Sabena Technics, à Cornebarrieu près de Blagnac, est une usine de peinture pour avions. C’est un sous-traitant d’Airbus (qui lui fournit directement l’ensemble des produits nécessaires pour chaque avion !). Cette usine d’aujourd’hui 150 personnes a ouvert ses portes en 2015, avec des bâtiments et du matériel flambant neuf…
Du jeudi 6 au lundi 10 octobre la première grève dans cette usine a été suivie par la quasi-totalité du personnel en dehors des cadres dirigeants.
Le ras-le-bol couvait depuis des mois :
les salaires sont très bas (par exemple 1140 € net) et n’ont été augmentés que de 50 € en 6 ans ; ils sont bien en-dessous de ceux de Satys et d’Airbus situés à proximité
les conditions de travail se détériorent (la maintenance laisse à désirer et les nouveaux horaires « testés » par le patron ne plaisent à personne).
Le turnover est tellement important que seulement 30% des peintres ont la qualification aéronautique, les autres étant en formation pour le CQPM. Ce ras-le-bol n’était sans doute pas étranger au bon score réalisé par le tout nouveau syndicat CGT il y a 2 mois (35% au premier collège).
Alors que la boite tourne à fond, que Sabena Technis a récemment racheté des entreprises, que l’inflation rend les fins de mois de plus en plus difficiles pour la majorité du personnel, le patron a osé proposer une « prime Macron » de seulement 500 €.
Du coup FO et CGT ont appelé à la grève. Les revendications avancées par l’intersyndicale portaient sur une prime Macron portée à 1500 €, des indemnités kilométriques à la hauteur des autres sites de Sabena Technics et une prime de décapage (pour les avions, assez rares, qui nécessitent cette opération), les revalorisations salariales étant repoussées aux prochaines NAO...
Pour la majorité des grévistes, cette grève était leur première grève et si les idées ont été nombreuses pour décorer l’entrée de l’entreprise et faire vivre le piquet de grève, l’absence d’Assemblée Générale a pesé.
Finalement, dans l’amertume, la grève s’est arrêtée lundi, sur l’obtention d’une indemnité kilométrique brute de 85 € pour tous, d’une indemnité de décapage très aléatoire pour certains et sur l’avancée des NAO à novembre. La majorité des grévistes ne voyait pas comment faire plier un patron qui osait leur dire que la menace de départ du personnel qualifié ne lui faisait pas peur... Et vu la faiblesse des salaires beaucoup ne se voyaient pas perdre plus de jours de salaire...
Cette première manche de la lutte n’a pas été gagnée, mais ces jours de grève ont permis de développer la solidarité entre travailleurs des différentes équipes et des bureaux, ce qui est le meilleur gage pour les prochaines manches...
Le 10 octobre 2022