Le gouvernement Macron-Philippe a choisi de maintenir le premier tour des élections municipales alors qu’il savait, de l’aveu même d’Agnès Buzyn, que le second tour ne pourrait se tenir à cause de la progression de l’épidémie. Les annonces d’Edouard Philippe la veille de l’élection ont entrainé une abstention record rendant caduque les résultats. Malgré cela, partout en France, les candidats du pouvoir, qu’il soient LREM ou soutenus par le parti du président comme Jean-Luc Moudenc à Toulouse, sont sanctionnés dans les urnes. Leur politique est largement rejetée.
Pour Toulouse Anticapitaliste et le NPA 31, l’heure n’est pas au positionnement pour un hypothétique second tour. En effet, la crise sanitaire en cours est un révélateur profond de la faillite du système qui ne pourra se résoudre par le prisme des élections municipales.
Les capitalistes ont d’abord voulu sous-estimer les conséquences de l’épidémie pour maintenir la production et leurs profits. Erreur criminelle qui a fait prendre un retard dramatique dans la gestion de l’épidémie. La solution était de réaliser, dès le début, des dépistages à très large échelle pour confiner les personnes contaminées. C’était la seule façon de contenir l’épidémie. Nous sommes maintenant au pied du mur. L’austérité imposée à l’hôpital public depuis des années impose un confinement total de la population car un afflux massif de personnes en détresse respiratoire ne peut être géré par les services de santé. La mortalité est principalement due au manque de respirateur imposant au personnel soignant de choisir qui reste en vie et qui est sacrifié.
Mais les morts ils s’en moquent ! Et c’est le sens des mesures que vient d’annoncer le gouvernement. Par ordonnance, ils s’apprêtent à détricoter le temps de travail et les congés payés pour soutenir l’économie durant une période indéterminée pour faire face aux conséquences de la crise.
Le confinement est une mesure temporaire qui ne résout rien. Le capitalisme est incapable de prendre les décisions nécessaires. Il faut augmenter la capacité du système à prendre en charge les malades et orienter des ressources vers la recherche publique pour trouver des traitements qui font chuter la charge virale des personnes contaminées.
Face à la crise sanitaire, un plan de mesures anticapitalistes
1. Il y a nécessité à reprendre le contrôle de la production aux capitalistes. Face à la pénurie de masques, de gel hydro-alcoolique et de respirateurs, des entreprises doivent être immédiatement réquisitionné pour produire, à hauteur des besoins, le matériel nécessaire aux soins comme à la protection de celles et ceux qui travaillent.
2. Un plan massif d’embauches et de réouverture de lit doit être mis en place sans délai. A Toulouse, ce sont 1500 postes qui sont nécessaires. Les salaires des soignants doivent immédiatement être augmentés. Les cliniques privées, qui continuent à faire leurs profits alors que l’hôpital est au bord de la rupture, doivent être réquisitionnées.
3. Le secteur pharmaceutique doit être exproprié et l’ensemble de ses ressources intégrées à la recherche publique pour travailler au développement d’un traitement anti viral et à la mise en place d’un vaccin.
4. Dans l’immédiat, toutes les productions non essentielles doivent être stoppées. Les travailleurs n’ont pas à prendre de risques inutiles. Beaucoup montrent l’exemple en exerçant collectivement leur droit de retrait. Les salaires doivent être maintenus à 100% par les employeurs et les licenciements interdits. Les précaires doivent conserver leurs contrats et leurs rémunérations.
5. Mais pour des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs, il n’est pas possible de se confiner car ils assurent des tâches indispensables à la survie : soin, alimentation, électricité, assainissement, enlèvement des ordures... Il faut imposer une sécurité maximale pour qu’ils puissent continuer à travailler sans être contaminés.
6. Le confinement accentue les inégalités sociales. Pendant que certains vont profiter de leurs résidences secondaires, beaucoup s’entassent dans des logements exigus. Les personnes sans-abris sont encore plus en difficulté, comme les migrants ou les prisonniers qui seront les sacrifiés de cette crise. Il y a urgence à réquisitionner les logements vides pour que tout le monde puisse dignement se mettre à l’abris. Les Centres de Rétention Administratif CRA doivent être fermés.
Non à la militarisation de la société. Oui à la solidarité.
Macron a pris pour prétexte la prétendue irresponsabilité de celles et ceux qui se réunissaient dans les parcs pour supprimer les libertés publiques. Nous ne pouvons l’accepter. Le confinement doit être volontaire et pris en charge par la population elle-même. Les irresponsables, ce sont ceux qui nous gouvernent et qui n’ont pas su gérer cette crise en cassant l’hôpital public, en coupant les crédits de la recherche, puis en refusant de tester la population à grande échelle pour prendre en charge les malades dès le départ.
Dans ce contexte, les mesures contre les droits des travailleurs annoncées ce mercredi 18 mars, sous la pression du patronat, sont scandaleuses. Avec le confinement de la population, impossible de réagir à ces attaques. Nous devons dès maintenant nous préparer à la riposte dans la rue et par la grève, dès la fin de l’épidémie, pour mettre en échec les capitalistes qui ont fait la preuve à très large échelle de leur incompétence.
Dans l’immédiat, nous appelons à la solidarité. Chaque jour à 20h, nous participerons aux applaudissements en soutien aux personnels des hôpitaux. Partout nous appelons à mettre des banderoles sur les balcons et aux fenêtres pour soutenir les services publics et dénoncer la politique de Macron face à la crise. Des groupes de solidarité pour la garde d’enfants et l’aide aux personnes isolées se développent dans chaque quartier. Ils portent en eux les germes de la société que nous voulons, à l’exact opposé du monde capitaliste représenté par Macron et le MEDEF.
Toulouse, le 19 mars 2020