L’intervention de Hollande à la télé jeudi dernier a attiré peu de monde. Tout ce qu’il a dit du projet de loi Travail est qu’il le maintenait. Ceux qui n’ont pas assisté aux contorsions présidentielles n’ont donc pas raté grand-chose !
Les « Nuit Debout » se sont répandues dans tout le pays, maintenant la pression alors que la plupart des étudiants et des lycéens sont en vacances ou en période d’examens.
Les directions syndicales appellent à une nouvelle journée de grève et de manifestations le 28 avril. Il faut nous en saisir et y être le plus nombreux possible. Mais des journées espacées ne suffiront pas à faire reculer le gouvernement. Sans attendre cette nouvelle journée, il faut coordonner les équipes qui veulent préparer sérieusement la lutte, entraîner ceux qui sont encore hésitants.
En 1968, les étudiants avaient donné le coup d’envoi, mais c’est la grève générale qui avait fait peur à un gouvernement que l’on disait « fort ». C’est cette trouille des travailleurs qu’il faut faire renaître au sein du patronat et de son gouvernement. Imposons au patronat et au gouvernement le recul qu’ils méritent, faisons-leur ravaler leur mépris et leur loi indigne. Le monde pourra changer quand les travailleurs relèveront la tête !
Un mois et demi de mouvement contre la loi El Khomri : ils n’ont toujours pas reculé… mais nous non plus !
Le mouvement contre le projet de loi El Khomri n’a pas produit pour le moment l’explosion sociale que cette attaque mériterait. Pourtant, l’ambiance politique est changée. Cette dernière était encore il y a peu dominée par les diverses lubies d’extrême droite reprises par les politiciens de gauche et de droite, ainsi que par quelques braillards qui s’en faisaient les relais dans les milieux populaires. Désormais, on parle bien plus de l’exploitation, des licenciements, de la précarité. Bref, de notre condition, et les récents attentats de Bruxelles n’y ont rien changé.
Pour le moment la force engagée par les travailleurs dans ce mouvement n’est pas suffisante pour faire plier le gouvernement. Ce dernier le sait et cherche, par quelques modifications apportées à la loi – quitte à faire pleurnicher, pour la forme, le président du Medef Pierre Gattaz –, par quelques promesses aux jeunes, à noyer le poisson et à éviter de réveiller cette force. Même si, pour le moment, face au changement d’ambiance, au mouvement des jeunes étudiants et lycéens, aux « Nuit Debout », il ne peut rien.
Quelles sont les forces en présence ?
D’un côté, se tient le gouvernement, tout entier au service du Medef, notre véritable adversaire dans ce bras de fer. Et, accessoirement, certaines directions syndicales comme celle de la CFDT ont carrément abandonné le mouvement.
De l’autre côté, dans le mouvement, on trouve les directions syndicales qui affichent toujours leur opposition à cette loi, comme la CGT, mais qui ne proposent que des journées d’actions de plus en plus éloignées, laissant les étudiants et lycéens bien seuls entre ces journées. Le moins qu’on puisse dire est qu’elles donnent le sentiment de ne pas tout faire pour que l’explosion sociale redoutée par le patronat et le gouvernement se produise.
Reste à engager le gros des forces décisives, celles de l’ensemble des salariés
Enfin, il y a ceux qui fondent la réalité sociale et politique de cette vague de fond contestataire : le mouvement vivant, celui de la jeunesse et des salariés, déterminé à faire remballer cette loi Travail. Et, en son sein, les équipes militantes qui font tout pour élargir le mouvement, les quelques secteurs qui seraient prêts à s’engager dans un combat plus profond.
Le nombre de manifestants est toujours important, les manifestants et les grévistes sont fiers de ce qu’ils font et ils ne considèrent absolument pas la partie comme terminée.
La classe ouvrière n’a encore engagé que peu de forces dans ce mouvement. Pourtant, les discussions sur les lieux de travail en témoignent, l’ambiance est toujours au rejet du projet de loi El Khomri, pas au fatalisme. Il y a donc encore des millions de travailleurs à convaincre que le mouvement doit s’élargir et s’approfondir vers une grève qui se généralise.
Ne lâchons donc rien, pour que le changement d’ambiance, l’air de printemps, les « Nuit Debout », ne restent pas des changements superficiels et passagers mais se traduisent par un changement réel du rapport de forces.
Mercredi 20 avril 2016
Boeing vient d’annoncer vouloir supprimer 4 000 emplois dans sa division aviation commerciale.
Pour quelle raison ? La compétitivité bien sûr ! Les mêmes arguments que ceux employés ici pour justifier le pointage en bleu et bientôt peut-être la suppression de jours de RTT pour les cadres.
De chaque côté de l’Atlantique les directions invoquent la concurrence de l’autre constructeur pour justifier que les salariés doivent voir leurs conditions de travail se dégrader ou leurs emplois supprimés.
En réalité les deux constructeurs dominent le marché mondial et n’ont pas de problème de compétitivité : leur problème, c’est celui de la profitabilité, qui ne sert que les actionnaires.
C’est toujours intéressant de voir que les dirigeants d’Airbus « ne s’occupent pas de politique » et refusent l’ingérence des États dans leurs affaires. Mais après le courrier envoyé à tous les employés dans l’Union Européenne avant les élections européennes de 2014 les appelant à voter, la direction d’Airbus fait mieux cette année : les collègues d’Airbus Royaume-Uni ont reçu des courriers leur expliquant que la sortie du pays de l’Union Européenne, ce qu’on appelle le « Brexit », pourrait conduire Airbus à revoir ses investissements. Un petit chantage à l’emploi, bien dissimulé, et une intrusion politique directe de la part d’un employeur dans les choix de ses salariés.
Nous n’avons aucune sympathie pour les franges des conservateurs britanniques qui présentent l’Union Européenne comme « socialiste », mais cette action fait réfléchir : finalement, la construction et l’architecture de l’Union Européenne, c’est bon pour les affaires, comme du sur-mesure.
Dans ce courrier il est stipulé que « notre modèle est entièrement fondé sur notre capacité à faire circuler des produits, des personnes et des idées à travers l’Europe sans restriction ». Il n’y a qu’à raconter cela aux réfugiés et aux migrants qui vivent l’enfer dans la « jungle » de Calais et aux centaines de milliers d’autres qui essayent en vain de franchir les barbelés hérissés partout dans l’Union Européenne. Ou aux peuples de Grèce, d’Espagne, du Portugal, d’Irlande, qui croulent sous l’austérité imposée par ses institutions.
Seule la solidarité de classe, indépendamment des frontières, nous fera avancer, dans l’Union Européenne et dans le monde !
Un salarié d’Airbus Nantes a été licencié pour avoir dénoncé sur les réseaux sociaux des pratiques de discrimination. La direction a jugé ses propos diffamatoires car, depuis sa condamnation en 2005, elle aurait « pris des mesures ».
Mais, au-delà de ce cas, il y a une volonté de multiplier les entretiens disciplinaires. Cette sanction intervient dans un contexte d’intensification générale du travail et pose surtout le problème de la liberté d’expression. Dans le « pays des droits de l’homme », on peut se faire licencier pour s’être exprimé sur les réseaux sociaux.
Le ministre de l’Intérieur et des syndicats de police ont été « indignés » par l’affiche de la CGT (ci-contre) sur la répression policière du mouvement de la jeunesse.
Quant à nous, ce sont les nombreux faits avérés de brutalité policière qui nous indignent. Comme le dit l’appel lancé par des universitaires, « un pouvoir qui matraque la jeunesse est faible et méprisable ».
Selon le Wall Street Journal, Airbus a des problèmes avec les agences d’aide aux exportations. Ça a commencé au Royaume-Uni et ça s’étend maintenant à l’Allemagne et à la France.
Au départ il y a un durcissement de la législation anticorruption en Grande-Bretagne : Airbus aurait oublié de mentionner le rôle de « consultants » dans l’obtention de commandes.
Mais il y a aussi des enquêtes en cours sur des marchés passés avec l’Arabie saoudite et l’Autriche. Et une perquisition a eu lieu en février au siège en lien avec un marché au Kazakhstan.
Tom Enders a dû lancer un examen en interne des procédures… Visiblement Ethic et Compliance a du mal à s’imposer à tous.
François Hollande s’est rendu samedi 16 avril au Liban. Il y a visité un camp de réfugiés syriens, saluant la « solidarité exceptionnelle » de ce pays avec les réfugiés. Il faut dire que le Liban accueille plus d’un million de réfugiés soit près du quart de sa population, alors qu’il n’est que la 88e économie mondiale.
Comment Hollande, à la tête de la 6e puissance mondiale, a-t-il concrétisé son coup de chapeau aux Libanais ? Il a promis 100 millions d’euros sur trois ans, soit à peu près le coût de la construction d’un millier de logements, une petite cité. En trois ans ! Et il a même eu le culot de promettre d’accueillir… 3 000 réfugiés de plus. Sur deux ans !
Les Libanais sont gentils de ne pas l’avoir envoyé paître !
Un récent sondage révèle que près de 7 jeunes sur 10 estiment qu’un mouvement comme Mai 68 peut se produire à court terme en France. Et 78 % des jeunes interrogés déclarent être prêts à participer à des manifestations.
Des chiffres en décalage avec les habituels discours sur le désintérêt des jeunes pour la politique. Cela traduit une attirance pour l’action politique collective plus que pour les affaires politiciennes.
Et ils ont bien raison : si les choses changent ce sera bien par un nouveau Mai 68.