Le 21 avril dernier, dans le quartier de la Roseraie à Toulouse, la police est intervenue dans une maison pour faire retirer de la façade une affiche demandant "Macronavirus à quand la fin ?". Les policiers ayant relevé l’identité d’une des colocataires qui l’occupent, cette dernière a été convoqué au commissariat central, puis mise en garde à vue pour le délit imaginaire d’outrage au chef de l’état. Celui-ci n’existe plus dans le droit français depuis 2013, la France ayant été condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. 4 heures plus tard, la jeune femme a été relâchée.
Cette affaire a soulevé un vent d’indignation unanime dans les partis, syndicats et associations de la gauche toulousaine, dénonçant un cas grave de remise en cause de la liberté d’expression comme du droit à critiquer le pouvoir, et plus de 500 personnes, en solidarité, se sont photographiées avec une pancarte reprenant le slogan incriminé, dont Olivier Besancenot, Danièle Obono, Philippe Poutou ou François Ruffin. Malgré cette importante mobilisation, ce dimanche, la police a récidivé, intimant l’ordre à l’une de ces personnes de retirer la même banderole sur sa façade dans le quartier Bonnefoy à Toulouse, sous peine de garde à vue. Pire, ce mardi, ce sont l’ensemble des colocataires de la Roseraie qui ont été convoqué au commissariat. Nous exigeons que ces procédures soient immédiatement levées.
Ces tentatives d’intimidation prennent place dans un contexte plus large d’arbitraire, de répression politique et de violences policières. Ainsi, le 22 avril, les locaux d’une association antinucléaire de la Drôme, qui mettait gratuitement ses masques et tenues de protection a disposition des personnels soignants, ont été proprement mis à sac par la gendarmerie, et les domiciles des président et vice-président perquisitionnés. Surtout, la violence des forces de police, principalement dans les quartiers populaires, s’est déchaînée ces dernières semaines, avec plusieurs morts à son actif. A Toulouse, le 24 avril, un policier, furieux que son chien n’attaque pas, s’est saisi de la muselière et en a cinglé, à de nombreuses reprises, la tête de l’homme que ses collègues maintenaient au sol, malgré ses cris. Les événements survenus à l’Ile-Saint-Denis, où des agents de police, ignorant qu’ils étaient filmés, ont tenu des propos racistes et roué de coups le jeune homme qu’ils venaient d’interpeller, doivent également nous rappeler, s’il en était besoin, le caractère raciste de nombre des violences policières.
Incapable d’organiser l’approvisionnement du pays en masques, en tests et en matériel médical indispensables dans la crise actuelle, moqué, discrédité, le gouvernement s’appuie sur la brutalité policière pour maintenir son autorité. Nous nous insurgeons contre les exactions des forces de police et de gendarmerie, au mépris des lois, et l’impunité quasi-totale dont celles-ci jouissent, au mépris de l’état de droit.
Toulouse, le 28 avril 2020