Communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme Toulouse et de l’AUTATE
Deux études récentes réalisées par le Haut Conseil à l’Egalité femmes-hommes (HCE fh) en 2015 et par la FNAUT en 2016 ont permis de reconnaître l’ampleur du harcèlement et des violences sexistes dans les transports collectifs et leurs conséquences sur la vie des femmes. Leurs résultats montrent également que ce phénomène n’est pas réductible à un profil type d’hommes, de lieux ou de territoires.
Le harcèlement sexiste regroupe les sifflements, les commentaires sur le physique, le comportement, la tenue vestimentaire, les présences envahissantes et opprimantes, les injures et les menaces.
Les violences sexuelles regroupent l’exhibition, le harcèlement sexuel (avances, gestes à connotation sexuelle…), l’agression sexuelle (attouchements, frottement…) et le viol.
· 100% des utilisatrices des transports en commun ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou de violences sexuelles ! Pour près de la moitié cela leur arrive « souvent » ou « très fréquemment ».
· Dans 9 cas sur 10 de harcèlement, des témoins sont présents et dans 89% des cas, ils n’ont aucune réaction.
· 95% des enquêtées ont été harcelées par un homme et/ou par un groupe d’hommes (55%).
· Seul 3% des femmes ayant répondu à l’enquête de la FNAUT ne craignent « jamais » d’être harcelées dans les transports !
Cette situation est d’autant plus grave que les femmes représentent 2/3 des usager.ère.s des transports collectifs et qu’une grande part de leurs déplacements ne constituent pas un choix, mais des trajets contraints jusqu’au travail, l’école des enfants, l’université…
· Pour 81% des femmes ayant répondu à l’enquête de la FNAUT, le harcèlement a des conséquences graves : 34% utilisent d’autres moyens de déplacement, 54% n’utilisent pas les transports à certaines heures, 48% changent de tenue vestimentaire… ! Le harcèlement sexiste et les violences sexuelles entravent leur liberté de se déplacer et remettent en cause leur place dans l’espace public.
· 71% des femmes victimes de harcèlement ont subi des actes constituant des infractions pénales. Or, seules 2% ont effectivement porté plainte.
Ces données démontrent une minimisation du harcèlement et des violences sexistes, une méconnaissance de la loi de la part d’une majorité des auteurs et les difficultés des victimes de déposer plaintes afin que ces actes ne restent pas impunis.
Face à l’ampleur du harcèlement sexiste et des violences sexuelles dont sont victimes les femmes et les filles dans les transports collectifs, la Ligue des Droits de l’Homme et l’AUTATE demandent que les solutions recommandées par le HCE-fh et la FNAUT soient au plus vite mises en œuvre à Toulouse.
· Campagnes de sensibilisation permanentes dans les lieux publics et les transports à l’exemple des affiches de la campagne « Stop ça suffit » menée dans le cadre du plan national de lutte contre le harcèlement dans les transports.
· Diffusion de conseils pour réagir face à une situation de harcèlement à l’attention des victimes ou témoins potentiels.
· Contrôle plus strict des publicités sexistes dans l’espace public et les entreprises de transport (élaboration d’une charte luttant contre le sexisme et les stéréotypes de sexe dans les publicités diffusées dans les transports).
· Actions de sensibilisation dans les établissements scolaires.
· Participation des usagères dans les instances décisionnelles en matière de transports publics.
· Prise en compte de la spécificité de la mobilité des femmes et adaptation de l’offre de transport : déplacements plus complexes : maison/école/travail/courses - temps partiel et à horaires flexibles tôt le matin ou en soirée - etc. Par exemple, expérimenter dans les réseaux de bus le programme « Entre deux arrêts » à l’image des expériences canadiennes visant à rassurer une personne seule qui ne se sent pas en sécurité la nuit. ce programme offre la possibilité de demander à descendre entre deux arrêts pour se rapprocher de sa destination.
· Organisation de marches exploratoires permettant aux femmes de donner leur avis sur les cheminements qui conduisent aux stations en termes d’éclairage, de voirie, sur l’emplacement des arrêts de bus, la signalisation des appels d’urgence, la présence des personnels, etc.
Rendre visible les systèmes d’alerte
· Adapter et faire connaitre les systèmes d’alerte (numéro d’alerte, bornes d’urgence sur les quais) en mentionnant explicitement les « violences » comme motif de recours (« En cas de danger, de violences ou de malaise, appelez ce numéro »).
· Création d’un site internet TISSEO de témoignages pour les victimes de harcèlements : partage des informations, reconnaissance du phénomène, déculpabilisation des victimes, etc.
· Facilitation des plaintes : information des victimes sur leurs droits sur le site des transports, en gare, à bord des véhicules et des rames de métro – présence d’agent.e.s habilité.e.s pour recueillir les signalements et les plaintes dans les stations – reprise du système de la pré-plainte en ligne cela existe déjà pour les cas de vol ou de dégradation contre un auteur inconnu – etc.