NPA Haute-Garonne
  • L’Université Toulouse 3, solidaire des jeunes mineurs isolés étrangers

    21 décembre 2022

    Depuis 2016, le Conseil Départemental prend en charge les mineurs isolés étrangers que s’ils ont fait la démonstration de leur minorité. L’organisme qui traite le dossier est le DDAEOMIE (Dispositif Départemental d’Accueil d’Évaluation et d’Orientation des Mineurs Isolés Étrangers). Ce dispositif abouti dans 80% des cas à une déclaration de majorité suite à une procédure humiliante et policière, transformant ces jeunes isolés en personnes sans papiers. Sans droits, ces jeunes sont jetés à la rue.

    A Toulouse, le collectif AutonoMIE organise ces jeunes qui tentent de faire valoir leurs droits auprès du tribunal pour enfants dans des procédures marquées par la violence et le racisme institutionnel. Avec l’aide d’avocats et grâce aux dons d’argents, le collectif entame de longues démarches auprès des consulats afin de faire reconnaître comme valide les papiers d’identités des jeunes concernés. Suite à cette démarche, dans 95% des cas, la minorité est reconnue par le tribunal et le Conseil Départemental est forcé de prendre en charge ces jeunes.

    Jusqu’en août 2022, le collectif AutonoMIE occupait un bâtiment municipal pour loger et organiser les jeunes mineurs. Le 26 août, le maire, Jean-Luc Moudenc, a réussi à expulser les 170 jeunes du collectif qui se sont retrouvés à la rue et se sont regroupés dans un campement de fortune devant le Tribunal. La solidarité s’est organisée et, face à la pression, les pouvoirs publics ont proposé des solutions de relogement pour une centaine de jeunes. Mais pas de solution collective. Les jeunes ont été dispersés dans de nombreux endroits (hôtels, centre d’hébergement…). De plus, chaque semaine, de nouveaux jeunes mineurs se retrouvent à la rue à Toulouse sans solution.

    Tant que la présomption de minorité ne sera pas reconnue, les jeunes mineurs isolés auront besoin d’un lieu collectif pour se mettre à l’abri et s’organiser pour faire valoir leur droit. Le 12 décembre, soutenu par les associations AutonoMIE, Toutes en Classe, la Société Saint-Vincent de Paul, Médecins du monde, les jeunes ont donc pris possession d’un bâtiment inutilisé de l’Université Toulouse 3.

    Face à cette occupation, la présidence de l’Université a fait preuve de bien peu d’humanité. Menace d’intervention policière, mise en avant de risques électriques et radioactifs (dans des bâtiments qui ont pourtant été utilisés par des agents de l’université pendant des années et il y a quelques mois encore), intimidation des jeunes par des agents de sécurité de l’université…

    A l’inverse, agent.es et étudiant.es de l’Université ont fait pression pour accueillir ces jeunes dans les meilleures conditions. La CGT s’est rapidement indignée de l’attitude de la présidence. Des distributions de tracts, des collectes solidaires se sont organisées. De très nombreuses personnes ont témoigné de leur solidarité empêchant ainsi la présidence de procéder à une expulsion rapide. Il s’agit maintenant de consolider ce lieu d’accueil dans la durée, au-delà des congés universitaires.

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    Toulouse, le 20 décembre 2022