En octobre 2017, douze femmes accusent le producteur hollywoodien Harvey Weinstein de harcèlement sexuel, d’agressions sexuelles et de viols. Parmi ces femmes, plusieurs actrices ont subi des pressions sur leur carrière professionnelle par le producteur qui utilise le même procédé pour imposer des rapports sexuels forcés.
Harvey Weinstein est, depuis les années 80, l’un des producteurs les plus puissants et influents et son comportement de prédateur sexuel est en partie connu à Hollywood.
Ce qui se passe ensuite est sans précédent.
Quelques jours après la publication de ces accusations dans la presse, un première vague d’actrices et de personnalités du cinéma témoignent du harcèlement et des agressions qu’elles ont subies également de la part de Harvey Weinstein ou d’autres hommes.
Puis, de plus en plus de femmes prennent la parole pour raconter à leur tour leur quotidien. La libération de la parole n’a jamais connu une telle ascension. Depuis octobre sur les réseaux sociaux avec le #metoo, des milliers de femmes témoignent des violences, des agressions et du harcèlement qu’elles subissent dans toutes les sphères de la société : au travail, dans l’espace public, dans le cadre de la famille…
Les violences à l’encontre des femmes sont structurelles, elles font partie d’un système basé sur la domination masculine : le système patriarcal.
Les violences patriarcales prennent plusieurs formes : publicités sexistes, insultes, harcèlement dans la rue, harcèlement au travail, lesbophobie, coups, agressions sexuelles, prostitution, viols, violences conjugales, violences psychologiques, administratives et économiques, violence contre les femmes migrantes étrangères souvent victimes de double violence.
Les violences patriarcales touchent toutes les femmes et nous savons qu’il existe un continuum des violences, c’est à dire que les représentations sexistes des femmes, les violences verbales etc, préparent et facilitent les violences les plus lourdes allant jusqu’au meurtre.
En France, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. En 2016, 123 féminicides ont été répertoriés sur le territoire.
Depuis octobre 2017, les standards des associations qui accueillent et accompagnent les femmes victimes de violence sont saturés et les plaintes pour harcèlement et violence ont augmenté de 30 % par rapport aux chiffres de l’année précédente à la même période. L’association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (l’AVFT) a fermé son accueil téléphonique et demande à l’Etat une subvention pour répondre au nombre très important de saisines de femmes victimes de violences, nombre qui a doublé depuis 2015.
N’oublions pas qu’en plus des violences patriarcales, les femmes forment la grande majorité des pauvres, des travailleurs précaires, des temps partiels imposés et des bas salaires.
Face à ce terrible constat, le mouvement féministe lutte depuis les années 70 pour mettre en lumière les violences faites aux femmes et a pu, sous l’impulsion de mobilisations, faire évoluer les lois en matière de reconnaissance du viol et des violences. Mais en France, il n’existe toujours pas de loi cadre contre les violences faites aux femmes comme c’est le cas dans l’État espagnol depuis 2004.
La mobilisation du 25 novembre 2017 pour la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, a revêtu un caractère particulier avec l’ampleur de la diffusion et le nombre des témoignages. Le mouvement féministe a voulu ancrer le mouvement né sur les réseaux sociaux en organisant des rassemblements #metoo un peu partout dans le monde. Ces rassemblements ont réuni énormément de jeunes femmes qui ne s’étaient jusque-là pas organisées dans le cadre du mouvement féministe.
Le 8 mars prochain, une mobilisation large et internationale s’organise, avec la grève des femmes comme modalité d’action. C’est la deuxième année que la grève est relayée au niveau international (après les grèves et les mobilisations en Amérique Latine, puis aux USA, en Pologne et en Italie) cependant elle a une importance particulière dans le contexte de libération générale de la parole des femmes. Cette année, les préavis de grève des organisations syndicales sont plus nombreux. Pour nous, féministes, la participation à la grève du 8 mars et la mobilisation autour de cette journée doivent être un pas de plus dans la construction d’un mouvement féministe de masse.
Commission féministe du NPA 31