Depuis la mort, plutôt devrais-je dire l’assassinat ou l’exécution du jeune Nahel, le quartier des Izards, comme bien d’autres quartiers populaires à Toulouse et en France est bouleversé. D’abord par l’émotion. Comment peut-on mourir lors d’un "banal" contrôle de police. Qui a autorisé ce policier a faire usage de son arme ? Bernard Cazeneuve lorsqu’il était premier ministre ! Et pour quel résultat ? Une augmentation des morts lors de contrôles routiers, tué.e.s par les balles des flics. Pourtant la peine de mort a été abolie y a 42 ans en France ! Émotion car ce jeune aurait pu être du quartier.
Émotion car il y a bien eu délit de faciès. Oui la police tue et elle est raciste.
Et puis, l’émotion a cédé le pas à la colère. Jeudi soir dernier une trentaine de jeunes ont brûlé des poubelles et une voiture. Les policiers sont intervenus et ont gazé quasiment tout le quartier ! Vendredi soir fut calme mais samedi la fête de quartier a été annulée et transformée en une rencontre de deux heures sur la place Ahmed Chenane (3 cocus) entre les associations qui interviennent sur le quartier, les militant.e.s et les habitant.e.s. Ce fut un débat riche et intéressant, animé notamment par Tayeb Cherfi du Tackticollectif, avec un constat partagé de l’abandon des pouvoirs publics, de la ségrégation sociale mais aussi du formidable travail des associations de quartiers.
Et depuis... Le quartier est puni par la préfecture et par Tisséo pour une nuit de révolte ! En effet, Depuis la préfecture demande à ce que les bus s’arrêtent à 20h dans les quartiers populaires ; La ligne A du métro ne fonctionne plus que des Arènes à Balma-Gramont (adieu au Mirail !) après 20H. Et sur la ligne B qui nous concerne, après 20H ce week-end, 22H hier soir, les stations Empalot et 3 cocus ne sont plus desservies ! Donc on parle de ghettos urbains mais on fait tout pour renforcer ce sentiment. Les riches peuvent circuler mais pas les pauvres. Il s’agit bel et bien d’une ségrégation sociale. Après, iels vont faire les étonné.e.s à la prochaine émeute alors qu’iels créent les conditions pour qu’elle arrive !
Alors oui, pourquoi sommes-nous puni.e.s ? De quoi sommes-nous coupables ? Pourquoi nous a t-on imposé pendant plusieurs jours, du fait de l’arrêt des transports en commun, un couvre-feu qui ne dit pas son nom ? La bourgeoisie a eu peur de la révolte des quartiers populaires et n’a que les mots « valeurs de la république » à la bouche. Mais cette république bourgeoise cette république élitiste qui exclue les pauvres, cette république qui génère de la ségrégation sociale et ne lutte pas contre le racisme systémique, cette république qui réprime tous les mouvements sociaux et les révoltes populaires n’est pas la nôtre. Au contraire, nous défendons une république sociale, juste, libre égalitaire et antiraciste.
Aujourd’hui, mercredi, les transports sont revenus à la normale. Fini le couvre-feu. Retour à la normale ? Pas si sûr. Comme Macron, son gouvernement, la droite et l’extrême droite vont continuer de criminaliser ces quartiers, d’autres révoltes viendront...
Olivier Sillam
Un habitant anticapitaliste du quartier des Izards à Toulouse