Les prochaines élections en France sont d’une importance capitale pour l’avenir de l’Europe. La montée de la nouvelle extrême droite emmenée par Marine Le Pen est un défi, lancé à toutes les forces politiques anti-néolibérales et démocratiques, que nous ne pouvons pas ignorer. Cette poussée est en effet partie prenante d’un phénomène plus général de renforcement de la réaction autoritaire en Europe et aux Etats-Unis. Les forces politiques traditionnelles en France qui ont été le soutien du régime républicain, le Parti Socialiste et la droite gaulliste, connaissent une forte crise d’identité, de projet et de légitimité, éclaboussées qu’elles sont par des affaires de corruption, comme c’est le cas pour Fillon. Par ailleurs, un secteur des élites fait le pari de Macron : une nouveauté, mais pour les seuls patronat et monde de la finance qui ont trouvé avec lui une manière « cool » de rénover le projet néolibéral.
La crise de la politique officielle est aussi le reflet d’une crise sociale profonde : celle d’une société déchirée par les problèmes identitaires, par les politiques d’austérité, par l’exclusion, par la fin de l’Etat Providence. Bien entendu il y a eu, dans ce panorama, des résistances : nous n’oublions pas Nuit debout ni les grèves impulsées par la CGT qui ont placé au centre la force de la classe ouvrière organisée. La gauche n’a cependant pas été capable de construire une candidature rassemblant largement et de façon unitaire, prenant à son compte, à travers un programme contre l’austérité, tout ce potentiel et ce mécontentement et regroupant, autour d’une alternative crédible à Le Pen, un éventail d’organisations allant de secteurs du réformisme anti-néolibéral jusqu’à des forces anticapitalistes et révolutionnaires comme le NPA. Pour défendre, en somme, un projet qui constitue un barrage devant la montée des néofascismes, qui s’engage à rompre avec l’austérité promue par l’UE et qui s’affronte au pouvoir économique au profit des classes populaires.
Dans les circonstances actuelles, nous, Anticapitalistes, voulons apporter notre appui à la candidature de Philippe Poutou et au NPA : une candidature antiraciste, écologiste, féministe et anticapitaliste qui met au centre la classe des travailleurs et l’internationalisme, qui porte des questions que les autres candidatures n’abordent pas et qui sont pourtant centrales pour construire un projet de transformation. Le fait que Poutou soit le seul ouvrier à se présenter à cette présidentielle, face à une brochette de politiciens professionnels, nous apparaît être un geste politique décisif et chargé d’une énorme valeur symbolique. Nous vous souhaitons d’obtenir, dans ces élections difficiles, les meilleurs résultats possibles permettant à l’anticapitalisme d’occuper une place fondamentale dans les batailles à venir.
(Traduction : Antoine Rabadan)