Les directeurs d’hôpitaux sont en colère, et ils le font savoir. Dans un communiqué, l’ADH (Association des directeurs d’hôpital) dénonce « l’Hôpital bashing ». Nos « managers » ne supportent pas les nombreux reportages qui, au cours des derniers mois, à la télévision ou dans la presse écrite, ont fait connaître au grand public la réalité quotidienne dans nos services.
Par contre, leurs âmes sensibles ne semblent pas choquées par les conditions de travail insupportables, décrites dans ces reportages : pas un mot sur l’épuisement professionnel qui détruit les personnels de toutes catégories. Les suicides d’agents, qui se multiplient, ne sont même pas mentionnés ; sans doute, des drames « individuels » touchant des personnes « fragiles » ?
Nos directeurs ne semblent pas davantage gênés par les conséquences pour les patients des restrictions généralisées, du manque de personnel, des services surchargés décrites dans les reportages. Non ce qui les choque c’est que cela se sache.
Où est pourtant le vrai scandale ? Et qui sont les vrais coupables ?
Les gouvernements qui imposent l’austérité à l’hôpital et soumettent les soins aux normes de l’entreprise ? Les directions qui appliquent, souvent avec zèle, ces politiques ? Ou bien nos collègues « lanceurs d’alerte » et des délégués syndicaux qui, malgré les menaces et la répression, dénoncent ces pratiques pour les combattre ?
Nos directeurs se disent animés par des « valeurs humanistes ». Malheureusement ces « valeurs humanistes » sont réservées à leurs discours et publications sur papier glacé.
Sur le terrain leur pratique ressemble chaque jour davantage à celle de leurs collègues les patrons des cliniques privées. Dans ce monde-là, les « objectifs », la « rentabilité » et le « retour sur investissement » passent avant les « valeurs humanistes ».
Défendre l’hôpital public commence par dénoncer cette dérive et ses conséquences
Défendre l’hôpital public c’est combattre la transformation de l’hôpital en entreprise, où le soin est subordonné à des objectifs économiques, où le travail collectif de tous, en équipe, dans l’intérêt du patient est remplacé par la mise en concurrence des salariés entre eux.
Comme dans une entreprise privée on nous « évalue » chaque année en fonction de leurs « objectifs » et de leurs « résultats ». Les responsables médicaux deviennent des managers les yeux fixés sur leurs « tableaux de bord », les « pôles » sont mis en concurrence pour l’attribution des moyens.
Comme dans une entreprise capitaliste, on ferme des services, on délocalise, on restructure avec pour seul but la baisse des coûts et l’augmentation de la productivité.
Face à la politique de Macron, à l’austérité budgétaire et à la privatisation du service public hospitalier, défendons l’hôpital public accessible sur tous les territoires et au service de tous.
Exigeons :
• L’abrogation de toutes les réformes qui ont transformé l’hôpital en entreprise : « tarification à l’activité », lois « Bachelot » et « Touraine ».
• La fin de l’austérité budgétaire que Macron et sa ministre Buzyn s’apprêtent à aggraver d’un milliard et demi d’euros en 2018. Les budgets doivent être accordés en fonction des besoins réels définis démocratiquement avec les usagers assurés sociaux.
• Un financement 100 % public par la Sécurité sociale.
• Une organisation collective et démocratique, un travail en équipe, avec tous les professionnels et la reconnaissance du travail de chacunE.
• La fin de la précarité et de la polyvalence.
• Le recrutement de personnel titulaire, le maintien et la défense du statut de la fonction publique hospitalière.
Dimanche 10 décembre 2017
Les plaintes des directeurs des hôpitaux seraient plus crédibles s’ils avaient la décence de dénoncer les contraintes qui pèsent sur l’Hôpital par le biais de leurs organisations.
Bien au contraire, par la voix de la Fédération hospitalière de France (FHF), véritable « Medef hospitalier », ils approuvent les restrictions budgétaires… à condition d’avoir les mains plus libres pour les appliquer.
Le 29 septembre, Frédéric Valletoux, président de la FHF affirmait : « Faire des économies, pourquoi pas, mais à conditions que les hôpitaux soient accompagnés par des réformes structurelles », la première étant pour lui de « sortir de ce vrai carcan » qu’est le statut de la Fonction publique hospitalière.
Faire le sale boulot, oui mais à condition d’avoir les mains libres pour licencier et précariser le personnel… Et ces Messieurs osent nous parler de leurs « valeurs humanistes » !
A moins d’une semaine d’intervalle, les membres du CHSCT de l’hôpital Avicennes (93) apprennent qu’un brancardier a tenté de se suicider, et qu’un autre brancardier du même service s’est suicidé. Les émotions se bousculent. La colère monte quand on réalise la disparition définitive du collègue. Près d’une centaine de salariés ont répondu à l’appel des syndicats pour rendre hommage à Tonio le disparu.
La direction, cynique, a tout fait pour « enterrer » le suicide et la tentative de suicide, tentant de bloquer l’enquête du CHSCT, allant jusqu’à utiliser l’émotion des collègues pour éviter toute investigation, et menaçant de poursuite « au pénal » s’il y avait un « accident » suite à l’enquête.
Quand on sait qu’une des responsabilités de l’employeur est de garantir, avec obligation de résultat, la santé physique et morale des salariéEs, c’est mettre sur le dos des autres ses propres incompétences.
La colère est forte chez les agents du CHU de Toulouse. Plusieurs mobilisations ont eu lieu ces dernières semaines : les agents du 801 sont en grève depuis huit semaines, les formateurs du PREFMS se mobilisent concernant leurs conditions de travail et, depuis mercredi 6 décembre, ce sont les soignantEs de la Villa Ancely, service de pédopsychiatrie de Purpan, qui sont en grève totale.
Sur ce service, comme dans de nombreux autres, le sous-effectif est criant. Mais pour la direction, tout va bien ! En effet, pour elle, ce qui compte c’est le nombre d’emplois rémunérés, pas le nombre d’agents réellement présents. Peu importe donc le nombre d’arrêts maladie longue durée, d’accidents du travail, d’agents en formation… On comprend mieux pourquoi elle nous dit qu’il n’y a pas de problème d’effectif à l’hôpital.
Malgré le système des assignations, les soignantEs de la Villa Ancely ont réussi à entrer en grève totale. En effet, en appliquant entièrement la réglementation qui stipule que les assignations doivent être remises en main propre et avec la signature originale du directeur général ou de quelqu’un ayant réellement la délégation de pouvoir, dur dur de tenir le rythme pour trouver les agents qui se déclarent grévistes 24 heures avant.
Il ne se passe pas un mois sans qu’il y ait une mobilisation d’un service du CHU de Toulouse.
Il faut maintenant réussir à le faire touTEs ensemble pour enfin faire reculer la direction sur les suppressions de postes et pour obtenir les centaines qui manquent !