NPA Haute-Garonne
  • Nous défendrons le Sud-Kurdistan en cas d’attaque turque

    6 octobre 2017

    Murat Karayilan, du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), a déclaré que la guérilla défendra le Sud-Kurdistan en cas d’attaque turque ou d’invasion à la suite du référendum d’indépendance, qui – a-t-il dit – est un droit.

    Karayilan a mis en exergue les menaces d’attaques et d’invasion contre le Sud-Kurdistan et déclaré : « Le peuple kurde a le droit à l’auto-détermination comme toutes les autres nations. Notre peuple du Sud-Kurdistan devrait savoir que si la Turquie attaque son sol, nous ne nous tiendrons pas sur le côté pour regarder. »
    Parlant à la radio Denge Mezopotamya, Karayilan, membre du comité exécutif du PKK, s’est exprimé au sujet du référendum d’indépendance au Sud-Kurdistan, des menaces contre la nation kurde et de la conférence d’unité nationale.
    Citant les menaces de la Turquie contre le Sud-Kurdistan, Karayilan a déclaré que le régime d’Ankara se prépare pour une invasion.
    S’agissant des récents affrontements entre la guérilla kurde et l’armée turque dans la zone de Barzan, berceau du clan Barzani, Karayilan a annoncé que trois guérilleros y ont perdu la vie, et cinq ont été portés disparus après que les HPG ont affronté les troupes turques qui avaient franchi la frontière pour pénétrer au Sud-Kurdistan.
    Il a précisé que la zone de Barzan avait été délibérément ciblée par l’armée turque et que les HPG continueront à résister et répondre aux attaques turques.

    PERSONNE NE PEUT ATTAQUER LES KURDES S’ILS S’UNISSENT

    Mentionnant les menaces de la Turquie, Karayilan a annoncé : « Comme peuple kurde et militants kurdes nous discutons entre nous si le timing du référendum était juste ou non, si le référendum est réellement une solution, et comment cette décision a été prise, etc. En la matière nous pouvons nous critiquer mutuellement. C’est notre problème en tant que Kurdes. Mais aujourd’hui, c’est une attaque, ce sont des menaces et des préparatifs d’invasion. Les Kurdes ont le droit à leur auto-détermination comme n’importe quelle autre nation. Mais maintenant ils disent “Comment avez-vous pu faire une chose pareille ? Comme Kurdes, vous ne pouvez faire cela”, et ils attaquent le Sud-Kurdistan. Spécialement la Turquie qui fait, plus que tout autre pouvoir, comme si le Sud-Kurdistan n’était pas une partie de l’Irak mais une partie de la Turquie. Du reste, si la Turquie n’avait pas suivi cette approche, la réaction de l’Iran et de l’Irak n’aurait pas été aussi dure. La Turquie les a poussés. Ils ont visité Téhéran, parlé avec Abadi. Ils ont pris la tête de l’attaque. A croire que Hewler [le nom kurde d’Erbil] et Kirkouk leur appartiennent et qu’ils ont perdu ces villes. »

    NOUS AVONS MIS EN GARDE LE PDK CONTRE L’AKP DE TURQUIE

    Karayilan a critiqué les relations du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) avec le le Parti de la justice et du développement (AKP) en ignorant les alertes du PKK, et ajouté : « Nous avons échangé nos opinions sur la réalité de l’Etat AKP et sur l’alliance AKP-MHP. Nous leur avons qu’ils ne connaissent pas l’AKP et Erdogan comme nous, nous les connaissons. Erdogan est un nouveau Saddam [Hussein]. Il est même plus dangereux que lui. Parce que c’est un raciste. L’AKP et Erdogan ont agi comme vos amis pour désorganiser vos alliances et profiter de vous. Ils se présentent comme des ennemis du PKK, mais ce sont des ennemis de tous les Kurdes. J’en ai personnellement parlé deux fois avec Massoud Barzani. Mais malheureusement ils ne nous ont pas écouté. »

    IL Y A UN GRAND NOMBRE DE FORCES SPECIALES TURQUES AU SUD-KURDISTAN

    Se référant à la présence des forces spéciales turques au Sud-Kurdistan, Karayilan a signalé que près de la moitié de ces forces sont stationnées au Kurdistan, résultat de la profonde relation entre l’administration du Sud-Kurdistan et Erdogan.
    « C’est pourquoi la voix de la Turquie apparaît si forte. Ainsi parlent-ils de cette région comme si elle était sous leur contrôle. Vous ne devez jamais vous fier à votre ennemi. Ce n’est pas une approche politique correcte pour eux [l’administration du Sud-Kurdistan]. »
    Karayilan a aussi critiqué le premier ministre Nechirvan Barzani du Sud-Kurdistan pour sa docilité de ton dans ses messages à la Turquie.
    « Nechirvan parle comme un mendiant. Il dit des choses comme “nous n’avons jamais menacé les intérêts turcs et nous ne le ferons pas maintenant”. La Turquie brandi son bâton sur votre tête et vous lui parlez ainsi ! C’est une honte. Quelqu’un se tient face à vous avec un tank et vous allez vers lui et mendiez. Si vous avez franchi le pas [le référendum d’indépendance], alors il vous faut continuer », a-t-il dit.

    SI LA TURQUIE ATTAQUE LE SUD-KURDISTAN, NOUS NE NOUS TIENDRONS PAS SUR CÔTÉ À REGARDER

    Mentionnant une probable attaque contre le Sud-Kurdistan, Karayilan a dit qu’ils ne se tiendraient pas sur le côté à regarder.
    « Nous défendrons notre peuple. Si le processus continue comme cela, nous prendrons cette charge sur nos épaules. Nous sommes conscients de cela. Mais le vrai résultat de tout cela, c’est la compréhension que l’unité nationale [des Kurdes] est le bon chemin. »
    « Nous avons à construire une stratégie commune pour tout le Kurdistan. A cette fin, quelle que soit le nom que vous lui donnerez, un congrès, une conférence, un atelier, de toute manière il nous faut nous organiser. Si vous voulez saisir les opportunités au Moyen-Orient, si vous voulez le succès de notre cause, nous avons à construire une stratégie commune », a-t-il ajouté.

    Traduction de Pierre Granet de la version anglaise d’ANF News, 3 octobre 2017