Correspondante, le 21 mars 2016
Des salarié-e-s sont en grève illimitée et occupent le siège à la Ligue de l’Enseignement depuis le 9 février. Ils-elles se mobilisent contre un plan de restructuration menant à 37 licenciements, l’arrêt des activités d’accueil de loisirs dès le 1er avril (plus de 350 emplois menacés), pourtant profitable à l’association.
Ils-elles dénoncent la gestion désastreuse de la direction politique et exécutive ainsi que le chèque de départ négocié de l’ancien secrétaire général. Le montant global prévu des aides d’accompagnement pour les 37 personnes licencié-e-s est inférieur à celui du départ de celui-ci !
Les 2 nouveaux cadres dirigeants arrivés de Paris et Bordeaux, pour mettre en place le PSE, ont choisi de le faire de façon unilatérale, aucun travail avec les salarié-e-s n’a été fait malgré les projets proposés par le Comité d’entreprise et les salarié-e-s depuis plusieurs années.
La ligue de l’enseignement, c’est 70% de subventions publiques ! C’est un déficit de 8 millions d’euros à ce jour ! Les salarié-e-s ne sont pas responsables de ça !
Les 2 instances représentatives du personnel, Comité d’Entreprise et Commission d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de travail ont émis un avis défavorable concernant ce plan de restructuration qui n’assure en rien la pérennité de l’association, un plan de « sauvegarde de l’emploi » qui n’est en fait qu’un plan de licenciements !
Ce lundi, le tribunal de grande instance de Toulouse s’est prononcé sur le redressement judiciaire. Il prolongerait sa période d’observation de 6 mois, mais à terme, si le projet de la direction demeure, c’est une liquidation qui risque d’arriver tant le projet est « vide » de sens et ne permet pas la viabilité de l’association.
A la sortie du tribunal de la présidente et de la déléguée générale, la colère des salarié-e-s s’est exprimée. Après plus d’un mois d’enfumage, de communiqués mensongers, de procès d’intention, d’une attitude de mépris de la direction et d’un manque de considération de l’organe politique de l’association, le climat est très tendu, les salarié-e-s exaspéré-e-s.
C’est escortées des policiers qu’elles sont allées jusqu’à leur voiture qui a été bloquée pendant plus d’une demie heure. Les slogans : « démission du Conseil d’Administration », « tout est à nous, rien n’est à eux, tout ce qu’ils ont, ils l’ont volé, on garde les CLAE et les ADLP ou alors ça va péter » les ont accompagnées également.
Là, le représentant du personnel au TGI a fait le compte rendu de l’audience, qui n’a rendu aucune réponses aux inquiètudes des salarié-e-s et une AG a voté la levée de l’occupation des locaux de l’association, qui a duré 6 semaines, mais une poursuite de la grève illimitée.
Parallèlement, les salarié-e-s et la direction attendaient la décision de la DIRECCTE (Direction Départementale du travail) qui est tombée après le rassemblement. Elle n’a pas homologué le plan. En effet un certain nombre de dysfonctionnements dans la procédure et un certains nombres d’anomalies concernant le traitement des salariés dans le cadre de ce PSE ont été constatés par l’inspecteur du travail (ordre des départs, mesures d’accompagnements insuffisantes…).
On voit donc bien là que le sort réservé aux salarié-e-s n’est pas acceptable.
Aujourd’hui, la direction a 3 jours pour soumettre un nouveau plan qui va être consulté par les instances du personnel.
Aucun repreneur n’est prêt au 2 avril concernant les accueils de loisirs périscolaires. Comment assurer la continuité du service public ?
S’il y a un arrêt de l’activité, il ne s’agira plus d’un transfert d’activité mais d’un arrêt pur et simple qui pourrait juridiquement entraîner des centaines de licenciements en plus !!
La prochaine audience au TGI sera le 29 mars.
Ce mouvement de grève met à jour les pratiques douteuses qui, depuis quelques années, gangrènent l’éducation populaire, les agissements des membres du CA qui sont complices, si ce n’est responsables, des jeux politiques au travers des marchés publics.
Le 9 mars, les grévistes de la Ligue de l’enseignement se sont rassemblés avec les employé-e-s grévistes du BTP qui luttent contre la liquidation frauduleuse de la Société du Bâtiment Toulousain.
Les fermetures d’entreprises par des groupes qui font des bénéfices (on se rappelle des Conti, des PSA, des Goodyear …) ne suffisent plus au patronat pour assouvir sa soif de profit.
Avec la loi El Khomri, une entreprise pourra faire un « plan social » sans difficultés économiques car il suffira d’invoquer un des nouveaux critères définis par la loi, comme baisse des commandes ou du chiffre d’affaire, ou pire, la nécessité « de conquérir de nouveaux marchés », ou de répondre à un « besoin de compétitivité ».
Donc le MEDEF peut dire merci au PS qui donne aux patrons les outils pour licencier en toute impunité. La main d’œuvre, donc nos vies, devient une variable d’ajustement.
Cette loi touche tout le monde (salarié-e-s, apprentis, chômeurs), tout sera permis pour les patrons. Il faut continuer le combat débuté le 9 mars. On a gagné y’a 10 ans contre le gouvernement et le CPE.
On va imposer, avec les organisations associatives, politiques, syndicales, les parents d’élèves, les enseignant-e-s, les militant-e-s d’éducation populaire, tou-te-s celles et ceux qui veulent inverser le rapport de force, l’abandon total et définitif de l’ensemble du projet du gouvernement PS-MEDEF !
Il est nécessaire de faire front pour faire reculer la loi du capital. Ça nous appartient, à toutes et tous, de multiplier les initiatives : AG, débrayages, grèves, occupations, blocages … Car c’est sûr que le code du travail vaut bien une grève générale.