Paris, Lyon, Grenoble ainsi que la plupart des villes du pays viennent de connaitre l’épisode de pollution le plus important depuis plus de dix ans.
Pendant plusieurs jours, le taux de particules fines dans l’air a dépassé les 80 mg/jour à Paris et Lyon. Pour les populations vivant dans ces zones urbaines cela équivaut à la consommation de deux paquets de cigarettes par jour ! Chaque année en France, 50 000 décès seraient liés à la pollution.
Circulation alternée ou jour férié ?
Mais il n’y a pas que les voitures et le chauffage des maisons qui polluent. Les industries aussi. À Lyon par exemple, jeudi dernier, le jour de « circulation alternée », on pouvait voir la grande torche de la raffinerie de Feyzin cracher d’importantes fumées noires, visibles à des kilomètres à la ronde. Et si la prochaine fois, plutôt que de culpabiliser les salariés contraints de prendre leur voiture, on décrétait un jour férié ?
Toujours est-il qu’en rejetant la faute sur les particuliers, notamment les plus pauvres, ceux qui nous gouvernent éludent le fait que rien n’a été fait depuis des décennies en termes de politique de transport et de modernisation des installations de chauffage.
Manque d’investissement et grosse pagaille
Si la circulation alternée n’a eu que peu d’effets sur la qualité de l’air, elle a donné lieu à des journées de galère pour les usagers des transports en commun.
À Paris, la journée du 6 décembre a été marquée par l’arrêt total de la partie nord du RER B à cause d’un arrachement de caténaire. Le lendemain, jour de mise en place de la circulation alternée, une autre caténaire a été arrachée en gare du Nord, bloquant près de 1,4 million de voyageurs sur tout le réseau.
En cause, le manque chronique d’investissement public dans la modernisation du réseau ferroviaire. La deuxième caténaire arrachée avait plus de 40 ans et sur la ligne du RER C des équipements électriques ont plus de cent ans. L’époque des trains à vapeur ! Même la Cour des comptes, temple de l’austérité, a révélé qu’il manquait 300 à 500 millions d’euros d’investissement annuel depuis 35 ans pour le simple entretien du réseau francilien. Ces 15 à 20 milliards n’ont pas été trouvés en trois décennies, alors que le gouvernement actuel a débloqué au bas mot 40 milliards d’euros de cadeaux aux patrons pour quatre ans dans le cadre du Crédit d’impôt compétitivité… qui n’a créé aucun emploi ! Sans parler des 53 milliards d’euros de profits que les entreprises du CAC 40 ont réalisés en un an.
À Lyon, la Métropole s’est opposée à la gratuité des transports, alors que les tarifs pour un réseau de seulement quatre lignes de métro et cinq de tramway avoisinent ceux de Paris. Elle a préféré maintenir les contrôles pour continuer à ponctionner ceux qui vivent à la périphérie de la ville ne pouvant payer des loyers exorbitants.
Leurs choix et les nôtres
Ces choix politiques pénalisent lourdement les salariés sur l’ensemble du territoire. Depuis plus de trente ans, les gouvernements successifs ont délaissé les investissements visant à améliorer les transports en commun et les réseaux de proximité. Les lignes TGV aux prix prohibitifs ont été privilégiées aux lignes de TER. Et voilà que l’on supprime les trains de nuit.
De la même manière, la société de fret ferroviaire Euro cargo rail vient de supprimer 300 emplois en France. Le fret ferroviaire, qui pollue infiniment moins que les poids lourds, ne représente plus que 15 % des marchandises transportées en France contre 75 % en 1947. On voit à quoi se réduit le baratin écologique gouvernemental.
En réalité, le pic de pollution de ce début d’hiver a été un véritable révélateur de la violence sociale imposée d’en haut. La santé comme les conditions de vie de la population ne font pas partie des priorités des gouvernants, voués au service du grand patronat.
Il serait temps de faire partir ce système capitaliste en fumée.
A Muret, ça fait plusieurs jours qu’on n’a plus de chauffage. La direction ferait mieux de se dépêcher de le faire réparer. On ne va quand même pas être obligé de se rassembler autour d’un feu de palettes pour se réchauffer, si ?
Sur la plaque de Muret/Portet la direction a offert une boîte de chocolats à tout le monde pour la fin de l’année. C’est un bon début et le geste a été plutôt apprécié. Toutefois, cette attention suit la suppression des tickets restos qui nous nourrissaient vraiment ; et toute l’année ! Cette perte sèche de salaire, on l’a encore en travers de la gorge.
C’est la période des calendriers, un remontant pour nos salaires qui restent bien bas. Mais ils représentent quand même une surcharge de travail dans une période déjà épuisante. Et certains, comme les facteurs colis ou les rouleurs, ne peuvent pas en profiter.
Ce qu’il faut inscrire au calendrier, c’est une augmentation générale des salaires et un 13ème mois pour tous les postiers et postières.
Jeudi dernier, les postiers étaient appelés à la grève par les syndicats CGT, Sud et Unsa. Les restructurations se succèdent en permanence dans les bureaux et les centres, entraînant autant de luttes locales ; en revanche, cela faisait bien longtemps qu’il n’y avait pas eu de grève nationale à La Poste. Or les postiers font bel et bien face à une politique nationale de l’entreprise, qui est d’ailleurs à l’image de la politique menée par les patrons du public comme du privé : plus de 50 000 postes supprimés en dix ans, développement des contrats précaires. À côté de cela, le bénéfice net au premier semestre 2016 est de 675 millions d’euros, en hausse de près de 60 % !
Une seule journée de grève ne suffit pas. Reste à préparer la suite, le combat qu’il est nécessaire de mener tous ensemble et tous secteurs confondus.
Pour augmenter son chiffre d’affaire, La Poste fait une campagne pour vendre timbres à gratter, colissimos et cartes au Père Noël hors de prix. Argument de choc : « commandez avant l’augmentation de janvier 2017 » !
Un record pas raccord... avec les discours sur la baisse du trafic
Ces jours-ci, la Poste bat son record du nombre de livraisons de colis avec un chiffre estimé à 2,5 millions par jour.
En comparaison, il y a 6 ans, le pic de la période des fêtes culminait à 1,5 million de colis par jour.
Un million de colis à gérer en plus pour Noël, quel joli cadeau pour les postiers !
A la Poste, les effectifs sont passés de 303 000 à 253 000 en dix ans. Depuis 2004, 100.000 emplois ont été supprimés. L’objectif de la direction, c’est d’en supprimer encore 80.000 d’ici 2020.
Le nombre de bureaux de poste gérés en propre est passé de 17 000 à 9 000 en quelques années. Et on nous programme encore la fermeture de 30% des bureaux de poste d’ici 2017.
Nos « dirigeants » mériteraient bien mieux le titre de saboteurs.
Un facteur de Rennes, interviewé dans le Nouvel Obs, raconte la dégradation des conditions de travail sur son bureau.
Sur son secteur, on leur a supprimé en quelques années 10 des 31 tournées. Entre temps 1000 nouveaux logements se sont ajoutés sur la zone.
Quand est-ce qu’on mène une vraie lutte ensemble contre ces mêmes attaques qu’on vit partout ?
Interviewé la semaine dernière, Olivier Besancenot donnait sa vision de la situation à la Poste :
« Dans deux tiers des zones rurales, les vrais bureaux de poste ont été transformés en ‘points poste’. Maintenant, ce sont même les grandes villes qui sont touchées. À Paris, le bureau de poste de Gare du Nord vient de fermer. Or, l’activité ne baisse pas, comme le prétend la direction. Le flux de courriers est impacté par la crise économique mais il est compensé par toute une gamme de courriers – ‘suivi’, ‘express’, ‘accéléré’, etc. – qui exigent du facteur d’aller à domicile, et pas simplement dans la boite aux lettres. Concrètement, vous pouvez avoir moins de courriers à distribuer, mais un temps de travail allongé parce que la prestation n’est plus la même. La conséquence de la baisse drastique de personnel, c’est que la charge de travail augmente pour ceux qui restent. Les postiers sont entrés dans la phase que France Telecom a connue en 2008-2010. »