Le 21 septembre 2001 (bientôt 16 ans) à 10h17, l’usine AZF à Toulouse explosait : 31 morts (dont 21 salariés AZF et sous-traitants), vingt mille blessés, cinquante mille sinistrés, vingt-cinq mille logements touchés. En fait la plus grave catastrophe industrielle en France dans une usine qui fabrique des engrais azotés.
Le groupe Total, actionnaire majoritaire, a tout de suite compris que son intérêt était de rendre floue la compréhension d’un accident de cette ampleur. Après la pollution de l’Erika, l’exploitation des travailleurs forcée en Birmanie, ce mastodonte, véritable Etat dans l’Etat, à une image détestable et méritée de pollueur et de pilleur.
Aussi il ne va pas ménager ses efforts pour masquer ses responsabilités dans l’accident. Invocation de la piste terroriste (on est dix jours après le 11septembre), théories fantaisistes surfant sur le racisme, intimidations, entrave à l’enquête, dissimulation de preuves, tentative réussie de division des victimes en les montant les unes contre les autres…
Pourtant le 24 septembre 2012, la cour d’appel de Toulouse condamne (enfin !) l’ancien directeur de l’usine AZF à trois ans de prison dont un ferme et la société Grande Paroisse à 225 000 euros d’amende, une paille comparée aux bénéfices du groupe. Onze ans après l’explosion, enfin une bonne nouvelle de voir la responsabilité pénale du patron et de l’entreprise reconnue et de les voir condamnés pour homicides involontaires « par négligence ou imprudence ».
C’est le résultat de l’opiniâtreté et du courage de celles et ceux, syndicalistes qui ont refusé de se ranger aux côtés de la direction, victimes et leurs familles, riverains... qui n’ont jamais baissé les bras face à la puissance de Total.
Le délibéré affirme la certitude d’une explosion unique des nitrates déclassés et écarte les pistes infondées et en premier lieu celle de l’attentat. L’usine AZF a explosé à cause de négligences graves, en particulier dans la gestion des déchets et dans la perte de la notion de sécurité par le recours massif à la sous-traitance. Total est responsable et coupable.
Bien sûr le groupe ne peut pas supporter sa condamnation. Début 2015, la cour de cassation casse le jugement et ordonne un nouveau procès à la cour d’appel de Paris, ce qui interdit de fait une grande majorité des parties civiles de participer au débat. C’est ce procès qui débutera mardi 24 janvier à Paris et qui sera retransmis en direct au centre des congrès Pierre Baudis à Toulouse.
L’association des sinistrés du 21 septembre 2001 donne rendez-vous mardi 24 janvier à 12h devant la salle Pierre Baudis avec banderole et T-shirts. Plus que jamais il faut que les toulousainEs se retrouvent aux côtés des parties civiles et des sinistrés. A mardi !
NPA 31
Nous rendons une nouvelle fois hommage à notre camarade Jean-François Grelier qui nous a quitté fin 2016 à quelques semaines de ce troisième procès. A quelques dizaines, sinistrés et salariés, ils avaient la conviction que les seuls combats que l’on est sûr de perdre sont ceux auxquels on renonce. Ils n’ont pas renoncé. Vous retrouverez leur histoire dans le livre de Jean-François « La catastrophe d’AZF : Total coupable » chez Les Bons Caractères (15 euros).