Le NPA 31 relaie et s’associe à cette initiative et appelle touTEs les ToulousainEs à y participer.
L’Association des Sinistrés du 21 septembre 2001, issue des « Sans Fenêtres » de la Cité du Parc, est depuis quatorze ans le vecteur d’un long combat des riverains victimes de l’explosion de l’usine de la Grande Paroisse (AZF) pour faire reconnaître la responsabilité des dirigeants de Total. Il aide les victimes à constituer et faire aboutir leur dossier de réparation dans tous les domaines : matériel et médical (prothèses auditives, par exemple)… mais surtout ne lâche rien sur le plan juridique, après sa victoire partielle en première audience où il a pu faire condamner le directeur de Grande Paroisse et imposer à Desmarets, directeur de Total, de venir à la barre.
Pour l’heure, son combat principal, après que les avocats de Total ont interjeté appel devant la Cour de Cassation qui leur a donné raison, et qu’une loi scélérate a instauré un tribunal spécialisé dans les accidents industriels à… Paris, est de demander à Christiane Taubira, la garde des sceaux, de délocaliser en « audience foraine » (c’est le terme juridique quand un tribunal siège en dehors de sa juridiction d’attachement administratif) le procès en appel à Toulouse.
Bref, argumente l’Association, il vaut mieux que le tribunal (une dizaine de personnes, en comptant les juges et les greffiers) soient délocalisé à Toulouse pendant les trois mois que durera le procès, plutôt que les 3 000 parties civiles, avocats, experts et témoins, etc. soient contraints de se déplacer à Paris. C’est une question de respect démocratique des victimes toulousaines de la catastrophe et aussi… une question de saine gestion financière de la justice.
Deux représentants de l’Association, accompagnés de leur avocat, ont été reçus par le directeur de cabinet et deux sous-fifres de Taubira il y a un mois au ministère sur le sujet, après que Taubira, interpellée en septembre à Toulouse, lors de la Fête de la Rose, eut exprimé devant les micros des journalistes son étonnement et apparemment son accord pour la délocalisation du procès sur Toulouse. Las ! Le directeur de cabinet de Taubira et deux autres fonctionnaires n’avaient pas de réponse écrite de Taubira lors de l’audience, mais des consignes d’enfumage…
« Il y a eu une incompréhension ... », ont-ils prétendu ! « Donc en plus d’être des mal-entendants, nous sommes des mal-comprenants. La réunion avait pour objet de nous amadouer à coups de phrases creuses, et de vagues promesses », en ont conclu les représentants de l’Association, qui ont mis en garde les chiens de garde de la Garde : « Si vous maintenez le procès à Paris, cela se passera mal, et vous ne pourrez pas dire que vous n’avez pas été averti. »
Elections régionales obligent, l’Association en a profité pour alerter les têtes de liste sur la délocalisation du procès à Paris et leur demander d’appuyer sa demande que le procès se tienne à Toulouse et de s’y engager s’ils étaient élus. Ont répondu favorablement Sandra Torremocha (Lutte Ouvrière), Damien Lempereur (Debout la France), Gérard Onesta (Nouveau Monde en Commun) et… Dominique Reynié (UDI-LR). Carole Delga est restée muette !
Le combat de l’Association continue. Elle ne lâchera rien… et nous invite à sa « promenade » du jeudi 17 décembre au bout de laquelle elle demandera à être reçue par le procureur général de la Cour d’appel de Toulouse.
Il faudra bien voir si le préfet liberticide Mailhos ose interdire cette « promenade »… et si l’Etat ira jusqu’à terroriser des sinistrés qui ont failli perdre leur vie il y a quatorze ans. C’est vraiment le cas de Jean-François Grelier, l’un des animateurs de l’Association et militant de Lutte Ouvrière. Lisez son livre (couverture en pièce jointe) où il y narre son sauvetage in extremis le 21 septembre 2001, le long combat des Sans-Fenêtres de la Cité du Parc pour imposer à la mairie de droite (Douste Blazy) et au gouvernement de gauche (Jospin) de l’époque le colmatage des vitres soufflées deux mois après l’explosion de l’usine, quand les devantures des commerçants du centre-ville avaient été réparées en quarante-huit heures. Il s’agit aussi d’un témoignage vivant qui relate vingt-cinq ans de solidarité concrète de travailleurs et de travailleuses résidentEs d’un quartier populaire pour se faire respecter des autorités publiques, plus promptes en 2001, à se ranger du côté des patrons coupables d’un crime industriel que de leurs victimes.
Toulouse, le 14 décembre 2015