Interviewé lundi 19 octobre sur RTL, François Hollande a concédé, à propos des arrestations au petit matin, comme pour de dangereux truands, de quatre salariés d’Air France : « Je pense qu’il y a d’autres méthodes », avant de prétendre que le gouvernement n’y est pour rien. Mais quand Valls lui-même traite les manifestants en colère d’Air France de « voyous », quand Macron les traite de « stupides », le gouvernement n’y est pour rien ? Valls, après le CCE mouvementé d’Air France, ne s’est pas contenté d’insulter les travailleurs menacés de licenciement, il a affirmé aussitôt que le gouvernement « soutient la direction d’Air France »… Mais où et quand a-t-on vu Hollande, Valls ou un quelconque de leurs ministres se ranger du côté des travailleurs depuis 2012, pour ne pas parler d’avant ?
Qui sont les agresseurs et qui sont les victimes ? Les dirigeants d’Air France – qui décident et annoncent avec une morgue que tout le monde a pu voir sur Internet 2 900 suppressions d’emplois – seraient les victimes ? L’immense majorité des travailleurs ne s’y est pas trompée, beaucoup estimant que les dirigeants d’Air France n’avaient eu que ce qu’ils méritaient. Et c’est bien parce qu’ils craignaient cette réaction de solidarité avec les travailleurs en colère que le gouvernement et le patronat ont multiplié les mensonges. Ils ont inventé qu’un vigile était dans le coma, le démenti ayant été bien moins relayé que le mensonge… Ils ont pointé du doigt les pilotes dépeints comme campés sur leurs privilèges parce qu’ils refusent qu’on leur allonge considérablement leur temps de travail. Mais Le Canard enchaîné a révélé que les 2 900 suppressions d’emplois annoncées le 5 octobre n’étaient qu’une première salve, 5 000 autres devant être annoncées… après 2017 : un plan manifestement préparé de longue date, l’attaque des pilotes n’étant qu’une opération de com’ pour leur faire porter le chapeau.
Mais le plus gros mensonge porte sur la santé prétendument « catastrophique » d’Air France, alors que la société est bénéficiaire… avant paiement d’intérêts exorbitants aux banquiers. Et où les salaires des dix plus hauts cadres ont augmenté de 19 % en deux ans.
Pour les gouvernants, il faudrait privilégier le « dialogue social ». Mais là où Valls voit « une belle démonstration que le dialogue social est vivant », c’est dans l’accord sur les retraites complémentaires du privé, que trois syndicats viennent d’accepter, qui prévoit un gel des pensions pendant trois ans et le choix pour les futurs pensionnés entre une décote de 10 % pendant deux à trois ans et un report d’un an du départ en retraite !
Il n’y a pas de « dialogue social ». Il y a une guerre sans merci que le patronat, aidé par le gouvernement, mène aux travailleurs. Et dire qu’il s’est trouvé des syndicats de salariés pour oser participer à la « conférence sociale » que le gouvernement a ouverte lundi et qui ne peut qu’être une mascarade, boycottée à juste titre par la CGT et Solidaires. Cette soumission de certains dirigeants syndicaux ne représente pas les sentiments de la majorité des travailleurs, qui se sont sentis solidaires de ceux d’Air France, comme l’a encore montré la réception de Macron par des manifestants dans le Lot brandissant une chemise avec la mention « La prochaine, c’est la tienne » ; et qui se reconnaissent bien plus dans le geste de ce délégué de STX à Saint-Nazaire refusant de serrer la main de Hollande et lui disant ses quatre vérités.
Plusieurs organisations syndicales, dont la CGT et Solidaires, appellent à manifester leur soutien aux travailleurs d’Air France, à Paris et dans plusieurs villes, ce 22 octobre, jour d’un nouveau CCE d’Air France.
Rassemblement à l’aéroport de Blagnac à 11 h 30 ce jeudi, 22 octobre
Un autre rassemblement est d’ores et déjà prévu pour le 2 décembre, jour de la comparution des inculpés devant le tribunal de Bobigny. Mais il faudra aller bien au-delà de la sympathie avec ceux d’entre nous qui luttent. Nous sommes tous visés par les attaques dont sont aujourd’hui frappés les travailleurs d’Air France, et les menaces qui pèsent sur ceux qui osent se rebiffer contre les licenciements.
C’est vers une riposte de l’ensemble du monde du travail qu’il faut aller pour faire ravaler leur morgue aux patrons en leur faisant craindre de perdre bien plus que leur chemise.
Mercredi 21 octobre 2015
Après Power 8, voici maintenant Scope+. Le premier avait déjà imposé aux sous-traitants une grosse baisse de leurs coûts. Ce qu’ils avaient réalisé d’une part en ouvrant des usines dans des pays à main d’œuvre bon marché, d’autre part en dégradant les conditions de travail et de vie des personnels.
Eh bien ! Airbus veut maintenant une nouvelle baisse, de 10 % d’ici 2019. Bregier ose prétendre qu’il faut « un meilleur équilibre » entre l’avionneur, « qui supporte l’essentiel des risques », et les équipementiers.
Cette baisse est considérée comme impossible sans nuire à la qualité et à la fiabilité des équipements par un ex-président du Centre National de la Sous-Traitance. Et ce d’autant plus qu’Airbus impose des garanties qui obligent les équipementiers à payer des primes d’assurance de plus en plus élevées.
Ce monsieur dramatise peut-être, car les sous-traitants ne cessent d’ouvrir des usines dans les pays pauvres. Ainsi Stelia et Latécoère s’implantent au Maroc, ce pays où le roi Mohamed VI se fait fort de museler les travailleurs. Mais ce qui est sûr, c’est que, tout comme ceux d’Air France, les dirigeants d’Airbus ne se préoccupent que du bonheur des actionnaires…
Il y a deux semaines, nos collègues du poste 35 à Clément-Ader ont débrayé pour obtenir plus d’effectifs. Ils en avaient marre des heures sup à gogo et des samedis travaillés.
Ils ont obtenu gain de cause… Une idée à suivre…
Airbus bienveillant envers les travailleurs handicapés ? C’est ce que pourrait laisser croire les déclarations de Patrick Farget, responsable des achats généraux du groupe. Dans le respect des « objectifs économiques d’Airbus », ce responsable aurait ainsi permis la création de « 200 emplois équivalent temps plein », en quintuplant le chiffre d’affaires consacré aux sociétés du secteur adapté et protégé, ce dernier passant de 4 à 22 millions d’euros. Mais c’est en intégrant dans les appels d’offres une « clause sociale » à l’attention des fournisseurs de rang 1 leur demandant de travailler en co-traitance avec les entreprises du secteur adapté et protégé.
Une véritable opération de com’ visant à donner une bonne image du groupe tout en sous-traitant l’embauche de travailleurs handicapés, se servant de la loi pour satisfaire, voire dépasser, les quotas légaux.
Le nouveau gestionnaire de l’aéroport (privatisé par Macron) de Toulouse-Blagnac a décidé d’accroître le nombre de boutiques dans l’aérogare… et d’allonger le parcours imposé pour l’embarquement à la majorité des passagers afin qu’ils passent devant ces boutiques.
La multiplication des commerces (et souvent particulièrement chers), c’est à la mode aujourd’hui dans les aéroports et les gares.
En même temps qu’on réduit les effectifs des pilotes, des hôtesses de l’air, des personnels au sol, des cheminots… Est-ce pour profiter des gens qui attendent en gare un train ou un avion en retard, faute de personnel suffisant ?
Un sens très particulier du service public…
Les agents du cinéma municipal Rex sont en grève. Leurs revendications ? La reconnaissance des heures travaillées en soirée, week-end et jours fériés, la titularisation de leur collègue contractuel et le maintien des horaires actuels d’ouverture du cinéma. Une pétition de soutien signée par les spectateurs a rassemblé 200 signatures en quelques jours.
La municipalité (de gauche !) de Blagnac refuse toute négociation et joue la carte de l’intimidation. Un rassemblement de soutien s’est tenu jeudi 15 octobre devant la mairie lors du conseil municipal. Les travailleurs en lutte méritent notre soutien en tant que travailleurs, spectateurs ou habitants de Blagnac.
Selon une enquête du New York Times, 158 richissimes familles financent près de la moitié des campagnes des candidats aux élections présidentielles américaines de l’an prochain. Ces grandes fortunes, surtout de la finance et de l’industrie, ont déjà aligné 176 millions de dollars pour soutenir leurs candidats.
Le futur président américain sera, une fois de plus, choisi par les milliardaires… s’il n’est pas milliardaire lui-même.