Par Sylvain Pyro, le 4 mai 2017
Emmanuel Barot et Révolution Permanente développent, dans un texte publié sur leur site, une approche confuse dans cet entre-deux tours qu’il nous faut combattre pied à pied. Macron et le Pen seraient deux versions du Bonapartisme, « l’ultralibérale BCBG et la nationaliste-raciste-xénophobe ». L’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen ne nous ferait pas basculer dans le fascisme et, en conséquence, il faudrait faire campagne pour une « abstention active ». Toute autre formulation, notamment celle majoritaire dans le NPA et une partie du mouvement ouvrier (« Pas une voix pour le FN ») sèmerait des illusions dans le programme de Macron.
Tellement convaincus de cette orientation, Révolution Permanente a rompu l’unité d’action du parti en formant un pôle dans le cortège toulousain du NPA le 1er mai d’une dizaine de militants qui lançaient à contretemps de notre camion sono des slogans « ni, ni… ». En toute logique, Révolution Permanente combat la participation du NPA aux mobilisations contre le Front National qui apparaissent, notamment dans la jeunesse.
Nous nous opposons radicalement à cette orientation. Nous sommes pour unifier notre camp social autour du mot d’ordre « Pas une voie pour le FN ». Nous participerons aux manifestations de la jeunesse lycéenne qui se retrouve sur cette orientation. Dans la durée, la tâche est maintenant devant nous de construire un mouvement unitaire, radical et spécifique contre la montée du fascisme. Cette tâche doit se mener de front avec le combat contre chaque attaque antisociale, hier de Valls et Hollande et demain de Macron et Cie.
Mais revenons sur l’argumentation d’Emmanuel Barot et de Révolution Permanente.
La première des choses et que non, le mot d’ordre « Pas une voix pour le FN » n’est pas un appel à voter Macron (encore moins un ralliement au Front Républicain comme cela a pu être affirmé par Emmanuel Barot). Elle permet d’exprimer que oui, le FN n’est pas un parti comme les autres. Elle permet également d’unifier la partie consciente de notre camp social entre ceux qui utiliseront le vote Macron pour faire barrage au FN dans les urnes et ceux qui s’abstiendront en voulant affaiblir le projet libéral de Macron qui fait le lit à la montée du FN. Unité nécessaire pour combattre le FN comme les politiques libérales. En cela, la position du NPA est tout à fait juste et équilibrée.
Mais le problème sous-jacent avec Révolution Permanente est plus grave qu’un positionnement tactique d’entre deux tours. Les camarades ne comprennent pas la spécificité du FN. En le renvoyant à une nuance du bonapartisme, ils contribuent à sa banalisation allant même jusqu’à laisser des ambigüités sur le caractère « explosif » d’une arrivée de Marine Le Pen au pouvoir :
« Un pouvoir Le Pen ne serait pas dans l’évidence la même chose qu’un pouvoir Mussolini ou Hitler, ni, comme le dépeint de façon peu convaincante le volume 2 de La Présidente, un pouvoir « totalitaire » ne faisant face à aucune opposition ou contestation organisée : au contraire, sa présidence risquerait bien rapidement d’exploser sous le poids des contradictions (sans, par ailleurs, qu’on puisse prédire ce qui en ressortirait). »
Pour nous, le FN est un parti à direction majoritairement fasciste qui prend ses racines dans le pétainisme ou l’OAS. Si le basculement dans le fascisme ne peut se réduire à l’arrivée du FN au pouvoir, une victoire de Le Pen dimanche serait dans tous les cas un pas important dans cette direction. Loin de favoriser les résistances, l’accession au pouvoir du FN serait une catastrophe et dégraderait considérablement les conditions de la lutte.
Le programme du FN développe des attaques brutales contre les syndicats, la dissolution des groupes antifascistes (dont le NPA ou la CGT ?), des mesures violentes contre les associations de défense des droits de l’homme,… Pour arriver à ses fins, ils sont prêts à enrager la population pour expulser en masse des immigrés, discriminer et réprimer les musulmans, renvoyer les femmes au foyer, persécuter les personnes LGBTQI et bien d’autres choses. La dimension antiparlementaire est également présente (dissolution de l’assemblée en cas de minorité de députés FN, référendum permanent,…). Mais effectivement pour qu’il y ait fascisme et pas seulement dictature il faut un mouvement de masse extra-étatique qui permette d’atomiser le prolétariat. Mais cela n’a-t-il pas commencé, certes de façon embryonnaire, à Sivens, lors des manifs de flics de nuit, en Corse ou en PACA contre des musulmans ou des Rroms, en semant la terreur dans le centre-ville de Lyon ou d’autres villes,… ? L’arrivée du FN au pouvoir ne décuplerait-elle pas ce type de phénomène ? Inconscient est celui qui pense le contraire !
Emmanuel Barot appui son orientation en tentant d’analyser la composition sociale du vote FN. Il nous explique qu’elle est très composite et ne forme pas un bloc homogène comme l’était le parti fasciste allemand. Pourtant, si nous prenons la composition du NSDAP des premières années, nous observons, d’un point de vue sociologique, qu’il est composé d’un tiers d’artisans et d’ouvriers qualifiés, de 14,5 % de fonctionnaires et d’employés, de la même proportion de membres des professions libérales, de 13 % de soldats ou d’anciens soldats, de 7 % d’étudiants, de 4 % de boutiquiers et de 2,5 % d’ouvriers non qualifiés (source David Schoenbaum, La révolution brune, p. 45.). Autant dire qu’il regroupait un attelage très composite, les poussières d’humanité décrites par Trotsky. Au niveau de l’orientation, le NSDAP alliait également nationalisme, antisémitisme et revendications ouvrières. Nous sommes bien loin de ce que peut décrire Emmanuel Barot et bien plus proche de ce que nous connaissons du FN aujourd’hui.
Par ailleurs, l’emprise du FN sur les corps de répression (400 000 militaires et policiers) et leur tendance à l’autonomisation de l’appareil d’Etat (violences policières, manifs de nuit,…) nous montre où le FN pourrait constituer rapidement des corps spéciaux pour chasser les immigrés ou briser le mouvement ouvrier.
Au-delà de ces importantes approximations, la racine profonde de l’impasse dans laquelle nous amène Emmanuel Barot vient d’une lecture mécaniste vulgaire de ce qu’est le fascisme. La bourgeoisie se tournerait vers le fascisme lorsque le mouvement ouvrier mettrait en cause sa domination. Il n’y a pas de montée révolutionnaire donc il n’y a pas de danger fasciste.
Ceci remet en cause les acquis du marxisme révolutionnaire sur le fascisme pour notamment deux raisons :
– L’écrasement du mouvement ouvrier n’est pas la cause, mais une des conséquences du fascisme. Avant tout, le fascisme est une solution ultime pour la bourgeoisie pour, en temps de crise, rétablir brutalement ses profits. Sur ce chemin, le mouvement ouvrier est un obstacle immédiat. Il faut le défaire. Mais ne pas seulement défaire son avant-garde ou ses secteurs combatifs. Il faut le défaire dans ses profondeurs, y compris par exemple le syndicalisme le plus intégré qui, même s’il négocie les reculs, est une limitation à l’élévation brutale du taux d’exploitation. Lorsque la crise est trop importante, le recours au fascisme peut être une nécessité même en l’absence de mouvement révolutionnaire de masse.
– Emmanuel Barot ne voit le fascisme que comme un instrument de la bourgeoisie qu’elle actionnerait à l’occasion. Il nie en cela tout processus autonome d’un mouvement fasciste qui peut conduire à des « accidents » non souhaité par la majorité des fractions de la bourgeoisie qui finiraient contre leur grès à s’y résoudre pour maintenir leur domination.
Pour nous, l’arrivée du FN au pouvoir serait une accélération brutale de la dynamique fasciste en cours. Le FN est notre pire ennemi. Le renvoyer dos à dos avec la bourgeoisie libérale est irresponsable. Cela ne veut pas dire que nous n’indiquons pas la responsabilité des politiques des Macon & Cie dans le développement du fascisme, bien au contraire et c’est indispensable à une politique de classe conséquente. C’est également pour cela qu’une partie de l’avant-garde large n’ira pas voter Macron et se prépare à la lutte contre ses mesures réactionnaires.
Mais cette avant-garde concentre aujourd’hui son énergie à convaincre les travailleurs, les jeunes, que le bulletin Marine Le Pen n’est en rien une solution. Il faut qu’elle soit défaite dimanche dans les urnes. Et pour cela, l’enjeu est moins de voter Macron que d’arracher les classes populaires à la tentation du vote FN. Dans quel milieu évoluent les camarades pour ne pas se rendre compte que le problème de notre camp social aujourd’hui n’est pas tant les illusions dans le vote Macron mais le glissement d’une partie de notre classe vers le vote FN ? En effet, 37% des ouvriers qui ont voté l’ont fait pour MLP, 15% des sympathisants CGT également,…
Pour tenter d’arriver à nous convaincre Emmanuel Barot cite de façon tronqué un texte de Trotsky. En en retirant la conclusion du paragraphe. Nous reproduisons ci-dessous le passage en question et nous y ajoutons en gras le passage omis par Barot.
« La social-démocratie soutient Brüning, vote pour lui, assume la responsabilité de sa politique devant les masses, en se fondant sur l’affirmation que le gouvernement Brüning est un "moindre mal". C’est ce point de vue que le Rote Fahne essaie de m’attribuer, sous prétexte que j’ai protesté contre la participation stupide et honteuse des communistes au référendum d’Hitler. Mais est-ce que l’opposition de gauche allemande, et moi en particulier, avons demandé que les communistes votent pour Brüning et lui apportent leur soutien ? [Ici Trotsky parle du vote de députés communistes au parlement dans un système parlementaire proportionnel - NDLR] Nous, marxistes, considérons Brüning et Hitler ainsi que Braun comme les représentants d’un seul et même système. La question de savoir qui d’entre eux est un "moindre mal" est dépourvue de sens, car leur système, contre lequel nous nous battons, a besoin de tous ses éléments. Mais aujourd’hui, ces éléments sont en conflit, et le parti du prolétariat doit absolument utiliser ce conflit dans l’intérêt de la révolution.
Dans une gamme il y a sept notes. Se demander quelle note est la "meilleure", do, ré ou sol, n’a pas de sens. Cependant, le musicien doit savoir quand et sur quelle touche frapper. Se demander abstraitement qui, de Brüning ou Hitler est le moindre mal est tout aussi dépourvu de sens. Mais il faut savoir sur laquelle de ces touches frapper.
C’est clair ? Pour ceux qui ne comprennent pas, prenons encore un exemple. Si l’un de mes ennemis m’empoisonne chaque jour avec de faibles doses de poison, et qu’un autre veut me tirer un coup de feu par derrière, j’arracherais d’abord le revolver des mains de mon deuxième ennemi, ce qui me donnera la possibilité d’en finir avec le premier. Mais cela ne signifie pas que le poison est un " moindre mal " en comparaison du revolver. »
Nous ne défendons pas la théorie du « moindre mal », seulement, avec Trotsky, nous distinguons les faibles doses de poison du revolver. Oui, pas un travailleur ne doit aller voter pour le FN !
Dans son entreprise, Emmanuel Barot va même jusqu’à détourner la pensée antifasciste d’Ernest Mandel pour mieux faire passer la pilule !
Dans le passage cité par Barot, Ernest Mandel dénonce le fait de crier au fascisme à mauvais escient.
« C’est commettre la même erreur fatale que les dirigeants du KPD entre 1930 et 1933, lorsqu’ils présentaient Brüning, Papen… comme l’incarnation du fascisme [au lieu du bonapartisme] ce qui amena les travailleurs à la conclusion que le monstre n’était pas tout à fait aussi terrible qu’on le présentait. » (Du fascisme, Paris, Maspero, 1969, § VI, p. 63-64). »
Si nous ne pouvons que souscrire aux affirmations d’Ernest Mandel, une fois de plus nous dénonçons la rhétorique d’Emmanuel Barot. Ici Mandel met en garde contre le fait d’assimiler des courants non-fascistes à des courants fascistes. Traduit en affirmation contemporaine cela voudrait dire « Valls, Macron, Sarkozy ne doivent pas être qualifiés de fascistes ». Il ne faut pas entretenir cette confusion qui ne permet pas d’avoir une politique révolutionnaire juste. Nous ne pouvons être que d’accord.
Et dans la même logique, pour avoir une politique révolutionnaire juste, il ne faut pas assimiler des organisations à caractère fasciste à des courants bonapartistes de la bourgeoisie. C’est pourtant cette grave erreur que fait Emmanuel Barot, entrainant dans la confusion les quelques jeunes qu’il influence.
En réponse, nous citons (longuement) à notre tour Ernest Mandel, grand théoricien du fascisme, qui a su faire vivre et mettre à jour les acquis de Trotsky, loin des dérives qui consistent à adapter la théorie aux besoins conjoncturels de son orientation.
« Menaces d’hier, menaces d’aujourd’hui
Vu la montée générale de l’extrême-droite partout en Europe, on peut se poser légitimement la question : y a-t-il un parallèle entre la menace d’hier et la menace d’aujourd’hui ? La réponse doit être oui. Il ne faut pas se laisser abuser par une double ambiguïté que le Front National et le Vlaams Blok entretiennent délibérément.
Il y a d’abord l’ambiguïté entre le masque politique qu’ils affichent en public et leurs visées fondamentales qu’ils cherchent encore à cacher. Pour piper des voix, obliger la droite traditionnelle à les considérer comme partenaires valables, conquérir une légitimité pseudo-démocratique, ils jouent la carte des "valeurs chrétiennes traditionnelles" : patrie, famille, sécurité, défense de l’ordre, etc. Mais quand on examine l’idéologie de leur "aile marchante", on y retrouve les nostalgiques du fascisme sans fards ni fausse honte, racistes, antisémites, xénophobes, anti-féministes, adversaires farouches des syndicats et du mouvement ouvrier, apologistes et avocats des pires crimes contre l’humanité.
Deuxième supercherie : le Vlaams Blok se présente volontiers comme un défenseur des petites gens. Il affirme s’opposer aux immigrés pour que les chômeurs flamands puissent trouver un emploi. S’il fait feu de tout bois avec l’argument anti-immigrés, c’est qu’il sent que cet argument rencontre des préjugés présents dans pas mal de milieux populaires. Mais ce masque cache de nouveau le véritable visage. Dans le programme du Vlaams Blok, la problématique des immigrés est à peine mentionnée. Elle n’y occupe qu’un seul paragraphe.
Le prétendu "nationalisme populaire" est en réalité un nationalisme des riches, visant à rendre les pauvres impuissants. Le Pen lui-même est un multi-milliardaire. Dillen est lié à des milieux bancaires et industriels bien connus en Flandre.
Le Vlaams Blok veut interdire les piquets de grève comme "milices armées privées". Il vise à démanteler les syndicats. Il prône un régime corporatiste à la Mussolini qui fait du patron le seul maître à bord dans l’entreprise. Qu’est-ce qui est "populaire" à ce propos, sinon la démagogie ?
Il faut certes distinguer l’idéologie de cette petite clique de nostalgiques du nazisme et la mentalité confuse de la grande masse des électeurs du Vlaams Blok qui ne partagent guère cette nostalgie. Ils sont motivés par la frustration et le sentiment d’être laissés pour compte. Mais dans la mesure où ils ont le sentiment que "centre-droit"et "centre-gauche", c’est de plus en plus chou vert et vert chou ; qu’il n’y a aucune solution de rechange présentée par les partis traditionnels, que la démocratie parlementaire est enrayée, impuissante et corrompue, ils sont tentés de chercher leur salut ailleurs.
Dans ce sens, la menace est réelle que l’extrême-droite, laissant de plus en plus tomber ses masques, étende sa main vers le pouvoir. Pas sans doute dans l’immédiat mais au cas où la dépression économique aura considérablement accru le nombre de chômeurs, des "nouveaux pauvres" et des "laissés pour compte".
Écraser la menace dans l’œuf
II y a cependant des différences substantielles entre la situation actuelle et celle des années trente. Avant tout, le danger d’une dictature fasciste se présente aujourd’hui pour la deuxième fois. Or, un homme ou une femme avertis en valent deux.
Ensuite, dans aucun pays d’Europe, le chômage et le déclassement n’atteignent 40 à 50 de la population comme ils le firent en Allemagne à ce moment-là. La base sociale potentielle du mouvement de masse fasciste reste donc beaucoup plus étroite. C’est d’autant plus vrai que le chômage et le déclassement frappent aujourd’hui avant tout des secteurs de la classe des salarié(e)s, plus facilement récupérables que les bourgeois, si le mouvement ouvrier et le front antifasciste adoptent à leur propos une orientation adéquate et correcte.
A cet égard, on ne peut pas oublier une vérité fondamentale déjà exprimée par le socialiste convaincu que fut Albert Einstein dans les années trente : aucune lutte antifasciste efficace n’est possible sans une élimination radicale du chômage. Voilà pourquoi l’orientation politique d’acceptation de l’austérité adoptée par la social-démocratie européenne, ainsi que par la majorité de la bureaucratie syndicale est lourde de conséquences. Elle fait objectivement le lit de l’extrême-droite.
La lutte antifasciste réclame une critique résolue de cette politique-là ainsi que des propositions concrètes d’une politique économique de rechange. Enfin, l’homme et la femme ne vivent pas seulement de pain. Derrière l’attrait que le racisme et la xénophobie exercent sur certaines couches de la population, il y a la retombée de la crise de crédibilité du socialisme en tant que projet de société alternatif par rapport au capitalisme.
On ne combattra le fléau fasciste qu’en refusant de faire une quelconque concession au racisme et à l’égoïsme étroit. On ne le combattra qu’en défendant franchement les valeurs socialistes et humanistes de solidarité, qu’en démontrant en pratique qu’elles servent, mieux que les préjugés, les intérêts réels de tous les salarié(e)s, qu’elles donnent un sens à la vie mille fois plus valable que les mythes inhumains. On ne le combattra qu’en réinventant l’espoir de bonheur pour tous.
Avertissements ignorés
Seuls Trotsky et quelques intellectuels allemands courageux avaient compris l’ampleur du danger. Trotsky avertit la classe ouvrière allemande : si vous laissez les nazis arriver au pouvoir, ils passeront comme un char d’assaut sur vos os. Les nazis au pouvoir, c’est la guerre contre l’Union Soviétique, c’est l’extermination physique des populations juives d’Europe, pronostiquait Trotsky. Il faut par tous les moyens empêcher les fascistes d’arriver au pouvoir. Il faut avant tout constituer contre eux l’unité d’action, de la base au sommet, de toutes les organisations ouvrières, sans ultimatisme aucun. Ces cris pathétiques n’ont pas été entendus. E.M (1992) »
Il nous apparaissait important de polémiquer avec Emmanuel Barot et Révolution Permanente car l’orientation développée par ces camarades nous semble contradictoire avec une double nécessité : le combat pour le Front Unique et la construction du parti révolutionnaire.
Combat pour le Front Unique plus nécessaire que jamais face à la montée de l’extrême-droite et au danger fasciste comme face aux politiques libérales promises par Macron. Hors, aujourd’hui, l’orientation du courant mis en cause est un obstacle au Front Unique. En faisant d’un préalable le renvoi dos à dos de Le Pen et de Macron pour agir contre le FN, ils contribuent à diviser les secteurs de la jeunesse et du prolétariat disponibles à se mobiliser. Le refus de signer l’appel unitaire contre le FN dans la jeunesse (qui n’appelle pas à voter Macron !) est une grave erreur. Cette politique sectaire est bien étrangère à notre courant. Croire qu’on met en mouvement en commençant par diviser et l’exact opposé de ce que nous pensons nécessaire à partir du moment où l’on ne tombe pas dans le Front Républicain et qu’on agit en indépendance de classe.
Mais cette orientation est également contradictoire avec l’unité des révolutionnaires, vers la construction d’un parti révolutionnaire large. Les camarades pensent que cet objectif ne sera atteint qu’après avoir démasqué les centristes dans le NPA qui par leur orientation « Pas une voix pour le FN » sont des alliés objectifs du Front Républicain. Incapables de se nourrir des expériences des autres courants pour avancer, ils tentent de séparer le bon grain de l’ivraie pour construire autour de leur groupe. Cette orientation ne peut que conduire à l’impuissance et à la marginalisation par rapport au reste du mouvement ouvrier. Elle doit être battue en brèche.