Vendredi 25 avril, comme à son habitude, Aboubakar cissé entamait sa journée en effectuant un nettovage dans la mosquée de son village. Un homme s’est alors présenté à lui pour lui demander comment prier. Dans un geste de bonne volonté, sans savoir qu’il n’était pas celui qu’il prétendait, Aboubakar a accepté de lui montrer. Au moment où il se prosternait pour prier, l’homme, qui était en réalité un assassin, un lâche criminel se faisant passer pour un fidèle, l’a sauvagement poignardé à plusieurs dizaines de reprises. Cette odieuse attaque a été limée, par les caméras de surveillance et par l’assaillant lui-même, les paroles du criminel ne font pas de doute : il s’agit d’un acte visé et prémédité contre une personne de confession musulmane.
Nous exprimons notre soutien et notre solidarité à la famille d’Aboubakar, paix à son âme, à ses proches et à l’ensemble de la communauté musulmane.
Ce crime n’est pas un fait divers : il est l’expression violente d’une islamophobie profondément enracinée. Il s’agit d’un acte de haine, dirigé contre une personne en raison de sa religion. Il ne s’agit pas d’un acte isolé, les agressions à l’encontre des musulmanes et des musulmans se multiplient et ont pour cause la montée et la banalisation de la haine raciste et islamophobe.
Cette haine est alimentée par les médias, par les discours politiques, par les lois discriminantes ou encore par les mesures gouvernementales. Elle est le produit d’années de construction d’un climat hostile à l’égard des musulman.es, visant à sans cesse les désigner comme les ennemis de l’intérieur.
Celles.eux qui sont au pouvoir et qui s’expriment actuellement sont parmi les principaux précurseurs de l’islamophobie. Lorsque le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau s’écrie "A bas le voile", losqu’il relance le débat sur la question du port du voile à l’université moins d’une semaine après l’attaque islamophobe meurtière, à laquelle il avait mis deux jours à réagir et de manière dérisoire, peut-on encore dire que le gouvernement ne serait pas manifestement islamophobe ?
La liberté de culte est aujourd’hui piétinée par celles.eux qui sont au pouvoir. Nous faisons face à une dérive grave : l’institutionnalisation d’un traitement discriminatoire basé sur la religion qui vise en particulier les personnes musulmanes.
La réalité est sans appel : le constat est celui d’un climat dangereux pour les musulman.es. Lorsque même une mosquée, lieu de paix, de recueillement et de spiritualité, n’offre plus un sentiment de sécurité, où les musulman.es peuvent-iels encore se sentir en sécurité ?
Comment espérer bätir une société fondée sur la confiance et l’unité si l’on continue à marginaliser des personnes en raison de leur religion ?
Nous dénonçons une fois encore le deux-poids deux-mesure qui s’exerce par les sphères médiatique et politique. Lorsqu’une personne présumée musulmane commet une attaque, celle-ci est immédiatement qualitiée d’acte terroriste, avec une couverture médiatique massive et une réaction politique immédiate.
En revanche, quand une personne musulmane est victime d’une attaque, le gouvernement ne réagit pas et la reprise médiatique est particuièrement marginale, visant à dissimuler le caractère islamophobe de l’agression.
Face à l’indifférence, au silence et à la volonté délibérée de fermer les yeux sur ces actes, nous choisissons de nous mobiliser pour les dénoncer. Parce la haine et la division n’ont pas leur place dans notre société. Parce qu’aucune vie ne vaut plus qu’une autre. Parce qu’il est hors de question d’accepter l’humiliation que l’on fait subir aux musulmanes et aux musulmans, la peur et la stigmatisation au quotidien, nous nous mobilisons pour dire stop à l’islamophobie. Parce que l’islamophobie est partout, nous le serons aussi, présentes, solidaires, déterminé.es.
Nous appelons à être présent à Toulouse le 11 mai à 15h à Bagatelle pour une marche en hommage à Aboubakar et pour dénoncer l’islamophobie.
Signataires : Étudiants Musulmans de France - Toulouse, l’Assemblée des quartiers, Jeunes insoumis.es de Toulouse, l’Union Étudiante de Toulouse, Réseau insoumis antifasciste, les jeunesses anticapitalistes Toulouse, le Poing Levé Toulouse, le Collectif Populaire Toulouse, Révolution permanente 31, La France Insoumise 31, CPES Mirail, CGT éduc31, Union syndicale lycéenne 31, Comité Vérité justice pour Bilal, Pas sans nous 31, UL CGT Mirail, LIR, AFA Tolosa, Solidarité Palestine Toulouse, LDH31, Le Souffle, Révolte Décoloniale, NPA L’Anticapitaliste