La mairie de droite de Toulouse continue sa gentrification. Des quartiers hier mixtes ou populaires comme celui de Matabiau-Bonnefoy sont en passe de devenir des quartiers pour les classes moyennes, voire des quartiers de luxes. Depuis le milieu des années 2010, la municipalité a fait en sorte que le quartier se vide de sa population en rachetant en particulier une grande part du bâti avant de le démolir. Laissant un tissu social pauvre et un paysage repoussant de gravats et de pelleteuses. Il s’agit de la zone nouvelle nommée ZAC Grand Matabiau.
De nouveau, la mairie de Jean-Luc Moudenc brille de son mépris en voulant installer la future chaufferie bois/gaz de la ZAC sur les quartiers populaires du Nord de la ville (quartiers qui sont eux-mêmes hors de la ZAC). À cheval entre le Sud Borderouge et le Nord des Minimes. À nouveau la mairie se dit écolo en portant ce projet. L’impact environnemental et sanitaire au contraire inquiète à juste titre la population du secteur qui se mobilise et c’est tant mieux ! Nous leur apportons notre soutien et notre solidarité militante.
Toulouse est une des agglomérations les plus polluées aux particules fines d’Europe de l’Ouest où l’état de l’air est qualifié de dangereux par les pouvoirs publics sanitaires locaux, nationaux et européens, mettant en danger la santé de la population. La mairie a d’ailleurs tout récemment déployé la ZFE (Zone de Faible Émissions). En bref l’interdiction de circulation de nombreux véhicules qualifiés de trop polluant, afin de réduire le niveau de pollution. Mesure pertinente à priori, elle devient supercherie quand on sait que les voitures ciblées sont celles des classes populaires. Classes populaires que la gentrification pousse aux portes de la ville, qui sont laissées sans réelles mesures compensatoires en termes d’infrastructures, de remises en question des loyers et du refus de la généralisation de la gratuité des transports en commun. Les véhicules des riches, notamment les SUV dont l’impact environnemental et social est colossal, peuvent continuer librement de polluer - et de se déplacer. Bref c’est dans ce contexte que se déploie la volonté de la mairie de construire une centrale biomasse, qui brûlera en partie du bois, des dérivées de bois et du gaz.
Outre la contribution d’un tel projet au réchauffement climatique puisque le projet ne vise pas la sobriété énergétique et l’isolation des bâtiments, de nombreux autres problèmes sont soulevés. De manière générale, on fait face à un risque de déforestation massive et pas seulement à des échelles locales car les projets se multiplient et atteignent des dimensions de grande échelle demandant beaucoup de combustible. Bien au-delà des résidus de l’industrie du bois (qui pose également le problème de brûler des matériaux contenant de potentiels polluants pouvant amener à un cocktail très polluant du fait de leur traitement antérieur). L’impact sur les forêts dépasse la seule question de la déforestation mais d’importantes alertes se développent tant côté scientifique que militant sur les malforestation des forêts qui deviendraient très déstructurées et très peu résilientes. Car replantées à la va-vite avec des essences productives (monocultures) mais pas adaptées à l’écosystème. Ce qui représente un facteur de dégradation supplémentaire des sols, de hausse des inondations (du fait de la dégradation des sols) et l’accélération de l’érosion de la biodiversité. Enfin dans une période où la réduction des prélèvements et le recyclage sont de mise, on voit mal comment brûler une fois et définitivement du bois s’inscrit dans l’urgence écologique à laquelle nous faisons face.
Fort heureusement, la population des quartiers les plus concernées par les impacts de la centrale se mobilisent depuis plusieurs mois. Mais de façon directe ou un peu moins directe, nous sommes touTEs concernéEs. Installations de banderoles, distributions de tracts, rassemblement, réunions de quartiers sont autant d’activités militantes qui se multiplient. Ce qui est globalement portée par cette mobilisation est le refus de ce projet sur cette zone qui côtoie ne nombreuses habitations et établissements scolaires. Cependant, il est nécessaire de s’opposer au projet en tant que tel en remettant en cause la manière dont le capitalisme pousse à la surconsommation d’énergie et au verdissement d’énergie fossile pour les justifier, en les couplant à des énergies renouvelables (réellement renouvelable ou non d’ailleurs).
Aussi, nous devons porter le principe du ni ici ni ailleurs dans notre participation à cette lutte. Plus largement nous apportons à cette mobilisation, notre soutien et appelons à la construire et à rejoindre les prochaines échéances. La prochaine, le samedi 11 juin à partir de 11 h sur la zone voulue par la mairie pour l’emplacement futur de la centrale : le skate-park actuel de Borderouge. Au programme, occupation du lieu, rencontres, pique-niques, concerts et animations pour préparer la suite de cette lutte !
Toulouse, le dimanche 06 juin 2022
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