Nettoyage des gares SNCF du réseau Paris-Nord. Les raisons du combat des salariés de Onet
Toute grève exprime sa part de colère, de ras-le-bol, mais également de dignité. Ce sont les trois ressorts du combat que portent 84 salarié-e-s de chez Onet. Ils s’occupent, pour le compte de la SNCF, d’un des chantiers de nettoyage sous-traité concernant 75 gares du réseau Paris-Nord, à partir de Saint-Denis. Cela fait quarante jours que, d’assemblée générale en assemblée générale, et de façon très majoritaire (84 sur 107), ils usent de la seule arme dont ils disposent : la grève. Ils se battent pour des choses aussi élémentaires qu’un peu plus de respect et de considération de la part d’Onet, mais également de la société donneur d’ordre, la SNCF. Ils se battent pour leurs conditions de travail, un panier-repas à 4 euros pour tous et non 1,90 euros ou encore la pérennisation de la totalité de postes fixes en CDI.
Cela fait un mois maintenant qu’Onet fait la sourde oreille, puis fait mine de négocier. En parallèle, elle envoie des intérimaires sous escorte nettoyer les gares et demande l’intervention de la police. Pendant ce temps-là, la SNCF regarde ailleurs. Mais c’est bien la SNCF qui est donneur d’ordre. Les chantiers sont multiples, au niveau du nettoyage des gares, des trains ou des plateformes internationales. Partout, néanmoins, en région parisienne, ce sont des salariés d’une entreprise sous-traitante, Onet, qui font les « petites-mains », celles et ceux que l’on croise sur un quai sans jamais les voir. En faisant grève, ces travailleurs et travailleuses, « invisibilisé-e-s » jusqu’à hier, surgissent à la lumière : ne les laissons pas retourner dans l’ombre par notre indifférence.
Partout la SNCF rogne : sur les investissements, les conditions de sécurité des cheminots et des voyageurs, mais aussi au niveau du nettoyage. En faisant grève, c’est aussi contre la logique de privatisation à l’œuvre ou de précarisation en cours que les salariés d’Onet Paris-Nord se battent. C’est un combat pour les cheminots et pour tous les usagers des transports en commun.
Nombre de celles et ceux qui travaillent sur le chantier Onet de la région Paris-Nord vivent dans les quartiers populaires. Ils et elles sont souvent victimes du racisme voire doivent, de surcroît, subir au jour le jour un sexisme particulièrement décomplexé, soumis ainsi à une double sinon triple peine. En affirmant, par la grève, leur détermination et leur dignité, c’est notre dignité à toutes et à tous qu’ils défendent.
Parce qu’il ne faudrait qu’un signe de la direction de la SNCF pour débloquer ce conflit, parce qu’il faut appuyer les grévistes contre l’entreprise sous-traitante, parce que leurs revendications sont justes, nous leur apportons tout notre soutien et invitons à contribuer financièrement à leur combat.
LISTE COMPLÈTE DES SIGNATAIRES
Eric Alliez, philosophe ; Bastien Amiel, politiste ; Clémentine Autain, députée France Insoumise 93 ; Etienne Balibar, philosophe ; Ludivine Bantigny, historienne ; Emmanuel Barot, philosophe ; Hourya Bentouhami, philosophe ; Olivier Besancenot, porte-parole du NPA ; Frédéric Bodin, secrétaire national de l’Union syndicale Solidaires ; Aurélien Boudon, co-secrétaire de l’UD Solidaires 93 ; Mireille Bruyère, économiste ; Vincent Charbonnier, philosophe, responsable syndical SNESUP-FSU ; Christophe Chirch, CGT Flex-N-Gate, Haut-Rhin ; Vanessa Codaccioni, politiste ; Eric Coquerel, député France Insoumise 93 ; Alexis Corbière, député France Insoumise 93 ; Philippe Corcuff, politiste ; Alexis Cukier, philosophe ; Amel Dahmani, secrétaire de Sud CT 93 ; Laurence De Cock, historienne, fondation Copernic ; Christine Delphy, sociologue ; Vincent Duse, CGT PSA Mulhouse ; Simon Duteil, secrétaire national de l’Union syndicale Solidaires ; Emma, dessinatrice ; Didier Fassin, anthropologue ; Eric Fassin, sociologue ; Fédération Sud-Rail ; Etienne Fieux, mathématicien ; Arnaud François, philosophe ; Franck Gaudichaud, politiste ; Isabelle Garo, philosophe ; Claire Gensac, co-secrétaire de l’UL Sud Solidaires Saint-Denis ; Nacira Guénif, sociologue ; Cécile Godard Lalanne, co-deléguée générale de l’Union syndicale Solidaires ; Aurélie Guillain, angliciste ; Anne Jollet, historienne ; Tiziri Kandi, CGT Hôtels de prestige et économiques (HPE) ; Anasse Kazib, délégué Sud Rail Paris Nord ; Razmig Keucheyan, sociologue ; Stathis Kouvélakis, King’s College Londres ; Reynald Kubecki, Secrétaire général Cgt Sidel ; Bastien Lachaud, député France Insoumise ; Lila Lamrani, docteure en philosophie ; Jerôme Lamy, historien et sociologue des sciences ; Compagnie Jolie-Môme ; Claude Lévy, responsable CGT Hôtels de prestige et économiques (HPE) ; Olivier Long, universitaire et peintre ; Frédéric Lordon, économiste et philosophe ; Armelle Mabon, historienne ; Pascal Maillard, universitaire, responsable syndical SNESUP-FSU ; Patrice Maniglier, philosophe ; Jamila Mascat, philosophe ; Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central CGT PSA ; Eric Meyer, secrétaire Fédération Sud-Rail ; Bénédicte Monville-De Cecco, conseillère régionale IDF ; Olivier Neveux, professeur d’histoire et d’esthétique du théâtre ; Gérard Noiriel, historien ; Danièle Obono, députée France Insoumise 75 ; Ugo Palheta, sociologue ; Willy Pelletier, sociologue, Fondation Copernic ; Roland Pfefferkorn, sociologue ; Timothy Perkins, artiste et architecte ; Christine Poupin, porte-parole du NPA ; Philippe Poutou, porte-parole du NPA ; Lissell Quiroz-Pérez, historienne ; Manuel Rebuschi, universitaire ; Matthieu Renault, philosophe et politiste ; Révolution Permanente.fr, quotidien en ligne ; François Ruffin, député Picardie Debout ; Arnaud Saint-Martin, sociologue ; Julien Salingue, politiste ; Valentin Schaepelynck, sciences de l’éducation ; Guillaume Sibertin-Blanc, philosophe ; Syndicat Sud CT 93 ; Franck Thery, CGT SevelNord ; Jean-Baptiste Thomas, historien ; Sylvie Tissot, sociologue ; Rémy Toulouse, éditeur ; Assa Traoré, Comité Adama Traoré ; Enzo Traverso, historien ; Guillaume Vadot, politiste ; Emile Vandeville, secrétaire général Union Locale CGT Valenciennes ; Xavier Vigna, historien ; Caroline Zekri, universitaire.