Environ 170 travailleurs des usines Latécoère de Toulouse et Gimont viennent de faire 5 jours de grève, une première depuis 1972. La colère couvait depuis longtemps, mais elle a explosé quand les travailleurs, soumis au gel de leurs salaires, ont appris que les premières décisions du nouveau Conseil d’Administration du groupe (après l’entrée au capital des fonds d’investissement anglo-saxons Apollo et Monarch) avaient été d’augmenter très fortement les « jetons de présence » des administrateurs (Gadonneix, le président, ex PDG de GDF, passant ainsi de 150 000 à 200 000 € annuels) et de distribuer des actions gratuites aux membres de l’exécutif (d’une valeur d’environ 10 millions d’euros).
Quant aux travailleurs des sites français du groupe (environ 2000), les administrateurs leur font l’aumône de 100 fois moins d’actions à se partager.
Par ailleurs, malgré la bonne santé de la filière aéronautique, les craintes sont grandes sur l’emploi, tant au Bureau d’Études qu’en Production (où le sous-investissement est patent et certaines machines obsolètes), même si les objectifs industriels fixés par la direction ont été atteints et que la direction n’a de cesse de louer les efforts et la performance des salariés et de dire que la situation financière du groupe est assainie.
La direction a fait la sourde oreille, refusant de négocier sur les revendications des grévistes. Mais le Conseil d’Administration, qui se réunissait ce mardi, a du écouter le message des grévistes (lu par l’élu CGT) les mettant en garde contre tout pillage de l’entreprise par ses actionnaires, même s’il n’y a pas répondu.
La grève s’est certes arrêtée au 5ème jour, au terme d’une AG commune des grévistes de Toulouse et Gimont, mardi 15 décembre, mais la direction est prévenue : si le résultat des NAO de janvier n’est pas à la hauteur des attentes, il y aura une deuxième manche, mieux préparée, et elle y laissera des plumes !
Comme le disait avec émotion l’ancien secrétaire de la CGT, proche de la retraite, avoir vécu ces 5 jours de solidarité après des décennies de recul social, « c’est une expérience inoubliable ».