La fusillade d’hier soir où un homme a attaqué un car de police tuant un policier, en blessant un autre ainsi qu’une touriste avant d’être abattu prend toute la place de cette fin de campagne. C’est un drame humain qui endeuille ce matin des familles. Mais la plupart des candidats s’en servent pour entretenir toutes les peurs en qualifiant cet acte d’acte de guerre, de barbarie islamiste.
Quelles que soient les motivations précises de l’assaillant, cet acte ne peut pas être isolé du contexte politique qui en donne la mise en scène.
D’un côté l’Etat français se fait le champion des interventions militaires en Afrique et au Moyen-Orient, le champion aussi des ventes d’armes aux dictatures. De l’autre, en France, toute une partie de la population, de la jeunesse des quartiers populaires subit misère et discrimination de par sa couleur de peau ou son origine.
Tout ce contexte laisse la place, très limitée mais réelle à des actes comme celui d’hier où des individus cherchent une revanche suicidaire et criminelle contre une société qui les exclut. D’autant plus que, sur les réseaux sociaux, la propagande réactionnaire et mortifère de Daech, cherche à convaincre et à rallier des partisans.
Les racines de tels actes ne sont ni dans les mosquées ni dans les camps de migrants. Elles sont dans la situation de guerre extérieure et intérieure que maintient l’Etat et dans les injustices et discriminations maintenues dans les quartiers, dans la montée d’un racisme et d’une islamophobie d’Etat. Ce sont à ces racines-là qu’il faut s’attaquer.
Ce ne sont ni l’Etat d’urgence, ni l’armement ni l’augmentation des forces de police qui aideront à cela. Le policier tué était armé. L’armement de la police ne fait que renforcer le climat de violence et aboutit à la mort. Ce sont encore moins la fermeture des frontières, le rejet des migrants et le renforcement des interventions militaires qui apporteront une solution.
Montreuil, le 21 avril 2017