33 salarié.e.s licencié.e.s, des centaines transféré.e.s pour rien !
En 2015, la Ligue de l’enseignement, association d’éducation populaire, est en redressement judiciaire avec 8 millions d’euros de déficit ! La Ligue de l’Enseignement, c’est + de 60% de subventions publiques.
En 2016, la direction de l’association met en place un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE).
Les organisations syndicales alertaient pourtant, depuis des années, sur la situation financière de plus en plus désastreuse et proposaient des projets à étudier pour assurer la pérennité de l’association.
Dans ce moment critique, la Ligue de l’Enseignement a choisi de considérer que les activités périscolaires et extrascolaires ne sont pas rentables et a priorisé notamment le développement d’une activité commerciale dans une économie de marché social (Hôtellerie par exemple).
Ne se basant pas sur une politique réelle de sauvegarde de l’emploi, ce choix s’est avéré lourd de conséquence : plan de licenciements secs et de CASSE SOCIALE ! Il a entraîné le licenciement de 33 personnes et la perte de la gestion de 12 Centres de loisirs associés à l’école (CLAE) et 13 Accueils de Loisirs (ADL), 285 animateurs et animatrices transféré.e.s.
Les instances du personnel et les salarié.e.s ont continué à dénoncer ce plan social mais aussi le manque de transparence de la direction et le silence du Conseil d’Administration malgré les multiples interpellations.
Face à l’obstination de la direction à faire une restructuration de façon unilatérale, à l’absence de dialogue et à une attitude de mépris, une grève illimitée a éclaté le 9 février 2016. Pendant 6 semaines, les salarié.e.s grévistes ont occupé les locaux du siège de l’association.
Les grévistes souhaitaient que la direction assume sa responsabilité dans cette situation catastrophique et refusaient que leurs emplois soient touchés car ce n’était pas de leur faute !
Il.elle.s ont dénoncé la gestion désastreuse de la direction politique et exécutive ainsi que le chèque, une sorte de « prime pour bons résultats », de départ négocié de l’ancien secrétaire général (dont le montant global était égal au montant des mesures d’accompagnement pour les 33 personnes licencié-e-s) !
Il.elle.s ont aussi mis en cause la stratégie consistant à se séparer des CLAE et ADL, ce n’était pas la solution qui permettrait d’assurer la viabilité de l’association ! En effet, ce sont ces activités qui pouvaient aider à la pérennité sociale et financière de celle-ci. De plus, la Ligue de l’Enseignement, en tant qu’association d’éducation populaire, a toute sa place au sein de l’école, n’est-ce pas son cœur de métier ?!
Après un premier rejet, le PSE a finalement été validé par l’inspection du travail (DIRECCT) le 29 mars 2016 mais attaqué devant le tribunal administratif par les syndicats. Cette demande a été déboutée et les syndicats n’ont pas souhaité interjeter appel de cette décision très décevante.
Aujourd’hui, après une longue période d’observation, le tribunal de grande instance de Toulouse n’a pas encore totalement statué sur le nouveau plan de redressement déposé par l’association fin décembre 2017 !
Mais ce qui est certain c’est que, d’une part, les activités en milieu scolaire qui ont été reprises en gestion par les autres fédérations d’éducation populaire participent à leur bon développement et à la création d’emploi.
Et d’autre part, les effets économiques prévus quant aux activités commerciales sont toujours attendus…
Donc quels sont les effets positifs de ces pertes d’emploi ? Ils restent toujours à prouver à ce jour ... Quel gâchis !
Des salariées ont saisi le Conseil des Prud’Hommes pour faire valoir leurs droits et pour dénoncer l’injustice de ce PSE discriminatoire, notamment sans prise en compte des situations les plus précaires et avec la définition de catégories d’emploi partiale contestable (plus de 50 ans, parent isolé.e, porteur.euse de handicap, salarié.e.s engagé.e.s syndicalement …).
En outre, ont été visées les personnes qui se sont mobilisées contre cette stratégie « absurde » consistant à licencier et à se séparer d’activités d’éducation populaire bénéfiques à l’association, comme les accueils de loisirs, le Pole Insertion Formation… pour maintenir une majorité d’activités marchandes (ventes de terrains, accueil de sociétés privées ...).
Aujourd’hui, toutes les personnes ont été licenciées sans motif valable si tant est qu’il en existe ! Et, la majorité n’a pas retrouvé d’emploi pérenne.
Ce mouvement social a mis en évidence le désengagement de l’Etat et le manque de moyens des collectivités locales et financeurs publics dans le milieu associatif qui poussent les associations à trouver d’autres modes de financement. Il a aussi mis en lumière les pratiques douteuses qui gangrènent l’éducation populaire, complices des jeux politiques au travers des marchés publics !
Avec la rupture conventionnelle collective des ordonnances Macron, les patrons ont aujourd’hui une nouvelle arme qui va leur permettre de supprimer des milliers d’emplois sans avoir à justifier d’une raison économique, ni à élaborer un plan social, ni à proposer des reclassements. Et il ne sera en outre plus nécessaire d’attendre un an pour pouvoir réembaucher derrière. Ce qu’il s’est passé à la Ligue est aujourd’hui légal et généralisé.
Les soutiens ont été nombreux lors du mouvement social de 2016. La lutte n’est pas terminée !
Venir soutenir ces salariées qui résistent encore le mercredi 7 février devant le Conseil des Prud’Hommes, c’est affirmer que les résistances des salarié.e.s face aux patrons sont toujours importantes et croire en une bataille qui peut être gagnée !
C’est dénoncer le modèle économique libéral qui tue le social et qui ne marche pas ! C’est lutter contre tout un système économique ! Le capitalisme !!!