Ce mercredi 10 mai à Toulouse, le tribunal correctionnel a condamné Jean et Erwan, militants de Dernière Rénovation, à deux mois de prison avec sursis et 7188 euros d’amende. Ce qui leur est reproché ? Avoir interrompu un match du Stade Toulousain durant 6 minutes et la « dégradation des poteaux ». Rassurons les inquiets, les poteaux vont bien. Quant au match où des interruptions temporaires ne sont pas rares, il s’est terminé sans soucis.
Le Nouveau Parti Anticapitaliste de Haute-Garonne était donc ce mercredi devant le tribunal au rassemblement ayant réuni 150 personnes en soutiens aux camarades et nous continuerons à le faire à chaque fois que nécessaire. Les militants poursuivent leur lutte en faisant appel et en réaffirmant la nécessité de s’affronter aux causes de la catastrophe écologique.
Cette sentence est très lourde pour une action pacifique. C’est surtout une condamnation politique visant à dissuader le mouvement écologiste de poursuivre ses objectifs. Cette décision de justice s’est également soldée par une campagne de communication du gouvernement ou de notoires locaux du monde du rugby ou de Jean-Luc Moudenc dénonçant leur geste afin de justifier une telle peine. Il est loin le temps où les ministres défilaient dans les manifestations des grèves pour le climat et où Gabriel Attal tweetait « « Et 1, et 2, et 3 degrés. C’est un crime, contre l’humanité ! ». Super énergie dans le cortège ! Fier de la jeunesse française qui se bouge pour défendre la planète » ».
Dernière Rénovation prône l’activisme « coups d’éclats » afin d’imposer une réelle rénovation thermique de l’ensemble des bâtiments qui sont reconnus comme des passoires thermiques. Et notamment un grand nombre de nos écoles et lycées, les bâtiments administratifs et évidemment les habitations des quartiers populaires. Autant de constructions, par le chauffage ou la climatisation qu’ils nécessitent, qui contribuent largement au réchauffement climatique et à l’appauvrissement de ceux qui y habitent. Cette campagne est pleinement justifiée, elle est essentielle même !
Malheureusement, la répression de l’État ne s’arrête pas qu’aux militantEs de Toulouse puisque le lendemain, d’autres militantEs du collectif ont été condamnéEs dans le Val-de-Marne à des amendes et du travail d’intérêt général pour avoir entravé la circulation d’une autoroute. On notera l’ironie d’une condamnation à des travaux d’intérêts généraux, lorsque l’action réprimée visait justement à défendre l’intérêt général.
Au Royaume-Uni, au mois d’avril deux militants du collectif Just Stop Oil (proche de Dernière Rénovation en France), ont écopé respectivement de trois ans pour l’un et deux ans et sept mois de prison pour l’autre. Suite à une action sur un pont ayant conduit à l’interruption du trafic. Cette peine inédite fait suite à l’arrestation de plus de 2 000 militants, dont 138 emprisonnéEs, depuis le début de la campagne Just Stop Oil en avril 2022.
Face au développement effrayant de la répression judiciaire, policière et parfois paramilitaire, à l’encontre des mouvements écologistes, la plus grande solidarité au sein du mouvement ouvrier est de mise. Au-delà, c’est bien la dimension du projet politique pour renverser et remplacer le capitalisme qu’il nous faut mettre en discussion et mettre en œuvre, afin de gagner.