Erdogan a annoncé lui-même sa propre victoire au référendum lui donnant les pleins pouvoirs. Avec un résultat officiel d’un peu plus de 51%, une première chose est sûre : il n’a pas réussi son pari d’obtenir un plébiscite et d’écraser l’opposition démocratique
Au-delà des différentes fraudes dénoncées depuis dimanche, Erdogan s’était pourtant donné depuis neuf mois les moyens de bâillonner toute contestation et d’avancer vers la construction d’un régime présidentiel sans partage. En ayant pris prétexte d’un coup d’état manqué en juillet dernier, il a licencié des dizaines de milliers de fonctionnaires, incarcéré des militants politiques et interdit les journaux d’opposition, frappant tout particulièrement le mouvement démocratique kurde
Fort d’une « victoire » en demi-teinte qui ne le rend que plus dangereux, l’apprenti dictateur va sûrement redoubler ses attaques contre les mouvements d’opposition, en cultivant l’identité nationale et religieuse. En Turquie aujourd’hui, les opposants, conscients du revers que constitue pour Erdogan le résultat du référendum, n’hésitent pas à contester les résultats du scrutin et à défier le pouvoir autour du mot d’ordre « Non ce n’est pas fini, le combat continue ». Partout, en Europe et autour de la Méditerranée, nous devrons nous mobiliser pour construire la solidarité avec le mouvement social et démocratique turc, et avec le mouvement kurde
La seule réaction des gouvernements de l’Union européenne est de conclure de ce référendum que la Turquie n’a pas sa place dans l’Union européenne. Pourtant, avec son état d’urgence permanent, son régime présidentiel autocratique, la place donnée aux racines religieuses de la nation, le régime qu’il veut construire ressemble à ce que l’on connait en Hongrie et en Pologne et aux programmes de beaucoup de partis de l’Union européenne qui sont pour un ultralibéralisme économique et une restriction radicale des droits démocratiques et sociaux. La seule différence est que d’un côté la religion de référence est le christianisme de l’autre c’est l’islam
Dans tous les cas, nous continuerons de combattre ces courants autoritaires et réactionnaires et de renforcer nos liens avec les forces progressistes qui les combattent.
Montreuil, le 18 avril 2017