Au-delà du bilan du nombre de morts (près de 30 000 décès en France), le second tour des élections municipales va avoir lieu dans un contexte dramatique pour des millions de travailleuses et de travailleurs : hausse du chômage, diminutions des salaires, augmentation du temps de travail…
Une telle situation où le PIB 2020 va baisser au moins quatre fois plus qu’au cours de la crise de 2008, nécessiterait de prendre des mesures radicales au plan national : pas de licenciements, expropriation sans indemnités des principales entreprises des secteurs stratégiques (banques, énergie, transports, trusts pharmaceutiques), réorientation de la production sous contrôle des travailleurs pour la satisfaction des besoins sociaux fondamentaux (santé, logement, transports), fiscalité très progressive,…
Mais pour Macron et son gouvernement, la priorité est de relancer à tout prix la machine capitaliste pour restaurer la rentabilité des entreprises sur le dos des salariéEs. Pour cela il peut compter sur la droite locale regroupée autour de Jean-Luc Moudenc.
Moudenc, c’est Macron sur la Garonne. Il n’a eu de cesse tout au long de son mandat de mener une politique contre les classes populaires : austérité budgétaire, privatisations de l’espace public, grands projets inutiles, chasse aux pauvres… Et pour couronner le tout, le maire sortant s’est distinguée par une accélération des politiques sécuritaires.
Toutes celles et ceux qui ont subi et vont subir encore plus violemment les conséquences des politiques menées tant au plan national qu’au plan local ont de bonnes raisons de vouloir se débarrasser de Jean-Luc Moudenc à l’occasion du second tour des élections municipales. Nous les partageons.
Mais il serait illusoire de croire qu’une victoire de la liste d’Antoine Maurice ouvrirait des perspectives radicalement nouvelles. D’abord parce que, compte tenu de la situation nationale, une municipalité ne pourrait améliorer qu’à la marge la situation de dizaines de milliers de toulousaines et de toulousains. Et cela d’autant plus que la liste d’Antoine Maurice n’avance aucune mesure de rupture franche avec la politique de Moudenc, que ce soit sur la crise de l’Aéronautique, la 3° ligne de métro, le projet TESO, les politiques sécuritaires, le logement… Le budget proposé par Antoine Maurice correspond à l’euro prêt à celui de la municipalité sortante, c’est la répartition de l’argent disponible qui changerait. Comme s’il pouvait y avoir une gestion sociale et écologique de l’austérité !
De plus, en fusionnant avec la Parti Socialiste, les équilibres de la liste Archipel citoyen ont fini de basculer. Les candidatEs de la liste qui s’investissent au quotidien dans les luttes sociales et avec qui nous partageons de nombreux combats vont se retrouver bien isolés dans une potentielle majorité municipale qui ressemblera plus à une nouvelle mouture de la gauche plurielle qu’à un point d’appui pour nos luttes.
Comme nous l’affirmions lors du lancement de la campagne Toulouse Anticapitaliste portée par Pauline Salingue et Nicolas Mousset : « La volonté d’en finir avec la gestion de Jean Luc Moudenc ne peut se réaliser au détriment d’une nécessité centrale : la reconstruction d’une véritable gauche de combat, une gauche anticapitaliste qui n’esquive pas le nécessaire affrontement avec le gouvernement et les forces du Capital. Cette exigence est au centre de la situation politique, dans l’affrontement avec Macron sur les retraites comme sur les autres dossiers en cours (santé, éducation, chômage, salaires, racismes et l’islamophobie, immigration, répression du mouvement social et de la jeunesse...). »
Cette nécessité est aujourd’hui plus vitale encore : seules de grandes mobilisations de masse – comme la journée de mobilisation pour la santé du 16 juin – peuvent permettre de mettre en échec les plans du patronat et d’obtenir satisfaction sur les besoins sociaux fondamentaux. Cela vaut aussi bien au plan national qu’au plan local et le NPA 31 s’y emploiera totalement dans les semaines à venir.
Alors oui, débarrassons-nous de Moudenc, mais sans accorder la moindre confiance à Antoine Maurice, et ne comptons que sur nos propres forces, nos luttes collectives, pour en finir avec le capitalisme, l’exploitation et les oppressions.
Toulouse, le 17 juin 2020