Ils étaient 150 AED réuniEs en AG devant le rectorat de Toulouse ce mardi 19 janvier, dans la continuité du mouvement initié le 1er décembre 2020. Les ‘pions’ poursuivent ainsi la mobilisation engagée contre la dégradation sans cesse croissante de leurs conditions de vie et de travail.
L’appel du premier décembre avait fait l’effet d’une bombe. Aujourd’hui, on constate que le mouvement se poursuit sans montrer signe de faiblesse. Ce 19 janvier en Haute Garonne, plus de trente vie scolaires ont fermé leurs portes, de nombreux piquets de grève ont été mis en place et relayés sur les réseaux sociaux.
Mal payéEs, souvent mépriséEs par leur direction, les AED sont les précaires-à-tout-faire de l’Éducation Nationale. En charge de la surveillance, du suivi des absences et de l’assiduité de classes entières dont ils et elles sont nomméEs référentEs, mais aussi de l’aide au devoir peu ou pas rémunérée, les surveillantEs jouent un rôle d’éducateur, d’assistantE socialE, d’infirmièrEs quand les circonstances l’exigent… La liste est longue et ne cesse de s’allonger.
Depuis la reforme du statut sous le gouvernement Fillon, les taches se sont multipliées et complexifiées. Les directions d’établissement jouent sur le flou qui entoure leur statut, d’autant plus facilement qu’elles ont droit de vie ou de mort sur leur contrat. Pourtant, malgré cette pression, la gréve est relancée du 19 au 26 janvier, derrière le mot d’ordre « nous ne sommes plus vos pions ».
La colère est d’autant plus grande qu’avec le Covid, les AED se sont trouvéEs en première ligne. Et ils n’ont pu que constater la faillite totale de ce qui ne mérite même pas le nom de « protocole sanitaire ». Un peu de gel hydroalcoolique et nettoyage des tables à la cantine entre chaque passage. Un nettoyage qui leur est souvent confié bien sur. L’un deux témoigne : « le directeur nous fait ranger les élèves par classe au self, ça n’a aucun sens et il le sait : ils enlèvent tous leur masque dans un espace qui est hyper restreint. Mais il nous l’a dit : c’est pour que les gamins racontent à leurs parents que des choses sont mises en place. »
Aujourd’hui, les surveillantEs revendiquent un réel statut pour ce qui apparaît de plus en plus comme un métier à part entière, nécessaire au bon fonctionnements des collèges et des lycées. C’est une refonte totale qui est exigée, avec une pérennisation des personnels de vie scolaire, aujourd’hui limité à 6 ans de contrat, une vraie valorisation de l’expérience acquise, une réduction du temps de travail sans perte de salaire ou de congés, le droit à la prime REP à laquelle ils et elles sont les seulEs personnels à ne pas avoir droit…
De nombreuses demandes mettent en lumière le mépris dont l’administration peut faire preuve à leur égard. Ils réclament ainsi le juste paiement du dispositif « devoirs faits », heures qui sont rémunérées entre 39 et 57 euros bruts pour les enseignantEs, et 15 euros pour les AED, quand ces heures ne sont pas d’office incluses dans leur emploi du temps, sans rémunération complémentaire.
La mobilisation est déjà historique, la première à rassembler cette frange précarisée de l’Éducation Nationale. Le 26, les AED rejoindront le cortège des profs derrière leur propre bannière, et appellent leurs collègues AESH à les rejoindre. Une première.