Le ministre empile depuis 18 mois les réformes qui détruisent méthodiquement les principes d’une école égalitaire. En effet, le bac, qui devient local, n’aura plus la même valeur suivant les lycées, et ne garantira plus l’accès à l’université qui devient sélective. Les enseignements généraux et professionnels sont appauvris dans toutes les voies des lycées et des lycées professionnels à l’exception de quelques spécialités élitistes. La possibilité pour les élèves de choisir leur orientation est réduite. D’une manière générale, le désengagement de l’état vis a vis des missions comme l’accompagnement psychologique, le conseil en orientation, ou encore l’aide aux élèves en difficultés entraîne deux conséquences : D’une part les personnels voient leur charge de travail très alourdie et sont de moins en moins disponibles pour les élèves. D’autre part les marchés privés du soutien scolaire et maintenant du conseil, et du coaching scolaire (les premiers forfaits coûtent 5 à 600 €) se développent sur les ruines du service public qui lui, était gratuit et accessible à toutes et tous. La dernière réforme en date, dite « pour école de la confiance », poursuit dès l’école maternelle ces logiques de privatisation partielle, du renforcement des inégalités, et de mise au pas des personnels et des élèves. En effet, elle instaure l’obligation de financement des écoles maternelles privées par les mairies. Elle met en place des « établissements d’enseignement internationaux », réservés à une élite, dès le CP. Elle facilite le recours à des emplois de plus en plus précaires, notamment les accompagnant•e•s des enfants en situation de handicap (AESH), et elle interdit aux personnels et aux parents toute critique de l’institution...
La mobilisation des personnels éducatifs a permis de faire reculer le ministre sur les fusion entre écoles et collèges mais le sénat vient d’ajouter de nouveaux articles nauséabonds, réactionnaires et racistes : suppression des allocations familiales en cas d’absentéisme des élèves, abandon de l’obligation de scolariser les enfants étrangers, interdiction d’accompagner les sorties scolaires pour les mères voilées, et institution d’un chef dans les écoles primaires.
Jeudi 9 mai, lors de la journée de grève des services publics, environ 35 % des personnels éducatifs de Haute Garonne étaient en grève. Au delà des revendications pour des moyens supplémentaires et contre la précarité, elles et ils se mobilisaient contre les réformes du ministre Blanquer et ont décidé de construire la grève reconductible à partir du mardi 14 mai. Depuis le 14 mai, la grève continue, de multiples réunions publiques ont été organisées pour informer les parents, des actions de blocage et d’occupation, ainsi que des AG régulières, mobilisent à chaque fois entre 100 et 200 grévistes. La grève active reste donc minoritaire, mais les revendications sont soutenus majoritairement par les personnels et la mobilisation se structure à travers des commissions. La grève de mardi 21 mai a été particulièrement réussie, avec 600 profs, surveillants, AESH…qui ont manifesté dans les rues de Toulouse. Alors que la manifestation s’était passé sans heurt, la police est intervenue après la dissolution du cortège, pour interpeller de façon musclée, deux enseignants qui seront libérés dans la soirée et accueillis par un rassemblement de soutien improvisé devant le commissariat. Jeudi 23 mai, une centaine de grévistes rassemblés devant la préfecture pour dénoncer la répression justement, ont été sans raison attaqués par la police, à coups de matraques et de gaz lacrymogènes. Alors que les manifestant•e•s n’ont à aucun moment usé de la violence, les flics ont procédé à 13 interpellations. 200 personnes sont venus apporter leur soutien et exiger leur libération devant le commissariat. Après intervention d’un avocat, elles et ils ont tou•te•s été libéré•e•s car leur arrestation était illégale ! (ils n’avaient commis aucun délit…).
De son côté le ministère n’est pas en reste : ses sbires au rectorat multiplient les pressions et les menaces administratives sur les collègues qui se mobilisent. Mais la répression ne doit pas faire taire la mobilisation. Au contraire c’est une raison de plus pour massifier la grève et la soutenir.
En ce sens, samedi 25 mai, un millier de personnels et de parents d’élèves ont manifesté contre les réformes Blanquer, et pour soutenir la mobilisation en cours. Cette convergence parents/enseignant•e•s est de bonne augure, notamment alors que les examens approchent et que l’actualité de la grève du bac est brûlante. Cependant, il reste encore de nombreux parents à informer et convaincre que les réformes Blanquer sont criminelles pour leur enfants et à maintenir une dynamique mobilisatrice jusqu’aux premières épreuves du bac.
La grève continue, et mardi 28 mai, les personnels de l’éducation et des hôpitaux se retrouveront pour une manifestation commune à 14h devant l’hôpital Purpan.
L’AG toulousaine lance un appel à rejoindre partout en France la dynamique de grève reconductible et à faire du jeudi 6 juin une journée nationale de grèves et manifestations massives.