Nous reproduisons ici un article de la section belge de la quatrième internationale qui fait le bilan des 32e rencontres Internationales des Jeunes.
Source : lcr-lagauche.org
Du 26 juillet au 1er août 2015 se sont tenues en Belgique les 32e Rencontres internationales des Jeunes de la Quatrième internationale. La Ligue Communiste Révolutionaire – Socialistische Arbeiderspartij (LCR-SAP), section belge de la Quatrième Internationale et les Jeunes Anticapitalistes – Jonge Antikapitalisten (JAC/JAK) s’étaient chargés de l’organisation des rencontres. Le camp a eu lieu dans la réserve naturelle Hoge Rielen, un endroit posé pour une semaine d’échanges politiques entre révolutionnaires d’Europe et au-delà. Les participant.e.s étaient venu.e.s d’Allemagne, Belgique, Brésil, État espagnol, Danemark, États-Unis, France, Grande Bretagne, Grèce, Italie, Mexique, Sahara occidental, Suisse. Tous les aspects politiques du camp était auto-organisés par les jeunes qui prenaient eux-mêmes les décisions sur le programme. A partir du bilan dressé par chaque délégation à la fin des rencontres et mis en commun à la dernière réunion de coordination politique du camp, nous avons essayé de donner un aperçu des moments forts.
Une première réussite du camp porte sur le travail qui a été fait sur les luttes écologiques et le besoin d’un projet politique écosocialiste. Lors de la deuxième journée thématique qui portait sur l’écologie, le Belge Daniel Tanuro, membre de la direction de la LCR/SAP et auteur du livre « L’impossible capitalisme vert », avait ouvert les travaux sur le sujet avec une introduction sur quel « projet de société, programme et stratégie face à l’urgence écologique » (1). Pendant la suite de la semaine une commission de travail sur la COP21 s’est réunie avec l’objectif de prendre des initiatives en commun dans l’objectif de renforcer et radicaliser la grande mobilisation sur le climat autour de la COP21 à Paris à la fin de cette année. De ces travaux a émergé un appel commun des délégations à la mobilisation : « 99% stand for Climate : Our Planet, not your Business ! » (2).
Les débats stratégiques sur la situation politique en Grèce constituaient un deuxième succès du bon déroulement du programme. Une délégation des jeunes d’OKDE-Spartakos, section grecque de la Quatrième Internationale et intégrant de la coalition de la gauche radicale Antarsya, était présente aux rencontres pour débattre de la situation en Grèce. La ligne défendue par la section grecque est celle de la nécessité d’une coalition indépendante de révolutionnaires avec un programme de rupture avec le capitalisme européen et grec pour ouvrir la voie vers le socialisme. Cette ligne politique n’était cependant pas partagée par tou.te.s les participant.e.s qui souvent dans leurs propres pays intègrent des projets politiques plus larges de front unique avec des « réformistes » comme l’Alliance rouge-verte danoise ou Podemos dans l’État espagnol. La question plus importante soulevée par ces voix critiques était la nécessité d’organiser les 62% de votant.e.s « Non » au référendum dans une alternative politique ; une alternative au virage austéritaire de la direction de Syriza, qui venait de signer un troisième mémorandum d’austérité avec les institutions de l’UE et avec le FMI. Faisant le constat inquiétant que le virage à droite du gouvernement Tsipras s’est vu accompagner par une répression contre la gauche radicale, les délégations participantes ont adopté une motion de solidarité avec les manifestants anti-mémorandum condamnés du 15 juillet (3).
Un troisième moment fort du camp se situait à la fin de la journée sur les luttes LGBTQ (lesbiennes, gays, bi, trans et queer). Les prises de parole au meeting étaient suivies par l’ouverture de la fête LGBTQ. Devenu une tradition des rencontres internationales, il s’agit d’une soirée qui a pour objectif de donner un espace d’expression pour les personnes LGBTQ et pour toutes les personnes désirant découvrir une sexualité autre que hétérosexuelle. L’ambiance tolérante et ouverte contraste avec l’hétéronormativité et l’homophobie répandues dans la plupart des fêtes et dans la vie sociétale en général. Pas de révolution sans libération sexuelle !
En quatrième lieu les réunions d’« inter-délégation » ont connu un grand succès. Ces rencontres offrent une possibilité exceptionnelle d’échanger des expériences de luttes entre délégations de différents pays. Des sujets de présentation et de discussion étaient, entre autres, l’évolution de Podemos dans l’État espagnol ; les bousculements dans la gauche britannique (avec l’effondrement du Socialist Workers Party, la création de Left Unity, la montée du Scottish National Party et la campagne pour une direction de gauche dans le Parti travailliste avec la candidature de Jeremy Corbyn) ; la lutte contre le troisième mémorandum d’austérité en Grèce ; les luttes contre les grands projets d’infrastructure inutiles en Italie comme la ligne de TGV Lyon-Turin et l’Expo mondial de Milan ; le mouvement gréviste en Belgique avec le plan d’action des syndicats contre le gouvernement de droite ; etc. Précisément pour ces « inter-délégations », ainsi que pour le meeting internationaliste, les nombreux ateliers et les contacts informels tout au long du camp, la présence de délégations extra-européennes est fortement appréciée. Cette année les rencontres ont pu compter avec la participation d’une délégation du Sahara occidental, territoire occupée par le Maroc – avec le soutien de la France au Conseil de Sécurité de l’ONU – pour s’accaparer de ses ressources naturelles. Les camarades font partie de l’aile gauche du Front Polisario qui lutte pour la libération nationale anticoloniale du Sahara occidental. La participation d’une délégation égyptienne était également prévue mais le durcissement de l’Europe forteresse a empêché qu’ils obtiennent un visa pour faire le déplacement.
La bonne dynamique internationaliste des rencontres internationales, cette année avec 318 participant.e.s, continuera l’année prochaine avec les 33e Rencontres internationales des Jeunes de la Quatrième Internationale dans… l’État espagnol ! Le camp sera organisé par Anticapitalistas, organisation co-fondatrice de Podemos et devenue la référente principale pour la gauche anticapitaliste au sein de ce projet politique plus large. Si l’enthousiasme politique – et en terme d’ambiance ! – de la délégation de l’État espagnol de cette année se traduit dans une organisation aussi engagée et conviviale, le camp de l’été prochain s’annonce déjà comme un rendez-vous à ne pas manquer et une priorité pour les organisations de jeunesse de la Quatrième Internationale !
(1) Retranscription de l’introduction de Daniel Tanuro sur quel projet de société, programme et stratégie face à l’urgence écologique : http://www.lcr-lagauche.org/face-a-lurgence-ecologique-projet-de-societe-programme-strategie/
(2) La déclaration « 99% stand for Climate : Our Planet, not your Business ! » : http://www.lcr-lagauche.org/99-stand-for-climate-our-planet-not-your-business/
(3) Motion de solidarité avec les manifestants anti-mémorandum condamnés du 15 juillet en Grèce (en anglais) : http://internationalviewpoint.org/spip.php?article4152