Le nombre de « blocages » prévus le samedi 17 novembre contre les hausses du prix des carburants ne fait qu’augmenter. Lancé par de petits patrons transporteurs, abondamment relayé par les réseaux sociaux d’extrême droite, cet appel a trouvé un écho qui n’a plus rien à voir avec ceux qui l’ont initié : nombreux sont ceux qui, dans les usines ou les bureaux, s’en sont emparés pour exprimer leur ras-le-bol face à la baisse continue de leur pouvoir d’achat.
Nous faire les poches
pour financer les cadeaux aux riches
Le prix du carburant pèse lourd dans le budget des ménages. De novembre 2015 à aujourd’hui, le prix du gazole à la pompe a augmenté de 65 % ! L’ensemble des taxes en représente 60 %, 20 % pour la seule TVA.
Mais tout le monde ne paye pas ! Les patrons sont totalement exonérés de la TVA sur le gazole (et, désormais, sur tous les carburants) pour les véhicules utilitaires et à 80 % pour les véhicules particuliers de leur entreprise… Une fois de plus, ce sont les travailleurs, les petites gens en général qui payent majoritairement. Or, quand on travaille loin de chez soi, en équipes, on est obligé de prendre la voiture.
Le gouvernement fait les poches des plus pauvres pour financer ses cadeaux aux riches. Un des derniers en date : alors que le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) doit être remplacé par des exonérations de cotisations sociales, les patrons pourront prétendre en 2019… aux deux à la fois.
Les raisons de la colère sont nombreuses
Les bas salaires n’augmentent pas depuis des années contrairement aux prix ; les pensions sont grevées par la hausse de la CSG ; les allocations stagnent voire baissent, comme les APL ; les loyers sont élevés ; et les taxes s’accumulent sur notre dos pour finir en cadeaux fiscaux pour les plus riches.
L’hypocrisie de la « fiscalité écologique »
Le gouvernement met en avant l’« urgence écologique », avec le gazole et ses particules fines dans le collimateur. Alors que la politique fiscale a incité depuis des décennies à acheter des véhicules à moteur diesel – majoritaires aujourd’hui –, le gouvernement vilipende les « gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel », selon les mots méprisants de son porte-parole, Benjamin Griveaux.
Et les « cars Macron » destinés à concurrencer le chemin de fer, ils roulent à l’eau de pluie peut-être ? Comme tous ses prédécesseurs, le gouvernement privilégie le transport routier par rapport au ferroviaire : qui peut croire qu’il a été touché par la grâce écologique ?
Préserver l’environnement ? Oui, mais en s’en prenant aux vrais responsables : les entreprises qui polluent, les constructeurs automobiles qui truquent les tests anti-pollution, et l’État qui devrait garantir des transports collectifs gratuits. Pas en rognant sur les salaires des travailleurs.
Sur qui compter pour riposter ?
Le patronat du transport routier est à l’origine de l’appel aux blocages du 17 novembre. Appel relayé par tous les politiciens réactionnaires, de Le Pen à Wauquiez.
Mais il a largement dépassé la sphère de ses initiateurs. Dans certaines entreprises, des syndicats appellent à se battre contre la hausse des taxes et pour des augmentations de salaires. Dans certaines communes, des centaines de gens se réunissent pour mettre en avant pêle-mêle les augmentations de taxes, les suppressions de postes dans les services publics en passant par les bas salaires. Comme le disent certains, « les taxes sur les carburants, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ». Et la majorité de ceux qui, dans les entreprises, s’apprêtent à participer aux rassemblements du 17 ne comptent certainement pas sur des démagogues à la Le Pen et autres Wauquiez !
Passer à l’offensive
Depuis longtemps les travailleurs sont sur la défensive. Aujourd’hui la colère gronde chez des millions de salariés contre la hausse du coût de la vie. Le NPA apporte son soutien à toutes les initiatives locales, en particulier celles issues du mouvement social, qui permettront au 17 novembre de porter en toute clarté, et sans se mêler à l’extrême droite, les revendications du monde du travail : suppression de la TVA sur les carburants, réelle priorité aux transports collectifs, augmentation générale des salaires.
Mercredi 14 novembre 2018
Tom Enders est sûrement content : ce triplement est un bon point avant son prochain départ. Les actionnaires salivent déjà…
Et nous ? Eh bien, cela nous donne des arguments pour exiger de vraies augmentations de salaire.
Profitant de la fin du développement d’Ariane 6, et sous prétexte d’accroître la compétitivité de ses lanceurs, la direction d’ArianeGroup veut supprimer 2 300 emplois (sur 9 000). Elle affirme pouvoir éviter un plan social grâce aux nombreux départs à la retraite. Cela n’enlève rien au fait que des emplois seront bel et bien perdus !
Cette politique où on profite de la fin du développement d’un projet pour se débarrasser de ceux qui ont travaillé dessus nous rappelle beaucoup certains plans d’Airbus… Normal, puisque ArianeGroup est depuis mars 2017 contrôlée par Airbus et Safran.
Yannick Assouad vient d’être nommée « administrateur référent » de Vinci. De quoi arrondir des fins de mois difficiles, car chez Latécoère sa rémunération brute annuelle est inférieure ou égale à 1 210 000 €.
Les profits des patrons ne sont pas une garantie pour l’emploi : Bombardier en est un bon exemple : après 14 500 suppressions de postes depuis 2016, il en supprimera encore 5 000 sur 18 mois, dont 2 500 au Québec. Mauvaise nouvelle pour nos collègues canadiens, après la célébration du « mariage » Airbus-Bombardier sur la C-Series. Bombardier vend aussi le Q-Series… Tout ceci pour « concrétiser la pleine valeur du portefeuille de Bombardier ».
Gageons que les dirigeants d’Airbus sont admiratifs devant cette casse sociale à la canadienne. Comme les patrons savent s’entendre pour défendre leurs intérêts par-delà les frontières et les distances, nous devons faire pareil et montrer notre solidarité avec nos collègues du Canada. Seule l’action collective peut arrêter les patrons.
Lundi 5 novembre, deux immeubles vétustes se sont effondrés à Marseille. On dénombre actuellement huit victimes. Il a fallu déblayer plusieurs dizaines de mètres cubes de gravats pour les retrouver. Et d’autres immeubles menaçant ruine ont dû être abattus d’urgence.
Une marche de plusieurs milliers de personnes a eu lieu samedi 10 pour dénoncer l’inaction du maire Jean-Claude Gaudin, qui dit ne pas regretter sa politique du logement. Un balcon s’est effondré alors que la marche passait, heureusement sans faire de nouveaux morts. A Marseille, la négligence des pouvoirs publics et des riches depuis des décennies vis-à-vis du logement des plus pauvres est patente.
Les femmes restent moins égales
que les hommes
Afin de mettre en relief l’écart de salaire entre hommes et femmes, un collectif féministe a calculé que, du mardi 6 novembre à 15 h 35 jusqu’à la fin de l’année 2018, le travail fourni par les femmes sera du travail gratuit, car elles touchent en moyenne un salaire inférieur de 14 % à celui des hommes.
Pour le même poste, l’écart est de 9 %. Mais les retraitées touchent une pension inférieure en moyenne de 37 % à celle des hommes. Cela est dû à la surreprésentation des femmes dans les emplois à bas salaires, peu qualifiés et à temps partiel.
Cette inégalité est le reflet de la place des femmes dans cette société, ce qui ne la rend pas pour autant acceptable !
Lors des négociations sur la réforme de la Fonction publique, le ministre du Budget, Darmanin, a annoncé la mise en place d’un « plan de départs volontaires » concernant 50 000 fonctionnaires et la « généralisation du contrat », en lieu et place du recrutement au statut, pour les nouveaux embauchés…
Il veut généraliser une précarité déjà bien présente, avec 20 % de contractuels dans la Fonction publique. Une raison supplémentaire pour une riposte tous ensemble contre les patrons et le gouvernement !
Jeudi dernier, sept personnes passaient en procès pour avoir participé à une manifestation contre l’action du groupe d’extrême droite Génération Identitaire sur le col de l’Échelle en avril. Ils sont accusés d’avoir fait passer en France une vingtaine de migrants, qui s’étaient joints à la manifestation.
En réalité, celle-ci leur a permis d’éviter de faire seuls un trajet périlleux : en 9 mois, 500 migrants ont été envoyés à l’hôpital à leur arrivée, et une jeune Nigériane poursuivie par la police est morte noyée.
Les commémorations du 11-Novembre nous ont valu une avalanche de discours patriotiques mais ont donné aussi l’occasion de faire ressortir quelques aspects peu glorieux de la guerre de 14-18. En particulier sur l’utilisation des troupes coloniales envoyées, mal équipées, se faire massacrer en première ligne.
La plupart avaient été recrutés de force et n’étaient en aucun cas venus au secours de leur « mère-patrie » ! Quant aux pensions des survivants, elles ont été « gelées » quand la France a dû accorder l’indépendance à leur pays, l’inflation réduisant vite ces pensions gelées à une misère.
Blanquer veut poursuivre la casse de l’enseignement public avec sa réforme à marche forcée du lycée, malgré le succès de la grève des personnels du 12 novembre. Mais la colère qui monte pourrait bien le faire trébucher.