Emmanuel Macron et son gouvernement ont choisi de dérouler le tapis rouge au maréchal-dictateur égyptien Abdelfattah al-Sissi. Le Pinochet du Caire a ainsi été accueilli en grande pompe par des autorités françaises désireuses de caresser dans le sens du poil celui qui est devenu, depuis le coup d’État qui l’a porté au pouvoir en 2013, l’un des principaux acheteurs d’armement français. Rafale, navires de guerre, porte-hélicoptères, satellites, roquettes, armes à feu : au cours des dernières années, ce sont pas moins de 10 milliards de contrats qui ont été passés avec l’Égypte de Sissi, sous couvert d’une « lutte contre le terrorisme » qui sert en réalité de paravent au pouvoir le plus autoritaire qu’ait connu l’Égypte moderne.
Les récits des militantEs égyptiens et les rapports des ONG témoignent du niveau de violence et d’oppression du régime Sissi : des dizaines de milliers d’inculpations, des milliers de civils jugés devant des tribunaux militaires, des centaines de condamnations à mort et de disparitions, un usage systématique de la torture, des dizaines d’arrestations de journalistes, l’interdiction de centaines de médias et sites internet, la multiplication des rafles contre les militantEs syndicaux et associatifs, contre les LGBTI… Pour Hussein Baoumi, d’Amnesty International, « l’Égypte connaît la pire crise de son histoire en matière de respect des droits humains ».
Un pays à la botte des militaires, mais aussi soumis aux politiques du FMI et à la rapacité des capitalistes en tout genre, qu’ils soient égyptiens ou internationaux. La France n’est pas en reste, qui est devenue en 2016 le sixième investisseur étranger en Égypte. On comprend pourquoi le Medef a lui aussi ouvert les bras à Sissi : alors que le pays, détruit par les politiques néolibérales, s’enfonce dans la crise économique et sociale, avec une inflation galopante et une explosion de la pauvreté et des inégalités, les entreprises françaises veulent obtenir toujours davantage de marchés… et de retours sur investissement, garantis 100% dictature.
En accueillant Sissi et en consolidant leurs relations politiques, économiques et militaires avec le régime égyptien, Macron et ses amis du patronat français ne sont pas seulement complices de la dictature : ils font partie des criminels sur les mains desquels coule le sang du peuple égyptien.
Montreuil, le 24 octobre 2017