Ce vendredi 6 novembre à Moirans, Manuel Valls va sans aucun doute poursuivre la course à distance qu’il mène, depuis plusieurs mois, avec Nicolas Sarkozy. Son objectif est d’apparaître comme le plus implacable et acharné dans la répression de toute forme de révolte ou de simple contestation face à l’ordre existant. Les pauvres, les immigré/es, les habitant/es des quartiers populaires et les militant/es syndicalistes ou politiques de gauche sont les principales victimes de cette guéguerre des chefs en mode « premiers flics de France ».
Nul ne peut se faire d’illusion. Valls ne viendra pas à Moirans pour écouter la colère de ces familles « voyageurs » bien souvent stigmatisées, qui, frappées par le deuil terrible de la perte d’enfants, se sont vu refuser un droit élémentaire. Le refus fait à une personne détenue et ne risquant pas de s’enfuir, d’assister à l’enterrement de son frère apparaît pourtant comme une décision arbitraire et brutale. D’autant qu’il avait eu un précédent où après un blocage d’autoroute, la personne incarcérée avait eu droit de sortie. Mais non, il ne s’agira nullement de réfléchir à une amélioration des conditions de vie dans des prisons françaises pourtant jugées par de nombreuses institutions nationales et internationales comme inhumaines et inacceptables. A Moirans, le menton haut et le ton guerrier, Valls va nous ressortir ses rodomontades de matamore.
Les premières déclarations du président de la République comme de son premier ministre, des ministres de l’intérieur ou de la justice ont en effet été sans équivoque. Dénonciation de « violences inadmissibles », « promesse de fermeté » etc.. De plus en plus, le gouvernement cherche à donner des gages à sa droite et à son extrême-droite, souhaitant apparaître comme des modèles de sévérité répressive tout en attaquant peu à peu nombre de nos libertés démocratiques. On chercherait ici en vain un quelconque positionnement politique « de gauche ».
Or le danger qu’entraîne ces postures est grand. Elles imposent peu à peu l’idée qu’autoritarisme, restriction des droits et répression sont la seule voie pour résoudre la crise sociale et politique que nous traversons. Comme lors de l’arrachage de chemises à Air France, les déclarations du pouvoir pointent du doigt la soi-disant violence de ceux et celles qui protestent, et justifient l’arbitraire et les violences de l’Etat, de sa justice, de sa police... Elles ne peuvent ainsi que renforcer les idées et les forces de droite et d’extrême droite en France.
Le NPA 38 considère au contraire que la colère des familles de Moirans était légitime. Que l’émeute de la prison de Aiton fut un acte de solidarité courageux. Nous pensons qu’il est essentiel aujourd’hui de respecter les droits humains de chacun/es, et de remettre fondamentalement en cause le système carcéral. Nous dénonçons les déclarations de Valls, Cazeuneuve ou Taubira sur cette question. Il est à craindre que, tel le pompier pyromane, Valls ne fasse à Moirans que mettre encore de l’huile sur le feu, dans une stratégie de la tension qui peut mener au pire.
NPA Grenoble, le 05 novembre 2015