Les postiers se mobilisaient ce 27 juin contre la révocation d’un représentant CGT des Pyrenees Orientales à la suite du mouvement des retraites. Localement, un Comite de soutien s’est formé pour dénoncer la répression syndicale et la criminalisation du mouvement social.
Une centaine de postier.e.s de toute la région étaient réunis ce mardi à Toulouse, devant la direction régionale de la Poste aux Minimes, à l’appel de la CGT FAPT - anciennement CGT PTT et de SUD Poste. En cause : la convocation à Paris pour révocation du secrétaire de la section syndicale des Pyrenees Orientales, Alexandre Pignon. Accusé d’avoir pris part à des opérations de blocage, le militant avait déjà été pris pour cible à plusieurs reprises dans le cadre du conflit sur les retraites, comme de nombreux autres.
« Ce n’est pas la première fois que des attaques ciblées sont faites sur la CGT et des camarades, confie Laurence Cahors, secrétaire des ‘PTT’ Aveyron, peut-être parce que la CGT dérange, et pourtant elle est fortement représentée, tout simplement parce que les salaries nous plébiscitent. Nous on considère que la démocratie ça se respecte. »
La direction a porté plainte contre six autres grévistes pour participation au piquet de gréve de la « Barricada 840 », point de convergence des travailleurs en lutte de la région. Un autre a reçu un blâme...
Au lendemain de la mobilisation printanière des retraites, la répression syndicale continue de s’abattre. Et à la violence répressive de la police dans la rue, aux arrestations et procédures judiciaires abusives, vient s’ajouter la répression en interne, celle d’une direction revancharde qui multiplie sanctions et mises à pieds.
Le Comite de soutien dénonce dans son appel un licenciement pour faits de grève et une criminalisation de l’action militante, produite par « l’accumulation de lois pénales répressives, appliquées avec zèle par le gouvernement. » La mobilisation des retraites a effectivement permis de faire le point sur l’état des libertés d ‘expression, de manifester, de réunion... et le constat est alarmant, ainsi que le rappellent d’ailleurs régulièrement des ONG de défense des droits de l’homme, comme Amnesty International ou Human Rights Watch.
C’est pourquoi les travailleurs en lutte des Pyrenees Orientales ont décidé de créer un Comité de soutien aux camarades victimes de la répression syndicale, et de lancer un appel, le plus large possible : « ce Comité se veut large et est ouvert à toute organisation ou individu qui partagent nos valeurs et souhaitent l’intégrer afin de défendre les libertés syndicales » souligne le communique. Pour défendre tous les Alexandre Pignon qui font aujourd’hui face à la répression. Les premiers signataires incluaient les sections locales du NPA , de LFI et du PCF pour les partis, et de SUD Poste, Solidaires, CNT PTT et FSU pour les syndicats.
« Ce n’est pas acceptable qu’un camarade soit menacé de révocation pour avoir voulu revendiquer, militer, porter ce que ses camarades, ses collègues souhaitent, rappelle Laurence Cahors, on lui reproche aujourd’hui de s’être mobilisé contre une reforme particulièrement injuste. »
Le fond de l’air est lourd. L’appel le dit en termes très clairs : « la colère de ne pas être pris en compte, ni par le gouvernement, ni par le patronat ne peut que s’exacerber. Cela favorise l’expression d’une extrême droite de plus en plus prégnante dans les débats politiques et électoraux alors que se multiplient des actes violents perpétrés par des groupuscules fascisants peu condamnés par les autorités publiques. »
De fait, le constat ne saurait être plus criant. Le contexte de répression generalise, qui a vu encore récemment la dissolution des Soulèvements de la Terre - taxés d’ecoterroristes’ quand Lafarge peut se permettre de traiter directement avec Daech - tranche avec la complaisance dont peuvent faire preuve les institutions envers les violences d’extrême-droite en constante augmentation. En mai dernier, le maire de Saint Brevins a vu brûler sa maison sans susciter de réaction de la part de l’État bourgeois.
En soutien à Alexandre, convoqué le 3 juillet prochain à Paris, SUD Poste a lancée un préavis national de gréve sur la journée tandis que la FAPT d’Ile de France a appelé à un rassemblement de soutien. « On va continuer à être là, assure Laurence, et à aller jusqu’au bout. Et surtout que ça ne se fasse pas en silence. »