7 500 suppressions de poste annoncées par Air France, 15 000 chez Airbus, 3 000 chez Daher, des milliers de suppressions en perspective dans les entreprises de la filière : le patronat veut nous faire payer la crise.
Le coronavirus a bon dos : à Air France une « restructuration » était déjà prévue dès 2019 ; à Airbus Defence & Space, alors même que le carnet de commandes est bien garni, un plan de suppression d’emplois était déjà en cours, mais le virus sert de prétexte pour l’aggraver ; à Latécoère les plans de restructuration se succèdent depuis longtemps... Cela fait des années que la direction d’Airbus a restreint les investissements en R&D, accru la pression sur les sous-traitants, les poussant à délocaliser leur activité, afin de pouvoir accroître les dividendes versés aux actionnaires.
Le gouvernement a choisi d’arroser les patrons avec des milliards d’euros. Soi-disant pour limiter les pertes d’emplois : mais il laisse la direction d’Air France licencier à sa guise et se prépare à accorder de nouvelles faveurs à la direction d’Airbus (Faury déclarait dans La Dépêche qu’il pourrait ramener à 4000 les suppressions en France si..., le DRH Barril parle de « sauver » 1500 à 2000 emplois sur les 5000).
Le patronat veut profiter de la crise, qui est certes réelle, pour faire la restructuration dont il rêve depuis longtemps.
Derichebourg Aeronautics a ouvert la voie du chantage, en utilisant l’arme du mal nommé Accord de Performance Collective : acceptez des pertes de salaires jusqu’à 500 €, sinon je lance un PSE sur 700 emplois ! Alors même que le groupe Derichebourg se porte très bien. Un syndicat a cédé à ce chantage, mais rien ne garantit qu’un PSE ne suivra pas...
DSI, une entreprise soi-disant sociale, a, elle aussi, imposé un APC.
Chez Airbus, la direction veut négocier un APC, qui accompagnerait le plan de suppressions d’emploi.
Et elle a le culot de dire que, vu que la réduction d’effectif annoncée n’est pas proportionnelle à celle de production, elle fait donc un gros effort. C’est oublier les CDD et les missions d’intérim non renouvelés, les contrats de prestataires supprimés, c’est à dire des milliers d’emplois liquidés en douce ! Sans parler de tous les jeunes qui voient s’envoler la promesse d’une embauche...
Airbus a dégagé en 2019 un bénéfice opérationnel de près de 7 milliards d’euros. Beaucoup d’entreprises de la filière ont elles aussi dégagé du profit. A nous d’imposer que les profits d’hier garantissent aujourd’hui les emplois. D’imposer en particulier le partage du temps de travail : puisque l’activité baisse, baissons les cadences et réduisons les horaires. Et bien sûr sans baisse de salaire.
Cela, nous pouvons l’imposer aux patrons par une lutte coordonnée à l’échelle de toute la filière !
Beaucoup sont conscients que face au réchauffement climatique l’accroissement continu du transport aérien est une impasse, même en « verdissant » les avions. Au-delà du transport aérien, c’est tout le système économique qu’il faut revoir. Mais on ne peut pas confier cette mutation à des directions obnubilées par la production de dividendes !
Au-delà du refus de payer la crise du système, se pose de façon urgente l’intervention de l’ensemble des travailleurs dans les choix économiques.
Des milliers de travailleurs d’Airbus Toulouse ont défilé hier contre le plan de leur direction. Nous nous en réjouissons, tout comme de la grève de 4 jours chez Derichebourg pour protester contre l’APC qu’on leur impose. Mais il nous faut dépasser le « boîte par boîte » et agir à l’échelle de toute la filière, et même au-delà, pour imposer un changement de politique.