Attentats : L’Hôpital public répond présent… mais pour combien de temps encore ?
Lors des attentats du 13 novembre à Paris, les personnels hospitaliers et le service public hospitalier ont une nouvelle fois montré qu’ils savaient faire face à une situation dramatique pour sauver des vies, accueillir et soigner toutes celles et ceux qui pouvaient l’être. Sans eux, le bilan de ce crime odieux aurait été encore plus effroyable. Mais pour combien de temps encore, l’Hôpital public, si indispensable au quotidien comme dans les situations extrêmes, pourra-t-il jouer son rôle ?
La « reconnaissance » de Touraine
L’indécence de ce gouvernement n’a décidément pas de limites. Marisol Touraine, la ministre de la santé, a salué les personnels « héroïques » des hôpitaux parisiens. Au même moment, elle faisait voter :
– sa loi de santé qui va permettre au gouvernement de restructurer et de fermer davantage d’établissements et de réduire la place du service public ;
– la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2016 qui ponctionne encore 2,2 milliards d’euros sur les dépenses de santé.
Belle « reconnaissance » !
On ne pourra indéfiniment compter sur le dévouement et le professionnalisme des personnels hospitaliers de plus en plus malmenéEs et épuiséEs pour faire fonctionner un service public délabré par l’austérité.
D’une main, en cynique « dame patronnesse », Touraine annonçait qu’elle allait verser un pourboire aux hospitaliers parisiens qui ont contribué à soigner les blessés du 13 novembre. De l’autre, son fidèle serviteur, Martin Hirsch, profitait de l’état d’urgence et de l’interdiction de manifester pour tenter d’imposer à l’AP-HP la suppression de jours de RTT, de congés et la réorganisation du travail contre lesquelles les personnels se battent depuis des mois.
Les personnels hospitaliers n’ont que faire de la charité minable de Madame Touraine. Ce qu’ils et elles veulent, à Paris comme ailleurs, c’est les moyens de faire leur travail. Ils et elles exigent des effectifs suffisants, des conditions de travail qui leur permettent de remplir leur mission sans s’épuiser et des salaires pour vivre décemment : tout ce que la politique d’austérité et de restriction de crédits pour la santé rend impossible.
Le Front national ou la colère dévoyée
L’exaspération et la colère qui montent, s’expriment par des luttes dans de nombreux établissements, parfois dures et longues, comme dans les cliniques d’Embats et du Pont-de-Chaume dans notre région. Mais faute de coordination, elles restent isolées.
Cette colère et cette exaspération se traduisent aussi dans les urnes, par l’abstention massive et, de la pire façon, par le vote pour le FN. Avec 6 millions des voix au premier tour et près de 7 millions au second tour des élections régionales, ce parti raciste et xénophobe capte les voix d’une partie des salariés et des classes populaires écœurés par les promesses jamais tenues des politiciens de droite comme de gauche.
Jouant sur toutes les peurs, le FN dévoie la révolte qui devrait s’exprimer contre les vrais responsables de la situation : le patronat et les hommes politiques qui le servent. Ce sont eux qui décident des licenciements, du blocage des salaires, de la destruction des services publics et non les réfugiés ou les musulmans !
La solution, la seule, est à l’opposé des logiques de haine, de destruction et de désespoir de Daech ou du FN. Elle passe dès aujourd’hui par la lutte contre :
– des guerres ruineuses en Afrique et au Moyen-Orient qui ne font qu’engendrer toujours plus de barbarie ;
– des lois sécuritaires, l’état d’urgence et ses débordements policiers qui ne protègent personne ;
– l’austérité, qui plonge chaque jour dans la précarité, la pauvreté et le désespoir une partie croissante de la population.
Le combat pour le droit de toutes et tous à un emploi stable à un salaire décent, à des services publics de qualité, est le creuset ou pourra se reconstruire l’espoir : le projet politique d’une société ou quelles que soient sa couleur de peau, sa religion, ses croyances, il fasse bon vivre ensemble.
Lundi 14 décembre 2015
La grève à la clinique du Pont-de-Chaume à Montauban, suivie par 70 % des soignantEs, vient de se terminer, après 51 jours de lutte ; des salariés avaient commencé une grève de la faim depuis 10 jours. Elles et ils ont obtenu des créations de postes, une prime exceptionnelle de 400 € bruts, des jours enfants malades supplémentaires, des jours d’ancienneté et le paiement du tiers des jours de grève.
Cette clinique appartient au groupe Vedici-Vitalia qui fait pourtant des bénéfices, mais qui a préféré laisser pourrir le conflit plutôt que de céder sur des augmentations de salaires, craignant que cela fasse tâche d’huile. La direction n’a pas hésité, en toute illégalité, à embaucher des intérimaires pour remplacer les grévistes. Le ministère du travail, la direction de l’ARS, occupée par les grévistes le 2 décembre, et Carole Delga, alertée par les grévistes le 11 décembre qui sont venuEs lui rendre visite à sa permanence électorale, n’ont pas bronché…
Vedici-Vitalia avait déjà dû faire face à une grève, en septembre, à la clinique de Gascogne à Auch, où les salariés, après 4 semaines de grève, ont obtenu l’équivalent de 13 % d’augmentation des salaires.
Dans une autre clinique à Auch, l’Embats, après un mois de grève, les employéEs ont obtenu des augmentations mensuelles de 73 € à 147 € et le paiement de la moitié des jours de grève.
Aux Grands Chênes à Bordeaux, après 4 jours de grève suivie par 98 % du personnel, les salariéEs ont obtenu une augmentation de 1,3 % de salaire et une prime exceptionnelle de 300 €.
Après des années de blocage des salaires et de dégradation des conditions de travail dans le secteur privé lucratif, les augmentations de salaire et la création de postes sont au cœur des luttes.
Si l’issue des mouvements de grève est très inégale selon les établissements, comme le disent les salariéEs du Pont-de-Chaume, elles et ils rentrent fierEs d’avoir résisté aux requins de la finance ! Face à la violence des patrons des cliniques privées, prêts à tout pour défendre leurs profits, ces luttes préparent le rapport de force à construire pour imposer le droit de soigner les patients et résidents dignement, avec des salaires qui permettent de vivre.
Les opposants à l’IVG n’ont jamais désarmé : commandos d’illuminés violents dans des services hospitaliers pratiquant les avortements dans les années 90, plus récemment prières de rue démonstratives… tout ce qu’on compte d’intégristes de tous poils a toujours contesté ce droit élémentaire auquel 40 % des femmes en France ont recours au cours de leur vie. Aujourd’hui, Maréchal-Le Pen et Aliot, têtes de liste FN, montent au créneau, voulant supprimer les subventions régionales au Planning familial. A la présidentielle, la tante Le Pen appelait à ne plus rembourser les « IVG de confort »…
Alors, certes, le 26 novembre dernier, le Parlement a réaffirmé à une large majorité que l’IVG est un droit fondamental qui doit rester gratuit et a heureusement supprimé le délai de 7 jours « de réflexion » jusque-là imposé aux femmes. Il n’en reste pas moins qu’à la faveur de la crise, des reculs sociaux, les droits fondamentaux des femmes sont remis en cause comme tous les droits sociaux et démocratiques. Ainsi, dans les hôpitaux, les fermetures de lits ou de services où sont pratiqués des IVG, comme le manque de médecins rendent ce droit inaccessible à certaines femmes.
Le CHU de Toulouse est loin d’être épargné ! En effet la restructuration du service de gynécologie de l’hôpital Purpan va avoir pour conséquences une forte dégradation de la prise en charge des patientes et un effet sur les délais qui risquent de s’allonger pour les femmes. Un collectif réunissant une vingtaine d’organisations, de syndicats et d’associations s’est mis en place, un premier rassemblement a réuni 100 personnes le 3 décembre, un autre a lieu :
La lutte pour le droit à l’IVG est plus que jamais d’actualité !