Jeudi 2 février - 14h
Place André Abbal (Toulouse)
Pour l’État et les patrons, l’école remplit une double fonction : former de la main d’œuvre prête à l’emploi, et justifier l’ordre social. Le système scolaire s’articule autour du « mérite », la sélection, l’orientation, l’opposition entre travail manuel et intellectuel. A cela s’ajoute l’apprentissage de l’obéissance et le respect de règles que les élèves ne sont presque jamais invités à discuter.
Tout le monde s’accorde pour dire que l’école de la République est une école de l’inégalité. Le facteur le plus déterminant dans la réussite scolaire des élèves est leur milieu social d’origine. Le Conseil Départemental s’appuie lui-même sur ce court constat pour justifier son projet de fermeture des collèges Badiou et Bellefontaine, laissant croire que le problème viendrait de ces établissements.
Si les politiques menées depuis des années ont tendance à renforcer les fonctions de reproduction et de justification de l’ordre social, l’État se désengage de la transmission de savoirs émancipateurs. Les réformes, les suppressions de postes ont réduit à peau de chagrin les dispositifs d’accompagnement et d’aide aux élèves. Pendant ce temps, les entreprises privées de soutien scolaire (Acadomia, Complétude...) se sont développées et cumulent 2 milliards d’euros de chiffre d’affaire. Réservé à ceux qui peuvent payer !
Facile, après, de taper sur les REP. Ce qui créé des difficultés scolaires, ce ne sont pas les élèves eux même, c’est d’abord l’instabilité et la précarité du quotidien, du logement, la pression policière, le mépris et la violence sociale du capitalisme, c’est le manque de moyens pour que l’école puisse garantir l’égalité d’accès de tous et toutes à un lieu d’apprentissage agréable, aux savoirs, aux sorties culturelles, aux voyages, à la création artistique, gratuitement. Ce devrait être la priorité de ceux qui déclarent agir au bénéfice des classes populaires.
Les institutions continuent d’organiser la ségrégation sociale à l’école : 25 % des collégiens toulousains obtiennent une dérogation pour choisir leur collège. Ce n’est pas la faute des enfants des quartiers populaires. Ce sont pourtant les seuls qu’on oblige à subir l’éloignement.
Commençons par stopper les dérogations à la carte scolaire, et finançons, sur leur collège de secteur, tous les enseignements demandés par les élèves (langues vivantes variées, latin, grec…). Les collèges de La Reynerie et de Bellefontaine doivent être à proximité immédiate, et être accessibles et ouverts aux habitants de leurs quartiers.
Le combat pour une école émancipatrice au service de toute la jeunesse est lié aux combats sociaux pour une société plus juste, pour l’accès de touTEs au logement, à la santé, à un emploi stable et bien payé... Cependant le NPA propose un programme d’urgence pour l’école : création immédiate de 100 000 postes, et titularisation de touTEs les précaires, pour diminuer les effectifs, favoriser les apprentissages en petits groupes, garantir dans le service public tous les dispositifs d’aide et d’entre-aide nécessaires, étendre la carte de l’éducation prioritaire. Il faudra également assurer la gratuité totale (sorties et voyages scolaires garantis, cantine, fournitures et manuels...) et construire une école polytechnique qui vise l’émancipation à travers une formation intellectuelle, manuelle et technique pour touTEs, de 2 à 18 ans, sans orientation ni sélection ni hiérarchisation. Réactualisons le projet d’une école par et pour le peuple !