Jean-Luc Moudenc a été élu maire de Toulouse en 2014 sur un programme d’organisation des transports très électoraliste. Ses deux projets phares étant une nouvelle ligne de métro et une deuxième rocade autour de Toulouse pour, selon lui, désengorger le périphérique.
Presque quatre ans ont passé, le projet de deuxième rocade, dévastateur en matière de surfaces agricoles ou naturelles et aspirateur à voiture, est heureusement toujours dans les cartons faute d’un soutien des autres collectivités (pour combien de temps ?). Cependant, le projet de métro a bien été lancé. Personne ne conteste l’utilité du métro actuel avec les deux lignes qui irriguent le territoire toulousain plutôt efficacement, notamment les quartiers populaires. Cependant lorsque l’on se penche sur le projet phare du maire de Toulouse on se rend compte que la desserte se cantonnera à une partie de la ville centre sans satisfaire aucun des besoins, ou presque, des populations du reste de l’agglomération. Pire, le projet de près de 3 milliards d’euros asséchera les investissements dans ces territoires pour les 20 à 30 prochaines années. Or, Il est nécessaire de rappeler que plus de la moitié de la population de l’agglomération vit hors de la ville de Toulouse et que, les migrations résidentielles de la ville centre vers la périphérie se font de moins en moins par choix mais contraints par une hausse du coût du logement dans le centre.
Ainsi, à travers sa politique des transports, Jean-Luc Moudenc accompagné de son fidèle allié aux transports, Jean-Michel Lattes, accélèrent un mouvement, bien engagé, d’embourgeoisement de la partie centrale de l’agglomération dont les habitants bénéficient d’un panel de moyens de déplacements qui les connecte au "monde entier". A contrario, les classes populaires sont progressivement reléguées dans des zones périphériques, plus ou moins près de la ville. Elles sont dépendantes, pour se déplacer, d’une voiture chère et contraignante sans alternative, les rares transports publics, s’ils existent, étant inefficaces et très longs. Ajouté à cela le prix des transports publics qui grimpent en flèche, sans amélioration notable du service, et vous avez un cocktail au gout amer d’exclusion de la mobilité d’une part grandissante de la population.
Malgré la mise en place d’un débat public qui a montré toutes les limites de la politique de transport de l’exécutif, celui-ci poursuit sans trop d’embuches son programme faute d’opposition politique forte. En effet, les garants d’une vision plus large des déplacements (département, région ou maires des communes périphériques) laissent Moudenc poursuivre sa politique de ségrégation territoriale dans l’agglomération sans broncher, soit par désintérêt, soit par calcul politique. Seules les associations d’usagers des transports en commun, de cyclistes ou écologistes ainsi que quelques mouvements politiques minoritaires montent au créneau pour soutenir les populations de la périphérie et des quartiers populaires dans le but d’obtenir une politique des transports qui tend à relier les populations et non à les exclure. Cette politique des transports est par ailleurs indissociable d’une politique urbaine et sociale qui doit remettre les populations et l’environnement au centre du débat, et non la recherche d’attractivité et donc de profits dans une compétition sans limite entre métropoles.
Les conclusions du débat public relatif au projet de métro, grâce aux mouvements de citoyens, ont montré qu’une autre voie est possible à travers des investissements plus légers mais répartis sur toute l’agglo et une baisse du cout des transports publics pour l’usager. Mais le rouleau compresseur du Capitole n’en a cure et n’a quasiment pas bougé son projet.
La partie est difficile mais rien n’est encore perdu pour autant car le débat, plus vif que prévu, retarde le projet de métro et par conséquent la politique des transports de l’exécutif. D’autre part, des alternatives crédibles se font jour et finissent par être entendue par les citoyens de l’agglomération qui commencent à se mobiliser. L’année 2018 sera déterminante pour faire capoter la politique de Moudenc sur les transports à condition de ne rien lâcher.
Stéphane