NPA Haute-Garonne
  • Pour la jeunesse, il y a toutes les raisons de se mobiliser contre l’A69 et son monde

    20 octobre 2023

    Ce texte a été écrit par les Jeunesses Anticapitalistes du NPA le 19 octobre 2023

    Si l’autoroute Toulouse-Castres voit le jour, l’ensemble de la société sera fortement impactée par les dégradations écologiques et sociales. Mais la jeunesse l’est déjà d’une manière spécifique puisque précarisée et non stabilisée socialement, elle subie frontalement les conséquences et contradictions du système capitaliste. Pour mener la lutte avec toutes ses composantes et pour amplifier le rapport de force, il convient d’analyser la situation et de tracer des perspectives sous le prisme des réalités de la jeunesse en 2023.

    En pleine jeunesse, on a appris, on a aussi vécu, on apprend encore, on pense à son avenir, à son futur métier et parfois même à avoir des enfants, maintenant ou d’ici quelques années. On ne peut donc qu’être heurté par un tel projet qui détruit le vivant au nom d’un désenclavement, jamais prouvé et à l’heure où le changement climatique catastrophique devient visible au quotidien. Malgré les arguments scientifiques, malgré une puissante mobilisation populaire, malgré toutes les alertes planétaires et ce que l’on apprend en cours, difficile de ne pas être stupéfait, voire écœuré qu’une autoroute soit à l’ordre du jour et soit devenue pour le gouvernement et les éluEs macronistes, LR, RN et PS version Delga, comme le totem à défendre envers et contre tout.

    Difficile en effet de comprendre pourquoi est justifié l’injustifiable. En réalité, l’A69 n’est pas un projet du siècle passé qui par effet retard dans sa mise en place ne serait construite qu’en 2023-2024, à regret. Il s’agit bien d’une volonté des industries du BTP, des concessionnaires autoroutiers et des secteurs liés à l’automobile de chercher de nouveaux débouchés pour leurs marchés, pour les profits. Et l’’accaparement des terres en est un point central.

    De quelle école et métier parle t-on ?

    Aujourd’hui l’école de premier cycle dit vouloir apprendre les bases du savoir vivre et des disciplines jugées principales. Elle parle aussi de plus en plus en plus d’écologie c’est vrai. Mais en tant que relai d’un État bourgeois condamné plusieurs fois pour inaction climatique, les marges de manœuvres sont faibles ou inexistantes. Ce qui est sûr est qu’elle ne permet pas de se préparer socialement et en termes de savoir à stopper la catastrophe écologique, ni à s’y adapter. Au mieux elle en parle sans solutions, au pire elle promeut greenwashing et ou techno-solusionnisme faussement prometteur, jusque dans le supérieur et conduit à parler « compensation écologique », SUV électrique ou « piégeage du carbone atmosphérique ».

    Pourtant, l’apprentissage, la recherche et le développement des savoirs, donc l’école, sont des axes majeurs pour stopper la catastrophe écologique et tracer de nouveaux schémas de société, de manière de vivre, de se déplacer, de critiquer le système capitaliste et ses conséquences. Le problème est qu’au niveau des écoles, tant dans les partenariats, les budgets et les contenus des enseignements, ce sont les entreprises qui prennent le pas. Et de plus en plus. La sélection à l’école à tous les niveaux conduit d’ailleurs, à écarter de larges tranches d’enfants et jeunes adultes de l’accès aux savoirs et donc à l’émancipation. Tout en nous plongeant très tôt dans le travail salarié réel ou déguisé (apprentissage, stage, service civique, RSA travaillé).

    Étant donné que ces entreprises sont aussi celles qui définissent en larges parties les secteurs professionnels, donc les métiers, les types de productions, les services et les « schémas de développement »... on est dans la mouise. En soit, bien plus que du greenwashing, on a un vrai accaparement de l’école et des savoirs qui en deviennent partiels, partial et orientés idéologiquement vers la justification et la poursuite de l’écocide capitaliste. Camouflé par un vernis vert. Il y a en la matière une pleine lutte politique à mener pour se réapproprier l’école pour toutes et tous, une école sociale et pour le vivant. Sur Toulouse, faire déguerpir le lobby pro-autoroute Pierre Fabre, dont l’accès au conseil administration de l’Université Capitole lui a été offert sur un plateau d’argent, est en ce sens un enjeu important. Mais ça n’en est qu’un exemple.

    Des jeunes dans la lutte contre l’A69 ?

    Ces dernières années ont été marquées par une forte présence de la jeunesse dans les luttes écologistes mais qui a eu du mal à se structurer en tant que telle. Cette lutte est peut être différente. Elle n’est pas contestataire sur des bases abstraites comme lors des grèves mondiales pour le climat, mais sur une contradiction marquée du capitalisme. On lutte aux côté de militant.es qui cherchent à s’installer en paysannerie ... et sans champs, pas de paysan.nes. On trouve surtout beaucoup d’étudiant.es en environnement, en urbanisme ou ingénierie, des domaines au cœur du techno-solutionnisme. Nombre d’entre elles et eux ont quitté leurs études ou démissionné de leurs premiers boulots par manque de sens ou d’écœurements et ont trouvé une raison « allant de soit » à participer à cette lutte.

    De ces exemples qui sont loin d’être les seuls dans cette lutte et à partir de ces expériences, la lutte contre l’A69 est une occasion centrale de lier le rural et la ville. Surtout d’ancrer en profondeur l’écologie radicale et sociale sur les lieux d’études en initiant et solidifiant une contestation sur les milieux de jeunesses sous ce prisme. Une contestation nécessaire pour se débarrasser de ce capitalisme mortifère sur les lieux du quotidien, mais aussi et surtout à l’échelle globale.