Depuis deux mois, des milliers de personnes défilent chaque samedi dans les rues de Toulouse. Constitué autour du rejet légitime du Pass sanitaire, ce mouvement refuse de se prononcer pour une vaccination massive, seule à même de réduire, voire de stopper les vagues épidémiques. Ce faisant, il ouvre un boulevard aux courants les plus réactionnaires et obscurantistes et donc à l’extrême-droite. Dans la majeure partie du pays, ce sont ces courants qui, prenant le prétexte de la défense de « la liberté » imposent les contours actuels de la mobilisation. Depuis des semaines, ils se constituent une base militante dans la rue.
A Toulouse, les Identitaires n’ont pour l’instant pas pris le dessus et, comme lors de la mobilisation des Gilets Jaunes, ont violemment attaqué des manifestants et des militants antifascistes présents à la manifestation ce samedi 11 septembre. Nous exprimons aux victimes de cette attaque notre pleine solidarité face à cette agression fasciste.
Pour notre part, nous avons manifesté contre le second confinement au mois d’octobre 2020 en exigeant des moyens pour la santé et les hôpitaux et une organisation différente de la société pour ralentir la circulation du virus, privilégiant le maintien des activités sociales émancipatrices plutôt que les profits capitalistes.
Nous avons lutté l’hiver dernier contre la Loi de Sécurité Globale (LSG) et contre la loi séparatisme qui constituent un nouveau pas dans la restriction des libertés et le renforcement de l’Etat autoritaire. L’impunité policière, la répression patronale, la chasse aux migrants, les politiques anti-jeunes précèdent le Pass sanitaire et ont des conséquences très concrètes sur nos vies.
Force est de constater que les manifestations actuelles sont d’une nature différente des mobilisations précédentes. Confus, complotistes, libertariens se côtoient et forment un terreau fertile pour la bête immonde. Des militants issus des Gilets Jaunes ou du mouvement ouvrier essayent de disputer la direction de cette mobilisation. Nous pensons malheureusement que le compromis qui met de côté la question de la vaccination ne peut que servir nos adversaires d’extrême-droite.
Nous, militants anticapitalistes, sommes opposés au Pass sanitaire. Dans le même temps, nous défendons la vaccination universelle, par-delà les frontières que le virus, lui, ne connait pas.
Nous sommes opposés au Pass sanitaire car c’est plus une mesure de contrôle social que sanitaire. Le Pass est incapable de construire l’adhésion à la vaccination anti-covid, nécessaire pour aller vers ceux qui doutent, sont éloignés des centres de vaccination. L’autoritarisme de Macron renforce une minorité significative de la population qui ne veut pas se faire vacciner et qui se braque. A l’inverse, il faudrait une campagne large d’explication et d’éducation populaire, dans tous les quartiers, toutes les villes et campagnes, pour convaincre de l’utilité collective de toutes et tous nous faire vacciner pour éradiquer cette pandémie. Pour cela, il faut lever les brevets, réquisitionner les chaînes de production et assurer, sous le contrôle de la population, la distribution du vaccin au plus près de la population, accompagnant une politique à long terme de santé publique de proximité, de prévention et de soin, et qui résorbe les déserts médicaux.
Défendre la vaccination en luttant contre le Pass, c’est défendre la protection des plus fragiles face au virus de classe, qui touche d’abord les classes populaires. 17% des travailleurs manuels ne veulent pas du vaccin, contre seulement 8% des cadres sup. Réaction populaire contre les mensonges du capital, les scandales des trusts pharmaceutiques, la défiance vaccinale tue.
Le mouvement ouvrier, le mouvement social est maintenant au pied du mur. Faire le dos rond ne suffira pas. Dans l’unité, nous devons repasser à l’offensive, offrir des perspectives pour les luttes. Pour cela, il faut accoler à nos indispensables revendications sociales des mots d’ordre contre la montée de l’autoritarisme, du contrôle généralisé, du racisme et de l’extrême-droite.
C’est en liant les revendications sociales, sanitaires et les revendications démocratiques que nous pourrons regagner la rue et expurger nos luttes des courants réactionnaires qui n’ont rien à y faire. La journée de grève du 5 octobre sera une étape importante si, aux côtés des revendications sociales, elle intègre le combat contre le contrôle généralisé, l’Etat policier et le Pass sanitaire. Dans les jours qui viennent, nous prendrons tous les contacts unitaires qui seraient disposés à aller dans ce sens.
Toulouse, le 16 septembre 2021