Le plan de déplacement Urbain (PDU) proposé par le bureau du conseil syndical de Tisséo en octobre 2016 entre dans sa phase de consultation qui va durer 15 mois. L’ensemble des collectivités locales concernées vont devoir se positionner dans ce délai. Le texte ci-dessous présente la position du NPA Haute-Garonne sur ce PDU.
Les déplacements sont au cœur des problématiques urbaines. Ils jouent un rôle crucial dans la réflexion en termes d’urbanisme, car ils font le lien entre les différents espaces du territoire (économie, services, logements). C’est autour de ce rôle social pour la vie des habitants de l’agglomération que doit s’inscrire les politiques de déplacements des prochaines années.
Or, le plan mobilité proposé semble principalement répondre d’abord à une recherche d’attractivité de Toulouse pour les capitaux dans une guerre économique sans fin entre métropoles et non aux besoins de l’ensemble des habitants quel que soit leur revenu ou leur lieu d’habitation.
Avant de rentrer dans le détail du plan mobilité il est nécessaire de rappeler le contexte de métropolisation qui a créé une agglomération toulousaine éclatée et ségrégée aussi bien socialement que spatialement. Le fort accroissement de la population de l’agglomération depuis plusieurs décennies, au détriment des autres territoires entraîne un fort besoin d’espace. Cette pression foncière produit d’immenses extensions périurbaines par zones d’activités (habitations, commerces, industrie) munies de grands parkings et reliées par une voirie rapide coûteuse. Les services, administrations et lieux de culture restent eux concentrés au centre de Toulouse où la spéculation engendre des prix de l’immobilier déconnectés des coûts de construction et donc l’embourgeoisement du centre-ville.
Cette ségrégation spatiale et sociale implique une dépendance à la voiture des habitants de l’agglomération en dehors du centre-ville que n’ont pas enraillé la construction des deux premières lignes de métro. Cette dépendance peut s’avérer génératrice d’isolement pour des populations qui ne peuvent plus, faute de mobilité automobile, se rendre à un travail ou dans des commerces. La hausse prévisible du cout des carburants verra le piège se refermer sur ces exclus des centres-villes.
La réflexion autour des déplacements pose donc en premier lieu la question du modèle de développent urbain de ce début du XXIe siècle très ancré dans une vision capitaliste de concentration des richesses sur quelques métropoles dont Toulouse. Il faut casser le cercle vicieux de métropoles obligées de grossir au détriment du reste du territoire pour financer des infrastructures de plus en plus couteuses.
• Le projet ne répond pas à l’urgence écologique en prévoyant une augmentation de 10% des véhicules particuliers et de la consommation de carburant sur la période 2016-2030. Ces projections ne répondent donc pas à la loi sur l’air ni à celle de la transition énergétique. Ce plan mobilité ne fera qu’amplifier les problèmes de santé et congestion déjà trop présents sur l’agglomération.
• Le projet prévoit de concentrer une grande majorité des moyens alloués à la mobilité sur un projet de troisième ligne de métro alors que les besoins de modes de déplacements alternatifs à la voiture sont sur l’ensemble de l’agglomération. Il entérine donc sur le très long terme un réseau à deux vitesses avec des transports en commun attractifs pour le cœur de l’agglomération et quelques parties de la banlieue proche tandis que l’écrasante majorité des 115 communes du PTU (Périmètre des Transports Urbains) devra se contenter de bus lents peu fréquents et coincés dans les bouchons.
• Le projet porte en lui les germes d’une spéculation immobilière autour de la troisième ligne de métro entrainant, inflation du foncier, exclusion des classes populaires, densification imposée et non concertée. Il ne faut pas laisser l’urbain aux promoteurs immobiliers.
• Concernant la gouvernance nous demandons une entité regroupant les différentes autorités organisatrices de mobilité (AOM) afin d’offrir un vrai service public de la mobilité qui permette de sortir de la concurrence néfaste entre territoires et entre modes de transport.
• La priorité doit être donnée aux modes doux (vélo et marche) par une politique volontariste de mixité urbaine et sociale, de créations de polarités de services sur les nœuds multimodaux (gares, stations de métro) qui doivent être accessibles par des cheminements sécurisés et maillés. Il est nécessaire de remettre en cause l’agrandissement des parkings relais, qui rendent les espaces stériles à proximité des stations de métro là où doit se construire de vrais lieux de vie (services, commerces, habitat).
• Nous voulons une politique ambitieuse de réduction de la place de la voiture (voirie, stationnement) afin de récupérer les espaces libérés et les ouvrir à tous les publics dans une logique de mixité et de vie sociale (espaces verts, espaces piétons, maraichages, ….)
• Le réseau de transport public ne doit pas se baser sur quelques lignes fortes centrées sur le centre-ville mais sur un maillage efficace à l’échelle de l’agglomération basé sur le réseau actuel de métro/tram mais aussi sur l’étoile ferroviaire et un réseau de tram et de bus en site propres à développer. Les liaisons entre pôles de banlieue doivent être privilégiées afin de relier les zones d’habitat et d’emploi. La desserte ferroviaire doit être renforcée et complètement intégrée au réseau urbain à travers des pôles multimodaux sur toute l’agglomération et une tarification unique.
• Afin de faciliter les déplacements multimodaux il sera nécessaire de créer une plateforme unique de mobilité permettant d’utiliser l’ensemble des modes alternatifs à la voiture individuelle : Covoiturage, réseau Tisséo, mobilités douces, réseau ferroviaire.
• Les entreprises doivent être responsabilisées vis-à-vis des déplacements des salariés. Il nous parait par conséquent important d’intégrer au temps de travail, le temps de transport entre le domicile et le travail.
Les places de parking des entreprises doivent aussi être taxées, comme à Nottingham, afin de favoriser le recours aux modes alternatifs et préserver les terres.
• Nous demandons que le financement du réseau repose moins sur l’usager et plus sur les entreprises et commerces, en particulier ceux qui s’installent dans le périurbain (sur des terres agricoles par exemple) pour bénéficier d’un foncier bon marché. Le financement doit également reposer sur le captage de la plus-value immobilière notamment dans les zones soumises à la spéculation. Cela permettra d’assurer la gratuité des transports collectifs pour les usagers.