la France de :
• déclassifier tous les renseignements pouvant permettre de faire la lumière sur ces crimes ;
• tout mettre en œuvre pour identifier, interpeller, juger les auteurs et les commanditaires de ces assassinats politiques ;
• demander des comptes à la Turquie pour ces crimes politiques commis sur le territoire français.
Monsieur le président de la République
Le 9 janvier 2013, Leyla Saylemez, Fidan Dogan (Rojbîn) et Sakine Cansiz étaient assassinées en plein Paris. Cet acte odieux a soulevé indignation et émotion dans notre pays.
Militantes et dirigeantes du combat pour la reconnaissance des droits politiques et culturels du peuple kurde, elles ont payé au prix fort leur engagement militant.
La France, pays des droits de l’Homme, n’a pas su les protéger de ceux qui depuis des décennies tentent par tous les moyens d’étouffer l’expression d’une volonté populaire qui réclame le droit, la paix et la démocratie. Des éléments concordants, laissant apparaître l’implication des services secrets turcs (MIT), renforcent l’idée de la responsabilité de la Turquie dans ces assassinats.
Le peuple kurde en exil, ou sur ses terres historiques et ancestrales, ne se résigne pas face aux politiques négationnistes et répressives dont il est victime en Turquie, en Irak, en Iran ou en Syrie.
Il est debout en Syrie pour combattre la barbarie de Daesh, il est debout en Turquie pour faire vivre le principe de l’autonomie démocratique, il est debout en Iran pour faire vivre son identité. Il est debout en Irak où il a acquis en tant que peuple une reconnaissance internationale.
Il est debout avec, à ses côtés, toutes les forces progressistes qui, dans notre pays, demandent la Justice et la Vérité pour les trois militantes assassinées.
Depuis ces événements, le destin ou le rôle des femmes kurdes est parvenu à la connaissance de davantage de citoyens dans le monde. D’autres victimes de la guerre d’extermination menée contre leur peuple en Orient et en Europe ont perdu aussi la vie ou la liberté. D’autres militantes ont mené leur action jusque dans des unités combattantes, elles participent au premier rang à l’émancipation de leur société vers un idéal d’égalité, de laïcité et de justice. Malgré des ennemis extraordinairement armés, protégés par de puissants appuis et néanmoins misant sur des méthodes dignes des anciennes barbaries, elles font progresser l’espoir à l’intérieur de leur peuple et dans le monde.
Toute la vérité doit être faite sur ces assassinats, les commanditaires identifiés et poursuivis, les assassins condamnés.
Monsieur le président de la République, par votre voix la France doit affirmer une volonté politique forte pour que soient mises en lumière les responsabilités des différents acteurs de ces crimes. Il ne peut y avoir de raisons d’État qui l’emportent sur le respect de la vie humaine et des droits des peuples.
Nous réclamons justice et vérité pour Leyla, Rojbîn et Sakine.
Rassemblement à la préfecture, vendredi 8 janvier 2016, 17 h,
puis manifestation jusqu’au Capitole à partir de 18h
Manifestation européenne à Paris, gare du Nord, samedi 9 janvier, 10 h
Collectif de Solidarité avec le Peuple Kurde (Maison Franco-Kurde Midi-Pyrénées, Association Alevi Démocratique de Toulouse, AL, CGT 31, CSR 31, EELV Toulouse, Ensemble !, ETM 31, Front Populaire [Tunisie], FSU 31, Marche mondiale des Femmes Midi-Pyrénées, comité 31 du Mouvement de la Paix, MRAP 31, NPA, PCF, PG, Solidaires 31, UPK 81, UPT).
Contact : kobane.kurde@gmail.com / Soutien financier : IBAN FR76 1780 7024 0255 4215 5474 085.