Le service national universel (SNU) est un outil à peine camouflé de propagande militaire développé par la bourgeoisie française depuis le début du mandat de Macron. Plus une semaine ne se passe, sans une allusion des membres du gouvernement, des préfectures ou de la presse dominante (nationale et locale) pour vendre le soi-disant bienfait de ce dispositif tourné vers la jeunesse.
Présenté comme une possibilité d’insertion dans la vie sociale et de découverte de milieux professionnels comme le domaine associatif ou des sapeurs-pompiers, il est avant tout une machine militaire et réactionnaire pour fidéliser les participantEs à une appartenance nationale spécifique à laquelle les jeunes auraient « un devoir de service ». Bref une machine nationaliste et patriotique ayant pour but de normaliser les esprits afin d’éviter toutes critiques de l’impérialisme français, d’éloigner les perspectives d’émancipation de la jeunesse et de tracer le chemin de recrutement des armées pour la prochaine décennie au moins.
Des hésitations au sein du gouvernement et des armées ont dans un premier temps ont rendu incertain le calendrier de déploiement et le contenu que devait prendre précisément ce SNU. Les nombreuses crises qu’a connu la première moitié du mandat Macron et la violence répressive utilisée contre la population ont délégitimé en partie l’Etat, son lien avec la population et les corps répressifs, notamment de police et gendarmerie. Une première partie de mandat où la jeunesse n’était clairement pas la priorité puisqu’aucune des grandes politiques menées par le gouvernement n’a été orientée en son sens, que se soit en acte ou en parole. Des voix même dans les états-majors craignaient aussi que le passage « en force » du SNU ramènerai un certain antimilitarisme au goût du jour. Raisons pour laquelle ce dispositif s’est cantonné dans un premier temps au strict minimum en nombre de participantEs et d’écho médiatique.
Depuis, plusieurs éléments ont donné confiance à la macronie pour ancrer définitivement le déploiement de son dispositif à grande échelle. Premièrement le fait d’avoir contenu le mouvement des gilets jaunes et d’avoir regagner la confiance des policierEs avec un Darmanin qui les couvrent et les défend systématiquement qu’elle que soit les fautes commises et leur gravité. Ensuite un cycle de lutte qui a été ramené à peau de chagrin avec les restrictions covid, enfin avec des discours et des apparitions spécifiquement tournées vers les lycéenNEs et les étudiantEs, qui fonctionnent en partie.
Depuis des mois, le gouvernement s’est mis à jour en termes de communication en direction de la jeunesse : discours de « soutiens aux étudiantEs qui ont souffert pendant le confinement », code de la route gratuit pour les volontaires du SNU, adoption des codes des jeunes avec des vidéos commandées à des influenceu.r.ses sur YouTube, apparition de membres du gouvernement sur TikTok ou encore le déploiement de comptes Instagram relayés sur les sites officiels. Enfin la vente du dispositif façon rêve de vacance est de mise, comme l’illustre la mention qui apparaît en pleine page lorsqu’on ouvre le site en ligne du SNU « "C’était vraiment incroyable ! On ne s’ennuie jamais, personne n’est mis de côté, on est tous soudés : la cohésion est juste magnifique." Et si comme Elise vous tentiez l’aventure du SNU … ».
A peine la deuxième année de SNU commence que les polémiques, nombreuses, viennent entacher la communication. La première est symbolique, présenté comme un séjour de cohésion à ses débuts, le gouvernement a depuis complété ses propos pour le présenter comme un dispositif de lutte contre les séparatismes. Une double manière de créer un sentiment de rejet arbitraire pour beaucoup de particpantEs et de prévenir d’une certaine façon qu’il n’y a qu’une manière d’être ou de penser… celle tracer par l’Etat bien entendu. Au contraire de la cohésion, l’Etat construit l’exclusion.
Chant de la marseillaise tous les jours à la levée de drapeau à 8h, entraînement au garde à vous, défilé au 14 juillet, des dortoirs en guise chambre et bien entendu l’uniforme bleu blanc rouge. Des incidents plus spécifiques ont aussi été remontés comme un réveil à l’alarme incendie avec déclenchement de fumigène et simulation de fusillade ayant conduit à des malaises et crises de paniques. Ou encore la venue de malaises multiples suite au maintien de positions immobiles maintenues sous le cagnard de l’été. Certainement la pointe de l’iceberg de situation beaucoup plus humiliantes, fréquentes et dangereuses.
Alors que le SNU s’adresse en particulier aux jeunes de niveaux lycées, ces derniers jours a été déployé un programme public-privé de promotion « pédagogique » du porte-avion Charles de Gaule avec pour public cible … 26000 enfants de 10 à 11 ans. Le programme est composé de brochure et livret formant un kit surnommé « Le grand Charles ». En macronie, le roman national ne s’arrête jamais.
Passé les premières années « test » du volontariat, le gouvernement et une grande partie de la bourgeoisie française veulent rendre le SNU obligatoire. L’objectif est le même qu’historiquement : fidéliser la population à la mobilisation militaire pour à minima que l’opinion publique soutiennent massivement les opérations militaires et donc l’impérialisme français, et enfin d’avoir une population prête à faire ou à subir la guerre pour la « Nation » en cas de besoin.
Ces dernières années, la jeunesse s’est mobilisées (et se mobilise encore) pour défendre l’enseignement gratuit ou la planète, tout comme elle s’est mobilisée au travers des luttes féministes, LGBTI, antiracistes et antifascistes. Certainement pas pour le nationalisme et l’enrôlement militaire !
Il y a cependant un risque que la propagande du gouvernement fidélise une importante partie de la jeunesse étant donné le potentiel de sa machine de propagande militaire qui est à présent consolidée. Pour nous les jeunes, pour notre classe sociale, face aux desseins mortifères de la bourgeoisie, opposons-nous au SNU !
Ten Saqer