Décidément, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! Contesté par le corps enseignant, rejeté par les organisations de jeunesse, décrié par une partie des État-major (pour leur intérêts propres), Macron se voit obligé de reporter – à court terme - l’obligation et l’extension du Service National Universel.
Ce n’est pas la première fois que le SNU se voit prendre un camouflet. Basé sur le volontariat et Initié en 2019, 400.000 jeunes auraient dû y faire un passage jusqu’en 2022. Ils et elles n’ont été que 52.000 cumulé.es sur 2019, 2021 et 2022 (la session 2020 ayant dû être annulée). Il s’agit pourtant d’une des priorités affichées du quinquennat « pour » la jeunesse.
On peut même dire que de ce côté-là, Macron persiste mais ne signe pas. Il a déjà dû abandonner en janvier 2023 sa mesure phare de réforme des lycées pro où une augmentation de 50 % du temps passé en entreprise était prévue, au détriment du temps et des moyens alloués à l’enseignement. Cette autre priorité « pour » la jeunesse ayant rencontrée un front syndical inédit et pleinement opposé à cette attaque frontale de la scolarité.
Ce report (et non abandon), illustre une crainte de la macronie d’une rupture politique et sociale des jeunes générations avec son projet politique global. C’est qu’il y a de quoi : nomination de ministres accusés de violences sexuelles et sexistes, laisser-faire de la catastrophe écologique en cours, dégradation et pression exacerbée du parcours scolaire. Autant de mépris face à nos préoccupations quand on a autour des 20 ans.
Mais c’est bien sur la question du 49.3 et des violences policières qui cristallise la colère de la jeunesse et les fait rejoindre le mouvement. Car depuis deux mois, elle semblait bien comme la grande absente à une échelle significative du mouvement sur les retraites. Aussi, même si la lutte contre la réforme n’est pas absente de nos rangs, le point de fixation de la colère dans les lycées et établissements du supérieur est la violence physique et antidémocratique du régime. Remise en cause de l’appareil d’État et des corps du « maintien de l’ordre » ne font donc pas bon régime avec une extension et une obligation du SNU, considéré comme un retour du service militaire.
C’est bien ce qui a poussé le gouvernement à reculer : la crainte que la mobilisation de la jeunesse se poursuive et passe d’une échelle significative, à une échelle de masse. Voire qu’elle prenne le relai du mouvement, aux syndicats et aux salarié.es. Le mois de mai n’est jamais loin des esprits …
Ce report d’obligation et d’extension du SNU est une bonne nouvelle. La mobilisation de la jeunesse doit cependant se poursuivre et se renforcer dans le cadre du mouvement sur les retraites. Au-delà, c’est bien une mobilisation contre le SNU qu’il faut réussir à développer à large échelle. Avec notamment deux mots d’ordres : empêcher l’extension et l’obligation du SNU, puis exiger sa suppression totale !