Un an après son élection, Macron s’est présenté, ce 13 juin, devant le congrès de la Mutualité comme l’homme des promesses sociales tenues. En annonçant la mise en application d’une de ses propositions de campagne les plus populaires, le « reste à charge zéro » c’est-à-dire le remboursement intégral de certaines catégories de lunettes, de prothèses dentaires et auditives il cherche à atténuer l’image de « président des riches qui lui colle (à juste titre) à la peau.
Mais derrière l’effet d’annonce, la réalité est bien différente. Car qui, dans la réalité va régler la note ? La mise à contribution très limitée de la Sécurité sociale, n’a pour but que de faire accepter la mesure, mais c’est bien l’accélération du basculement vers un système de santé dominé par les assurances qu’organise le « reste à charge zéro » voulu par Macron.
Le désengagement de la Sécurité sociale , au nom de la lutte contre les « déficits », s’accompagne depuis plusieurs années d’une augmentation rapide de la part des complémentaires « mutuelles » ou assurances dans le financement des soins. Une étude de l’UFC « que choisir » établit que de 2006 à 2017 la cotisation moyenne à une complémentaire santé a augmenté de 47%, c’est-à-dire 3 fois plus que l’inflation. Avec les nouvelles mesures annoncées ce matin, tout comme la mise en place d’un risque « dépendance » pour 2019, financé lui aussi largement par les complémentaires, c’est le dépérissement programmé de la Sécurité sociale, au profit d’un système assurantiel et de réseaux de soins privés qui connaît une brusque accélération.
Le reste à charge zéro, c’est-à-dire la gratuité de tous les soins et prothèses est une nécessité, Mais il doit être assumé à 100% par la Sécurité sociale, elle-même exclusivement financée par des cotisations sociales versées par les employeurs et non par la CSG.
Le reste du discours présidentiel, sifflé et interrompu à plusieurs reprises , ne laisse d’ailleurs aucun doute sur la vision du « social » qu’ont le président et son gouvernement : une assistance minimum, aux plus pauvres et aux incurables, et non des droits sociaux pour tous.
Après avoir répondu il y a quelques semaines qu’il n’avait pas « d’argent magique » pour les hôpitaux, Macron s’est mis en scène dans une vidéo pour dénoncer le « pognon de dingue » mis dans les aides sociales.
C’est que pour lui, comme pour ses amis du MEDEF, le but du « pognon » est d’abord d’aller grossir les profits de ceux qui en ont déjà, en réduisant toujours la part de ceux qui n’en ont pas, et en leur retirant les droits dont ils disposent.
C’est bien avec cela qu’il faut rompre, en finissant au plus tôt avec ce président et ce gouvernement des riches. Le « pognon », il y en a, toute la question est de savoir à qui il va.
Montreuil, le 13 juin 2018